L’objectif de cette course était simple, revenir avec un temps sous la barre des 3 heures. Malgré ma blessure au début janvier, j’étais certain d’avoir l’entrainement pour y arriver. J’avais mis toutes les chances de mon côté en préparation de cette course. Choix de l’hôtel au centre-ville, pas d’alcool pendant les deux semaines précédentes, aucune caféine dans la semaine qui précédait, et même une perte de quelques livres prises durant l’hiver. Je savais que j’allais arriver à la ligne de départ probablement dans l’une des meilleures formes de ma vie.
Malgré toute cette préparation, il y a une chose que je ne pouvais pas contrôler… la température au jour « J ». Allions-nous avoir une journée chaude comme lors des deux dernières éditions? Une journée pluvieuse, venteuse, ou pire encore, une journée froide?
Conclusion, nous avons eu probablement la pire météo que nous pouvions espérer ! C’était froid, avec beaucoup de pluie et des vents d’Est comme on en voit rarement. Mais bon, je ne peux pas contrôler ça. Alors j’ai deux choix : je déclare forfait ou je décide de me battre.
Je suis donc parti de l’hôtel en ce « beau » lundi matin avec comme seul objectif de finir ce marathon sous la barre des 3 heures, comme prévu. J’avais décidé de me battre et j’étais confiant de gagner !
Je quitte l’hôtel vers 6h25 pour me rendre jusqu’à l’autobus qui va m’emmener au départ de la course. Celui-ci est à une distance de 2.5km de mon hôtel. J’effectue le tout au pas de course pour me réchauffer. Puis direction Hopkinton. Nous sommes plusieurs coureurs passionnés dans ce transport, alors nous parlons de course. Le temps du trajet pour se rendre à destination passe très vite.
Pour les gens qui ne connaissent pas Boston, la course débute à Hopkinton, un petit village de 2 500 habitants situé à environ 42.2 km à l’ouest de la ligne d’arrivée. Alors lorsque les 30 000 participants d’un marathon arrivent, cela paraît!
Le village des athlètes est situé dans une cour d’école. C’est normalement un superbe endroit gazonné pour relaxer avant la course. Cette année, c’est qu’un grand champ de boue.
J’ai la chance d’être dans la première vague de départ et mon autobus arrive plus tard que tôt. Cela me permet d’attendre moins longtemps avant de me diriger vers la ligne de départ. J’ai un paquet de vieux linge sur le dos, des bas et des souliers secs accrochés au cou. Mon plan est de changer mes bas et souliers à la ligne de départ afin de courir les pieds secs le plus longtemps possible.
Côté nutrition, mon plan de la journée est simple. Quelques cachets de caféine une heure avant le départ, un Fruit2 à l’érable 20 minutes avant de partir, ensuite j’alterne Fruit3 E-Beet et Brix à l’érable à chaque 5 kilomètres. Le but est de ne pas manquer d’énergie.
Pour ce qui est de mon plan de course, David et moi avons décidé que je pourrais profiter quelque peu de la descente des 10 premiers kilomètres. L’objectif est de partir avec un temps de 1h28 pour le premier demi-marathon, puis de rester dans les limites d’énergie lors du passage dans les quatre côtes de Newton. Ensuite finir le tout avec la superbe descente à partir de Boston College jusqu’à la ligne d’arrivée.
J’arrive au corral de mon départ, il est près de 9h45. Je discute avec un gars de Vancouver qui en est à son premier marathon à Boston. Il n’a pas choisi la plus belle année c’est certain. ;o) Je suis très peu habillé. Culotte courte avec un t-shirt et des manchons que je pourrais jeter si jamais j’ai trop chaud. C’est vraiment froid au départ, je décide de garder un gilet en coton manche longue ainsi que ma deuxième paire de gants. Je me dis que je vais pouvoir les jeter plus tard quand j’aurais un peu plus chaud.
10h00 arrive. Les coureurs commencent à avancer. Nous sommes environ 7 000 coureurs dans la première vague alors c’est quand même long avant que je traverse enfin la ligne de départ. Il est presque 10h05 quand c’est finalement à mon tour de commencer à courir.
Kilomètre 5 en 20m53s. Cela me donne une allure de 4:11. Cela descend pas mal plus que dans mes souvenirs, mais il y a quelques petites remontées qui me ralentissent plus que je ne l’avais prévu. Je dois donc accélérer plus que je le souhaite dans les descentes afin de reprendre l’allure souhaitée.
Kilomètre 10 en 20m:56s. Je garde la même allure et ça va bien, mais j’ai encore besoin de pousser dans les descentes pour compenser les petites buttes ici et là. Il y a beaucoup de monde, c’est compliqué de prendre un rythme constant et impossible de courir la tangente. Avec du recul, j’ai l’impression d’avoir brulé un peu trop d’énergie dans les descentes pour essayer de garder mon allure à tout prix. L’analyse de mes temps démontre que je suis descendu sous la barre des 4min/km assez souvent.
J’ai chaud… difficile à croire… je décide donc de jeter une de mes deux paires de gants. Je jongle aussi avec l’idée d’enlever mon buff que j’utilise pour me garder les oreilles au chaud. Je décide d’attendre un peu.
Kilomètre 15 en 21m04s. L’allure est plus basse que prévue à ce moment. Ça m’inquiète un peu, mais je n’ai pas l’impression de forcer. Je me dis que si je continue comme ça je vais arriver au demi avec environ 1m30s de jeu.
Kilomètre 20 en 21m16s. Une allure à 4:15. Je suis encore dans mes temps, mais je ralentis. Ça s’explique en quelque sorte parce que cette partie du parcours est plutôt plate, et le vent ne nous épargne pas depuis le début. Première indication que la journée risque d’être un peu plus difficile que prévue… je dois forcer rendu à ce kilomètre pour garder mon allure de course.
Je n’ai même pas pris le temps de regarder les filles au Wellesley College, contrairement à certains de mes amis 😉
Je passe la distance du premier demi en 1h28m45s. Un peu plus lent que je ne l’avais espéré et j’ai dû bruler plus d’énergie que prévu pour garder cette allure-là. En même temps je garde confiance, car je me sens toujours en parfait état. L’énergie est bonne, je ne manque pas de « jus » du tout. L’alimentation est parfaite. Je dis toujours qu’on doit arriver au demi avec le sentiment qu’on vient de commencer à courir, et je suis dans cet état-là.
Kilomètre 25 en 21m25s. J’ai ralenti un peu et je sais pourquoi. Mes quadriceps ont commencé à me faire souffrir. Les premiers 10 km de descente à une allure de 4:10 ont fait leur effet… je ne suis plus en mesure de pousser dans les montées ni d’ouvrir dans les descentes. C’est douloureux et j’ai des crampes quand je pousse trop. Je commence aussi à sentir une douleur dans mon ischio-jambier gauche… j’ai peur de me l’être claqué encore une fois.
Kilomètre 30 en 22m55s. Une allure de 4:35. Les deux premières côtes de Newton ont potentiellement eu un effet sur cette partie du parcours, mais le fait que je ne suis plus en mesure de pousser explique la raison pour laquelle j’ai ralenti. Chaque pas est plus douloureux, et à ce moment je sais que j’ai un claquage dans l’ischio-jambier gauche.
À partir de ce moment je tombe en mode survie, mon nouvel objectif est alors de me rendre à la ligne d’arrivée, en un seul morceau, sans jamais marcher.
Kilomètre 35 en 24m54s. Je pourrais dire que c’est à cause de la fameuse « Heartbreak Hill », mais très honnêtement je ne l’ai même pas remarqué. Mon objectif était de garder un rythme potable malgré l’état de mes jambes à ce moment de la course.
Kilomètre 40 en 26m24s. Depuis plusieurs kilomètres je ne pense qu’au moment où je vais voir ma conjointe Hélène. Même s’il y a énormément de spectateurs j’ai hâte de voir celle qui est là pour moi. Ça va me faire du bien, et en plus cela va vouloir dire que je suis à moins d’un kilomètre de finir.
Kilomètre 42.2 en 12m:14s. Je cours sur Commonwealth et j’arrive au fameux passage sous Massachusetts Avenue, celui-là même où j’avais marché avec Alexandre en 2015 en lui mentionnant qu’il m’était impossible de monter « cette côte ». Quoi que… j’avais marché à plusieurs autres endroits précédents cette année-là. Depuis un moment que je sais que ce passage s’en vient… et cette fois-ci pas question de le marcher! Finalement quand il nous reste un peu d’énergie il n’est pas si mal ce passage! Rendu de l’autre côté j’aperçois Hélène qui est sur le trottoir, je lui crie et je sais à ce moment-là, il me reste qu’à faire un bout sur Hereford, ensuite tourner à gauche sur Boylston et courir le dernier 500 mètres avant la ligne d’arrivée.
Je traverse celle-ci avec un temps de 3h11m55s, loin de mon temps prévu, mais tout de même un excellent temps dans les circonstances. Je n’ai pas réussi à avoir la vengeance tant attendue sur ce parcours; mais ça demeure tout de même un temps respectable, et il s’agit de mon deuxième marathon le plus rapide à vie.
J’ai finalement gardé mon deuxième chandail tout le long de la course, et j’ai eu un regret d’avoir jeté ma deuxième paire de gants. J’imagine que le fait d’avoir ralenti ne m’a pas aidé à conserver ma chaleur corporelle.
Lorsque j’ai finalement réussi à rejoindre Hélène à notre point de rendez-vous, j’étais en hypothermie complète. Cela a dû me prendre un bon 2 à 3 heures avant de revenir dans un état où je n’étais plus en train de greloter.
Merci mon amour d’avoir été présente malgré les conditions affreuses et d’avoir été là plusieurs heures pour me voir passer que quelques secondes sur le parcours. Merci à vous tous qui m’avez suivi, et encouragé à distance. Votre énergie m’a aidé dans les moments les plus difficiles.
Merci à mes commanditaires, Brix rechargé par la nature, xactnutrition et Apex Physio. Votre support exceptionnel m’aide à arriver sur chaque ligne de départ dans une forme parfaite.
Un merci très spécial à mon entraineur, David Jeker ! Je n’ai jamais eu un entraineur autant à mon écoute. Mes résultats sont une combinaison d’un travail acharné à l’entrainement et d’un plan d’entrainement qui est dirigé d’une main de maître!
Aux amateurs de statistiques :
Mes résultats finaux
– 3691ième sur un total de 26 948. De ceux-ci, 25 746 ont terminé la course
– 3352ième homme sur un total de 14 885.
– 320ième dans ma catégorie d’âge sur un total de 2610.
– 223ième Canadien sur un total de 1952.
– 26ième Canadien dans mon groupe d’âge sur un total de 182.
Mon numéro de dossard qui était le 6816, signifiait qu’il y a eu environ 6800 coureurs avec un meilleur temps de qualification que moi pour ce marathon. Je termine au 3691ième rang. J’ai donc pris plus de 3000 positions versus mon temps de qualification.
Depuis le début de 2018 c’est plus de 1045km que j’ai parcouru à la course. Ce n’est pas une superbe année dû à mon mois de janvier où j’ai seulement couru 90km.
En revanche, un solide mois de mars avec 477km de course et 70km de ski.
5 sorties de 30km et plus. C’est beaucoup moins qu’à mon habitude dû à ma blessure qui m’a mise en repos forcé pendant presque 5 semaines.
C’est maintenant le temps de se concentrer sur la guérison. Après tout le Scotiabank Ottawa Marathon / Le marathon d’Ottawa Banque Scotia est dans moins de 6 semaines ! 😉
Félicitations à tous les athlètes qui étaient présents lundi dernier pour votre course !
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