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Ultratraileurs de père en fils

Quand on devient parent, on a plein d’espoir envers nos enfants. On souhaite qu’ils deviennent des individus heureux, responsables, épanouis, aimés et aimants. Qu’ils développent des passions, LEURS passions. Comme me l’à déja dit une grande sage: notre rôle de parent c’est d’aider nos enfant à découvrir qui ils sont. Enfin bref, on veut qu’ils soient heureux et en santé, et peut être un peu secrètement, on aimerait bien leur transmettre nos passions, ce qui nous fait vibrer en dedans. Ce qui bien évidement n’est pas toujours le cas mais cette fois ci ce l’est 🙂 

Donc à l’automne 2022, quand mon bébé de 6pieds 3pouces m’a demandé de l’accompagner dans un ultra, c’était comme …. euh … si j’avais gagné à la loterie du parentage !! Est ce qu’il y a eu une poussière d’hésitation dans ma réflexion ?? En fait il n’y a même pas eu de réflexion. Mes 2 hémisphères cérébraux ont été complètement écartés de la décision réflexe qui est sortie de ma bouche: OUI JE LE VEUX 

Je dois dire que depuis que je suis tombé dans la potion magique des ultra trails, il y a environ 10 ans, ma blonde et nos enfants en ont entendu parler plus qu’à leur tour … Qui veut faire mon crew sur mon prochain 100 miles ? Avez vous lu Born To Run ?? On va dans les Adirondacks pendant les vacances ??? J’ai donc eu l’immense plaisir et la chance de pouvoir partager ça avec leur support dans la plupart des occasions. Ma blonde a souvent orchestré des surprises à mon insu, comme faire venir Zach à Chamonix la veille du départ de l’UTMB pour qu’il puisse faire mon crew avec elle. Idem avec Alexis qui était à mes côtés sur le départ de la Western States. Oui j’ai une blonde en Or, c’est elle mon arme secrète pas si secrète que ça

Alors tout ça pour dire que j’ai la chance d’avoir une famille qui m’appuie dans ma quête de repousser mes limites, et là, le summum, un de mes fils qui cherche lui aussi à tenter l’expérience. Après avoir regardé le calendrier des courses et nos horaires respectifs, on s’entends pour s’aligner sur le départ du 100km du tout nouveau Ultra Trail du Fjord du Saguenay (https://www.ultratrailfjord.com/)

Alors comme prévu, comme c’est toujours le cas, nos préparations respectives se sont passées exactement comme ce n’était pas prévu. Problème de bandelette du fils, problème de fesse du père, pas autant de volume qu’on aurait aimé mais ultimement, le jour J nous étions sur la ligne de départ à 5am. Benjamin avec le doute de ne pas pouvoir courir aussi long (son plus long était le 65k de Harricana en 2018, et moi avec le doute que ma blessure ne permette pas de courir aussi longtemps. Mais malgré ça, 2 gros sourires dans nos visages pas encore tout à fait éveillés. On s’était entendu pour le faire ensemble et on se demandait bien si on aurait assez de sujets à partager pour couvrir toutes ces heures. Donc départ à la brunante avec nos frontales, une petite heure avant que le soleil ne se pointe à l’horizon. Notre crew étoile Marie-Michèle est là avec son grand sourire pour nous encourager. Et elle sera à plusieurs points de rencontre le long du parcours, toujours prête à nous supporter et à transporter nos bébelles (souliers de rechange, bouffe, etc.) On est traité comme des Formule 1 à chacun des pit stop. Zéro soucis de ce côté !!

On s’engage donc dans cette aventure avec des doutes et de l’espoir, comme cela se doit en ultra. Le coup de départ est donné à l’Anse St Jean tout près de la magnifique petite église située sur le bord du fjord. On repassera 2 fois par ici pendant le parcours. On profite du levé du soleil au sommet de la Montagne Blanche, une belle montée de 575m (1 Mont Tremblant  ou 1 Mont St Anne dans notre échelle) qui nous annonce qu’on va peut être s’en sortir avec du soleil même si il est caché derrière les nuages. On y va mollo. Mon statut de vétéran assure à la recrue de ne pas partir trop vite, une longue journée se dessine à l’horizon. 

Finalement la météo sera de notre bord pendant la course, mais il a tellement plu dans la dernière semaine que les sentiers étroits sont remplis de bouette. Ca sera une dure épopée pour nos orteils et la blancheur de nos vêtements. Une vraie course de trail digne du Québec. Des racines, des roches, de la bouette jusqu’à entre les dents … c’est magnifique, on est heureux ! Ca se déroule quand même rondement pour la première boucle de 20km, on se réveille tranquillement, on avance avec constance jusqu’au retour à la petite église de l’Anse St Jean. Ravito avec tarte aux bleuets bien évidement. La spécialité locale est de mise !! Ca roule pour Ben et moi, Marie Michèle et quelques amis sont là et on repart pour les 2ième boucle qui est de 46km. C’est dans cette boucle que la magie a opérée

Ce 46km était loin d’être facile, mais les magnifiques points de vue sur le fjord nous font oublier la friction de la terre entre nos orteils. A environ la moitié de cette loop, j’ai vu de mes yeux vu la lumière émerger en Benjamin. Un déclic s’est fait lorsqu’il a compris et réalisé qu’il allait être capable de venir à bout de ce 100km. La confiance a monté d’un cran, la vitesse aussi et c’était tellement beau à voir. Il parlait déja innocemment de son premier 100miles à faire, cet été ou attendre à l’an prochain là était la question …  Moi je rigolais bien dans ma tête et ça me rendait heureux. On avait le même tempo sur le plat et en montant, mais il était clairement plus agile que son paternel dans les descentes. Je lui ai donc proposé de rester avec moi jusqu’au ravito du 64ième km pour s’assurer de bien conserver son énergie. Mais que si après il se sentait bien, je n’avais pas de problème à ce qu’il prenne les devants. Sa conclusion: ‘papa, on avait dit qu’on faisait ça ensemble … alors on reste ensemble’ J’pouvais vraiment pas refuser ça 🙂

Alors de retour à la petite église de l’Anse St Jean pour le ravito du 64ième km. L’ambiance est effervescente. C’est l’après midi, le soleil nous réchauffe, la 3ième ration de tarte aux bleuets rentre bien. Pleins d’amis sont sur place. On quitte ensuite le fjord pour une quinzaine de kms plus faciles pour se diriger vers le Mont Edouard. En rétrospective, on aurait dû comprendre d’en profiter pour récupérer un peu parce que les pentes du Mont Edouard allaient s’avérer être une méga grosse cerise sur le sundae de l’UTFS. Une fois arrivé au pied de ce mastodonte, encore une fois Marie Michèle et sa belle énergie nous accueille ainsi que plusieurs amis. Le soleil disparait à l’horizon. On resort nos frontales et on s’aligne sur les pentes abruptes du Mont Edouard. On rentre dans le gras de cette expédition père-fils. La fatigue et les petits bobos de frictions commencent à se pointer. On rigole et on sort aussi les gros mots … un heureux mélange classique de fin de course. Ben me propose que je lui mette mon poing sur sa gueule pour lui faire oublier sa douleur de bandelette. Offre que je refuse bien évidement. Enfin bref, la dernière descente dans la boue puis les switchbacks des pistes de vélo de montagne des 4 derniers kms se font dans la satisfaction et le ‘plaisir’. On entend les sons du fil d’arrivée ce qui fait oublier les p’tits bobos accumulés pendant la journée. 

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On franchit enfin le fil d’arrivée. Mission accomplie. Gros câlin bien senti. Merci Benjamin. Je t’aime gros. Quel beau cadeau de m’avoir offert de partager 100km en ta compagnie. J’ai adoré !! Suis prêt à être ton pacer, crew ou n’importe quoi d’autre pour ton prochain défi. Je suis ému d’avoir assisté à l’émergence de la lumière. 

Un gros merci aussi aux organisateurs de l’UTFS qui en était à sa première édition. Défi relevé pour vous aussi. Longue vie à cette nouvelle course qui nous fait découvir un autre magnifique coin de notre belle province. On reviendra c’est certain.

Et merci à Marie Michèle pour le support et les photos 🙂

Durée Distance Dénivelé
km m
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