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CRYO – Piékouagami

L’engagement : amasser des fonds en soutien à la Fondation Sur la pointe des pieds.

Le défi : traverser le Lac-Saint-Jean à la course via deux parcours, 13 et 35 KM, sur un tracé plat jusqu’à Roberval.

Le parcours : inconnu, froid, sombre, enneigé, glacé, venteux.

Les coureurs : seuls, vulnérables, résilients, courageux, forts.

Voilà qui résume les grandes lignes de ce plusieurs humains formidables ont vécu le samedi 19 février 2022. Cela semble à première vue quelque chose d’accessible pour un coureur le moindrement entraîné et motivé. De façon générale, nous apprenons rapidement dans cette discipline sportive qu’une excellente préparation est nécessaire afin de mener à bien une épreuve. Qu’elle soit physique, mentale ou matériel, rien ne doit être laissé au hasard; c’est ce qui peut faire la différence entre terminer le parcours, le compléter dans un état lamentable ou mieux, être contraint d’abandonner. Pour quiconque n’as jamais vécu l’expérience CRYO, la préparation physique ne peut suffire. Une fois lancé sur le parcours, on se fait rapidement rattraper par l’ampleur du défi, foudroyant rappel à l’ordre, qu’on se soit préparé ou pas.

Mise en contexte; j’en étais à ma première participation cette année. J’ai eu, en 2019, la chance d’être présent sur le parcours en tant que bénévole de Ravito avec ma conjointe. Depuis cet évènement, un souvenir est resté gravé dans ma mémoire, celui de coureurs, arrivant exténués, cryogénisés et en totale incompréhension de ce qui leur arrivaient. Le désert blanc était en train d’avoir raison de leur motivation à continuer, gelant petit à petit cette flamme qui normalement permet le dépassement de la limite lorsque le corps nous lâche. Cet état m’intrigua. Je me demandai si j’aurais la force de tenir à travers cette adversité, si je serais capable de convaincre ma tête que je pourrais continuer à avancer quand tout dit d’abandonner, quand les jambes veulent plier, quand les engelures se multiplient, quand la noirceur nous intimide et que la solitude nous donne envie de « dropper » au prochain Ravito pour être en bonne compagnie. Je me demandais si j’avais ce qu’il fallait pour être à la hauteur de cette force, infime parcelle de celle qui poussent ces jeunes atteints de cancer à persévérer et à s’accrocher à la vie.

Ma conjointe s’étant inscrite tôt pour cette édition 2022, j’avais de mon côté décidé pour diverses raisons de m’inscrire une fois de plus en tant que bénévole, afin de l’encourager et de pouvoir tout de même faire partie du soutien à la cause d’une manière collatérale. Le lendemain de mon inscription comme bénévole, j’apprend en discutant avec l’équipe de promotion au travail que nous sommes le partenaire officiel de l’évènement; l’entreprise s’était beaucoup impliquée afin de soutenir la Fondation sur la Pointe des Pieds. Après leur avoir expliqué mon intérêt, je me retrouve quelques jours plus tard avec la levée de fond nécessaire à ma participation, généreusement fournie par la Direction.

J’étais donc commis à traverser ce désert blanc. J’allais avoir la chance de combler mon besoin de comprendre. Besoin irrationnel pour certains, mais fondamental pour moi.

Jour « J ». Je me sens prêt; physiquement j’ai confiance, mentalement on verra. Le départ de course est prévu être donné à 16h00 à St-Gédéon. Nous arrivons à Roberval à l’avance pour prendre possession de nos dossards. L’ambiance évènementiel est au rendez-vous; coureurs fébriles faisant des allés et venus, inspection du matériel obligatoire, on avale les dernières calories qui nous permettrons peut-être de tenir un peu plus longtemps, moteurs d’autobus de navette en arrière son, visites « obligatoires » dans les cabinets bleus. Une fois à bord, les consignes sont données et nous faisons route vers St-Gédéon. Bizarrement, une cacophonie résonne durant ce transport qui a l’habitude d’être empreint d’un silence nerveux; peut-être quelque chose à avoir avec l’heure tardive, le froid, l’incertitude des initiés. De mon côté, ma tradition, je me concentre. J’entre dans ma bulle qui me permet de me visualiser sur le parcours. Je suis soudainement ébranlé par l’incapacité à m’y projeter complètement, je n’ai jamais vécu de genre d’expérience. En passant à Chambord, je tourne la tête à ma gauche et j’aperçois le vide blanc, drôle de ressenti qui prend naissance. Je pense alors à un film visionné récemment, deux aventuriers traversant la calotte polaire sur skis en autonomie complète. Je les vois dans la pénombre d’une tempête nocturne, pouvant à peine discerner l’environnement 2 mètre devant eux. Je m’y juxtapose, incertain.

Arrivé à St-Gédéon, nous nous rassemblons dans le bâtiment d’accueil. Derniers préparatifs avant de se lancer dans l’inconnu. Un silence commence à s’installer, le doute prend forme dans le visage des certains coureurs. Les vitrines donnent sur le Lac, paysage aride et blanc sans profondeur. La neige qui roule sur le sol et les fanions promotionnels donnent un avant-goût de la force du vent de face qui nous attend. Décidément, Roberval sera loin ce soir.

L’heure sonne, nous prenons place sur la ligne de départ. La tension est à son comble, nous tentons tant bien que mal de faire des blagues, de discuter de tout et de rien, manière conventionnelle de couvrir le malaise, le stress et l’anxiété du moment. Nos amis arrivent sur place, dernière accolades et encouragements, ça fait du bien. J’embrasse ma conjointe et lui souhaite bonne chance, il avait été convenu que nous ferions chambre à part pour aujourd’hui, chacun notre course.

16h00, le décompte. Le troupeau s’élance avec force, inconscient. J’avais convenu avec moi-même que je devais rapidement me placer dans le peloton de tête, profiter du fond neuf et dur pour éviter de piétiner les « patates pilées » créées par des dizaines de coureurs. En quelques dizaines de mètres, je rejoins deux amis coureurs dans le « Front pack ». En discutant plus tôt, nous avions établi une stratégie afin de bénéficier du fait que nous pouvions courir en petit groupe et nous alterner afin de briser le vent, technique aviaire migratoire. Le premier kilomètre passe, mon tour d’être le briseur de vent. Je m’installe devant. Je lève les yeux, rien, l’infini. Sans référence pour juger de ma vitesse, je m’installe dans un rythme que je sens confortable et j’avance. Quelques minutes passent, je me retourne et constate que j’ai pris une vingtaine de mètres d’avance sur le peloton pour laquelle je devais briser le vent, je ne leur sers à rien aussi loin. Dilemme; soit je ralenti pour accomplir mon devoir ou alors je la joue solo en étant conscient qu’il y aura éventuellement un prix à payer plus tard dans la course. Je me dis également que si certains coureurs demeurent solidaires jusqu’à mi-parcours, ils pourront aisément m’en faire payer le prix quand l’arrogance de ma décision allait me rentrer dans les jambes. J’allais dépenser beaucoup d’énergie pour avancer seul, je joue avec le feu, ou la glace dans ce cas précis. Je regarde loin devant et réfléchis; je n’étais pas ici pour vivre la facilité. Je voulais vivre l’adversité, puiser l’inconnu dans mes capacités physiques et mentales. Je voulais être ce coureur exténué, cryogénisé et en totale incompréhension dont j’avais pris soin quelques années auparavant. J’allais tout donner, jusqu’à cette ville cachée au loin derrière l’immensité, pour comprendre. Je scelle ma décision.

Après 7KM, j’arrive au premier Ravito. Je me sens pourchassé, je dois être efficace. Une stratégie utilisée dans mes courses afin d’optimiser mes passages dans ces stations est la préparation mentale de la séquence de passage. Je visualise tout; ce que je vais manger, boire, comment je vais détacher mon matériel, ce que je dirai aux bénévoles. Aujourd’hui, cette procédure serait de mise, chaque minute perdue est une minute très énergivore que je devrais récupérer seul, exposé au vent. Une fois arrivé, j’exécute le script préparé. Je prends simplement un quartier d’orange et un bouillon chaud, remercie les bénévoles et me relance.

Dans cette section de course, les kilomètres passent somme tout assez rapidement. Mon énergie demeure stable et mon rythme de croisière tourne aux alentours de 5 :55min/km malgré les conditions. Je me permets de prendre de grosses bouchées, j’entrevois les étapes un Ravito à la fois, espacés d’environ 5-6KM. Cela fait près d’une heure trente minutes que je cours, je ne me suis toujours pas retourné pour voir où en sont les coureurs derrière moi. Être en première place tôt dans la course impose son lot de désavantages. Personne à qui s’accrocher, on ne veut pas ralentir mais pas trop accélérer non plus. On travaille fort pour mettre de côté l’excitation de gagner, surtout quand la course est aussi jeune. On se demande constamment si notre vitesse sera suffisante pour tenir l’avance. On doit être très à l’écoute de ses sensations, avoir la capacité de maintenir un niveau d’effort proche du décrochage sans franchir la limite, tout en demeurant dans un confortable inconfort. Ne pas me retourner, ignorer où sont les autres permet de respecter ma limite, le doute permet de trouver la zone parfaite pour continuer à avancer avec force.

Deuxième Ravito. Exécution du script. Orange, sirop d’érable, bouillon, merci aux bénévoles et je me relance vers l’inconnu. Le niveau de luminosité a beaucoup baissé et je commence à perdre la piste devant moi. L’horizon et le sol se confondent, de la vapeur gelée s’installe dans mes lunettes de ski, je commence à perdre le visuel sur mon environnement. Sans référence au sol, je dérive parfois malgré moi, poussé par le vent, vers une surface plus molle sans trace. J’essaie de me servir des deux seuls poteaux de parcours que je peux discerner au loin, je les fixe pour naviguer en ligne droite. Ils semblent flotter dans un vide blanc, c’est étourdissant. Jusque-là, j’ai profité d’une technique de course qui visait à être économique en énergie. Mouvements de bras décidés pour la propulsion et garder les pieds près du sol pour ne pas soulever les raquettes. Mais les lames de neige commencent à s’accumuler dans le sentier, je trébuche sur celles-ci, ne les voyant pas venir. Je devrai me contraindre à dépenser une réserve d’énergie supplémentaire pour soulever les pieds, la facture s’en vient; mon rythme cardiaque s’accélère, je ralentis. J’ose consulter ma montre, mon seul repère temporel et géographique, mon « pacer »; je suis à 6 :15min/km. C’est bon, plus que 2 km avant le 3e Ravito, focus !

Soudain, je remarque que mon Buff est sournoisement descendu sous mon nez. Depuis quand est-il exposé aux intempéries ? Je le touche, aucune sensation; trop longtemps. Ça sent l’engelure, je dois agir rapidement. Je relève mes lunettes de skis et essaie de remonter le tissu mais un problème m’ébranle. De la glace s’est formée entre ma barbe et celui-ci, impossible de séparer les deux et de remettre ma protection en place. Je me résigne à tirer, au risque de devenir partiellement imberbe, en soufflant sur la glace pour aider la séparation. Après quelques minutes, l’union cède. Trop gelé du visage pour sentir si j’y ai laissé ma virile toison, je remonte le tissu pour protéger mon engelure et essaie de faire abstraction de ce petit moment de panique. Une réflexion s’installe; malgré la fatigue, je devrai rester attentif au moindre détail sinon je pourrais rapidement me mettre dans une situation menant à l’abandon.

J’arrive bientôt au troisième Ravito. Celui-ci a une grande valeur à mes yeux, c’était celui où je retrouverais mon « drop bag » contenant mon smoothie religieusement préparé et mon thé chaud au sirop d’érable, source de réconfort. C’était également celui où je devrai hypothéquer le plus de temps, rigueur sera de mise ! Exécution du script. J’entre dans le dôme, cherche mon sac, sacs pareils, trop de sacs! Un super bénévole m’aide et nous l’apercevons. Avec toute l’agilité du moment, j’essaie de l’ouvrir, la corde se mêle et un nœud se crée… bravo. Tentant de déchirer le sac, le bénévole me regarde d’un air dubitatif; pas assez de force, je me résigne et le donne au plus apte. Après quelques secondes de manipulations qui me parurent durer des heures, j’obtiens le nectar convoité. Il disparaît, comme absorbé par un trou noir. Je remercie les bénévoles et me relance dans le vide, en direction de ce qui semble être mon objectif, plus que jamais incertain.

Les kilomètres déroulent, l’énergie baisse, le rythme diminue, je suis à 6 :30min/km. Indélébile incertitude d’être capable de tenir un rythme suffisant jusqu’à la fin. Les bouchées diminuent, ce qui était un Ravito à la fois devient un kilomètre à la fois. Des motoneigistes me suivent, m’encouragent, me filment. Je leur fais un « thumbs-up » optimiste que mon visage, caché derrière la glace et mes lunettes de skis, n’approuve pas.

Je sens qu’une douleur s’installe sur mon oreille droite, celle la plus exposée au vent. Je la touche et m’aperçoit que la partie supérieure est insensible. J’essaie de la protéger avec ma main, mais le simple fait de stopper l’effet de balancier de mes bras me brise les jambes; mauvais plan. Je tente tant bien que mal de diriger ma respiration vers celle-ci, cela semble fonctionner un temps mais il y aurait encore un prix à payer; de la glace se forme à travers le Buff sur la partie latérale de mon visage et autour de mon oreille, loin d’être le traitement idéal aux engelures. Je réfléchis. Possibilité d’engelures à mon oreille et abréger cette course ou j’arrête au prochain Ravito ? Il ne me reste que 3 km avant d’y arriver et prendre la dernière portion du sentier, là où une divergence Nord-Ouest me placera vent de face, ce qui donnera un moment de répit à mon oreille. Je me convaincs qu’il n’y a plus de problème; mon jugement a lui aussi des engelures.

Des feux d’artifices apparaissent au loin, j’ai une pensée pour ma conjointe qui est également seule sur le Lac. Je me sens submergé d’une inquiétude passagère. Mais elle est mentalement plus forte que moi, je le sais par les défis auxquels elle a déjà fait face. Je souhaite la voir me rattraper, elle en serait capable!

Apparaît dans la pénombre le quatrième Ravito et les valeureux bénévoles qui m’encouragent. Je n’ai rien planifié. Le désordre s’installe dans ma tête. Je bois quoi, je mange quoi ? On garde ça simple; je demande de l’eau chaude. Un bénévole me suggère d’y mettre du Gatorade; bonne idée les électrolytes, j’acquiesce sans réfléchir. Je reçois le liquide et l’enfile d’un coup. Je suis foudroyé par un haut le cœur. Mon expérience avec cette boisson n’a jamais été bonne en entraînement, mon corps ne l’accepte pas et je le savais très bien. Cette erreur d’inattention risque maintenant de compromettre tous les efforts jusqu’à maintenant effectués. Je repars, le cœur sur la flotte, la tête en rogne. Je crois être malade et si cela se produit, je sais par expérience et analyse de mon état que je tomberai probablement au combat. Une idée; manger quelque chose de solide! Dans ma veste de course, sous mes multiples couches, une gaufre Näak. Sans cesser de « courir », j’essaie d’ouvrir mon coupe-vent avec l’agilité d’un homard élastiques aux pinces. Tout est gelé; mes gants, les fermetures éclaires. Impossible de sortir les mains, trop froid. J’essaie de passer par-dessous, par le collet et accède enfin à l’emballage. J’ouvre et croque; une plaque de verre se brise sous mes dents. Triste constat, cette tendre pâtisserie réconfortante souffrait elle aussi d’engelures, possiblement du 4e degré. J’avale le tout tant bien que mal, ça va mieux.

Il reste 9KM, j’ai franchi la barrière des panneaux à deux chiffres. Un état second s’installe. Mon corps avance, ma tête est ailleurs, je m’observe. J’ai maintenant le vent 100% de face, mon oreille va mieux, je crois; la sensation d’effort, elle, augmente. En jetant un coup d’œil à mon compagnon temporel, je crois apercevoir 7min/KM. La calculatrice démarre. Un « petit » 9KM, j’ai l’habitude de le rentrer en combien de temps ? C’est « juste » 9KM, mais à cette vitesse… 63 minutes! Je réalise que je devrai accepter cet état, ou pire, encore pendant plus d’une heure. Une heure, c’est bien plus long que 9KM.  Je voudrais encore diminuer les bouchées, mais il n’y a malheureusement pas d’affiches de demi-kilomètres. Si j’avais eu une montre à aiguille, celle des secondes viendrait de se prendre dans la glace, le temps venait de s’arrêter. Il reste un Ravito, une oasis qui sera peut-être ma ligne d’arrivée, on verra.

Je regarde au loin, des coureurs ! Est-ce que je me suis fait dépasser ? Je ne suis plus certain, j’ai oublié. En les rejoignant, je me rappelle que je suis sur le sentier de la Micro-Cryo, soulagement. Ils m’encouragent, je leur lance un vague « Let’s go » sans aucune vigueur, qui devait plus sonner comme un grognement, l’intention était là. Les affiches de distances apparaissent au loin, défilant au rythme de l’hiver. J’aperçois ma dernière halte, la tentation d’arrêter me refroidit. Ma tête est en train de me convaincre que c’est la solution mais il ne reste que 5KM, la calculatrice démarre, encore. 35 minutes. Je fais quoi en 35 minutes, 2000 mètres de nage ? Est-ce que je pourrais courir plus rapidement que de nager le reste, grotesque mais plausible; ça m’encourage.

En arrivant au Ravito, aucun script, trop énergivore. J’aperçois mes amis, explosion de bonheur. Le réconfort d’apercevoir une personne chère quand on a sombré dans un état de doute, quand on est seul dans un état mental de perdition serait l’équivalent de manger la meilleure chose au monde alors qu’on n’a rien avalé depuis des jours, un boost d’énergie et de joie. Ce qu’il faut pour continuer à avancer, c’est parfait, je vais pousser ça jusqu’à la fin. J’avale le nécessaire, accolades et fonce dans le vide.

Les trois kilomètres qui ont suivi ont rondement bien été, jusqu’à ce que le Village sur Glace prenne forme dans le flou de la tempête. Je croise l’affiche « 2KM ». J’ai soudain le vague souvenir d’un ami ayant participé quelques années auparavant, m’expliquant que la perspective de l’objectif n’est qu’illusion; on a l’impression de toucher au but mais plus on avance, plus celui-ci recule, visuellement parlant. C’était effectivement le cas, j’avais l’impression d’être sur un tapis roulant, au milieu du Lac-St-Jean en plein hiver. Ma montre m’indique pourtant que j’avance, le sol devant moi semble passer sous mes pieds, les poteaux indicateurs défilent encore, il y a effectivement une certaine progression, interminable. À cet instant, j’ose me retourner pour la première fois en 32KM; je me le permets afin de constater, ou pas, ma victoire probable. Une lumière tout près, la panique s’empare de moi. J’accélère…pas.  La lueur de sa frontale commence à immerger l’environnement autour de moi. Je me retourne encore, la lumière approchent vraiment rapidement; un bruit de moteur, une motoneige, soulagement!

À ce moment, je suis submergé par une sensation que la plupart des sportifs ayant fait des compétitions pourront comprendre, un regain d’énergie, une immense dose d’adrénaline qu’on prétend pouvoir permettre d’accomplir des exploits surhumains. J’accélère!

Je vois la ligne d’arrivée à travers le Village sur Glace, l’arche et les panneaux indicateurs de temps, les gens qui applaudissent, l’animatrice qui leur demande de faire plus de bruit. Un frisson me parcourt le dos, pas le genre de frisson induit par le froid. Celui de la réussite, celui de la fierté, celui d’avoir la sensation de flotter, le bonheur ultime de l’aboutissement d’un effort sans pareil, celui d’avoir vaincu l’adversité. Je franchis la ligne en toute sérénité, je m’empreins du moment présent. Cryogénisé, je me sens vivant.

Félicitations à ma merveilleuse conjointe, qui a su se démarquer également avec une première place en relevant avec force cet incroyable défi, tu es mon idole. Bravo également à tous les participants pour votre engagement et votre courage.

Tous ensemble, nous avons fait une différence. Seul, j’ai compris.

Durée Distance Dénivelé
km m
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