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Du beau et de la douleur pour une bonne cause

Crédit photo : Mélodie Descoubes

Ce récit raconte ma traversée du Lac St-Jean lors des courses CRYO au profit de la fondation Sur la pointe des pieds

On est sur le chemin du retour dans le p’tit autobus du Gringo running club. Rien de ben spécial à première vue. Juste une dizaine de coureurs qui jasent, qui rient, qui partagent leur high après avoir complété à la course les p’tits 32 km qui séparent les deux rives du Lac-St-Jean.

« Rien n’est gratuit sur le lac. Y’a pas d’easy stretch. Chaque pas faut qu’tu l’gagnes! »

C’est freaking nice, mais ce l’est encore plus sachant qu’on s’connaissait à peine y’a moins de 48 heures. C’est pas pire pareil comment l’fait d’partager une expérience forte en émotions peut créer des liens.

J’vous raconte.

Tout ça a pas mal commencé à notre arrivée à Roberval, lorsque quelques-uns d’entre nous se sont réunis au Mikes du coin, question d’faire le plein de carbs en buvant beaucoup d’eau…

PARTY!!  [hehe!!]

C’est vraiment autour de cette table que les rires sont devenus plus fréquents et qu’les conversations ont commencé à couler les unes après les autres.

Après ça, on est retourné chacun s’coucher de notre côté. Les prochains échanges et les p’tits rapprochements devront attendre au lendemain.

Pour ma part, j’ai installé mon sleeping bag dans la roulotte chauffée d’la fondation Sur la pointe des pieds et j’me suis torturé quelques minutes au rouleau avant d’essayer d’dormir malgré l’fait que j’étais freaking excité.

LE JOUR DE LA COURSE

Après un wannabe sommeil pas très profond, j’me lève et ma p’tite routine de journée de course commence.

J’fais mes exercices et mes étirements habituels. J’prépare mon drop bag et ma veste de course. J’coupe les coins de mes p’tits morceaux de leukotape. J’check une dernière fois la bouffe que j’apporte avec moi. Je m’assure d’avoir tout le matériel obligatoire. Etc.

Tout ça en buvant une shitload d’eau et en snackant sur ma p’tite purée d’patates douces maison.

MIDI

Les autres coureurs commencent à arriver sur le site d’la course et les échanges recommencent de plus belle.

On jase de nos stratégies. On remet en question certains d’nos choix en voyant ceux des autres. On prend des décisions d’dernières minutes sans être trop sûr d’faire la bonne affaire.

Il faut avouer que malgré toutes les informations qu’on peut avoir sur la météo, les vents et les conditions d’la piste sur le lac, il reste quand même plein d’impondérables.

L’affaire c’est qui fait quand même freaking chaud pour un 22 février au Lac St-Jean.

On est proche du zéro, mais on entend aussi dire qu’il vente en ta’ sur le lac et qu’il y a même des lames de neiges effaçant la piste à certains endroits.

«On est venu ici pour avoir un challenge, pis man qu’on va l’avoir… Oh yeah!!»

14H00

Le groupe d’une soixantaine de coureurs se divise dans les deux bus mis à notre disposition.

Crédit photo : Mélodie Descoubes

Direction : Pointe Vauvert. De l’autre bord du lac.

On jase, on s’détend, on s’concentre, on s’distrait, on s’repli sur nous-même. On passe le temps.

Après un peu plus d’une heure, on arrive.

En sortant du bus, on commence à réaliser d’plus en plus c’qui nous attend.

En descendant les marches menant au bord du lac, l’immensité du plan d’eau nous poppe dans la face et un p’tit frisson vient traverser les soft tissues de nos corps encore ben fresh. 

Ça y est.

J’mets mes raquettes et j’commence à m’réchauffer tranquillement.

J’réalise qu’il y a quelques irréductibles qui s’préparent à affronter l’lac armés seulement d’espadrilles.

Malgré tout c’que les « vétérans », moi l’premier, ont pu leur dire par rapport à courir 32 kilomètres dans une neige freaking molle.

J’peux pas m’en empêcher. J’ai déjà un peu mal pour eux-autres.

Les p’tits discours avant la course sont short and sweet et font une pas pire job en nous préparant mentalement à c’qui nous attend. Le speech de Valérie, une ancienne participante de l’une des expés d’aventures thérapeutiques d’la fondation qui est maintenant ben impliquée au sein d’celle-ci, est particulièrement efficace et m’replonge dans mon expé à l’automne dernier aux cotés d’ces jeunes atteints du cancer.

Trois choses me semblent inévitables en c’moment :

  • Ça va faire mal.
  • Anyway tout finit par passer.
  • Damn que j’vais enjoyer c’qui s’en vient.

16H03

Le premier groupe s’élance sur le lac avec fébrilité.

Crédit photo : Mélodie Descoubes

En attendant notre tour, on continue à s’réchauffer tout en essayant de s’mettre dans le meilleur état d’esprit possible.

La 2e vague, dont j’fais partie, est constituée des coureurs prédisant faire un temps en bas de 4 heures.

À c’qui paraît, moi, j’ai dit que j’allais faire ça en 3h30.

J’me rappelle sweet fuck all de ça, mais j’ai dû être dans un méchant bon mood parce que y’a no freaking way que j’cours ça en 3 heures et demie.

J’vais être ben content si j’fais ça en 4 heures, mettons. Ou juste le faire en moins d’temps que l’an passé : 4 heures 38 minutes, tsé

So, j’me retrouve entouré de plusieurs athlètes que j’admire. Le syndrome de l’imposteur solidement installé dans les trippes.

Après quelques minutes, on s’élance à notre tour dans ce désert blanc que constitue le Lac Piekouagami (« lac plat » en Innu).

J’pousse un cri d’joie et j’pars.

Pendant les premiers kilomètres, le coucher du soleil nous donne tout’ un show.

Pas assez though pour pas qu’on s’rende compte à quel point qu’la neige est molle.

« Y’en aura vraiment pas d’facile. »

J’me demande si l’fait que la première vague soit passée avant nous rend notre tâche un peu plus ardue.

Peu importe, le plus grand défi de cette traversée, dans ces conditions-là, reste de pousser malgré l’absence constante d’appui. No matter what.

Ça vient t’chercher autant dans les cuisses que dans la tête.

Toujours à la recherche d’un spot un peu plus ferme.

Jamais l’occasion d’bâtir un semblant d’momentum.

Y’a effectivement rien d’gratuit.

Pas de bout’ un peu plus facile où qu’tu décroches.

Pas d’descentes qui font mal, mais qui t’font faire des kilomètres entre deux p’tits rictus de douleur.

Une chance que c’est beau en ta’!

Crédit photo : Mélodie Descoubes

Pis c’est toujours plus facile en raquettes qu’en crampons, tsé.

J’avoue. J’trippe pas mal.

Mais ça s’sent déjà que j’vais avoir mal comme jamais plus tard.

Oh well

Même si j’essaie de m’pacer, de ralentir afin d’diminuer mon rythme cardiaque, j’sens mes muscles qui encaissent les coups et qui tranquillement se fatiguent.

Au moins, les bénévoles sont là aux ravitos avec leur sourire et leur énergie pour me primer un peu.

Sans oublier le p’tit verre de Coke avec lequel je repars à chaque fois.

Y’a aussi ma bouffe qui m’a l’air d’faire une pas pire job jusqu’à maintenant.

Les fruit3 aux betteraves et les Brix au sirop d’érable rentrent au poste et mon énergie semble se maintenir même si j’me donne un peu plus que j’devrais.

Typical JM.

KM 16

J’arrive au ravito de mi-parcours en un peu moins de 2 heures

Je me répète en boucle les p’tites choses que j’ai à faire une fois que j’aurai trouvé mon drop bag.

Changer d’top. Mettre un gilet plus chaud. Changer la pile de ma frontale. Me débarrasser d’mes emballages et reprendre d’la bouffe pour les prochaines heures.

Tout ça en perdant l’moins d’temps possible.

J’suis dans un bon mood et j’veux en profiter le plus possible pour couvrir d’la distance.

Ça s’passe pas mal comme j’voulais, même si j’réalise que j’ai la peau du côté droit pas mal irritée.

Je repars assez rapidement et les prochains cinq kilos sont juste freaking trop agréables.

Y fait noir.

Y fait pas trop froid.

Les étoiles scintillent et j’suis en plein milieu d’un lac enneigé.

C’est quand même pas pire pareil.

Plus que j’pogne mon beat, plus j’commence à m’faire croire que j’serais capable de maintenir ce rythme jusqu’à la fin.

Sauf que tout finit par passer, right?

KM 24

La réalité me rattrape donc et j’frappe un mur.

BAM!

Les crampes me pognent au milieu des quadriceps et les spasmes dans mes ischio-jambiers me donnent l’impression d’avoir des vers de terre sous la peau.

J’me retrouve freaking tout seul et c’est à ce moment que l’vent décide de se lever.

Ce vent qu’on n’avait qu’entendu sous forme de rumeur jusqu’à maintenant.

Ce même vent qui habituellement se calme à la tombée d’la nuit.

Qui habituellement va du Nord au Sud et non du Sud au Nord selon l’monde d’la place.

« Il va toujours y avoir un prix à payer pour traverser ce lac mythique, right? »

J’continue.

J’marche pendant quelques secondes et j’me remets à courir.

Tout en continuant à apprécier le privilège que j’ai de m’retrouver là.

Le ciel étoilé est malade et j’suis en train d’faire la chose que j’aime le plus au monde.

J’repense aussi aux jeunes que j’ai accompagnés en octobre dernier.*

Je repense à leur courage, leur freaking détermination face à l’adversité.

Je repense au rire de Samuel. À la créativité d’Arielle et de Loryanne. Au guts de Vincent. Aux poses d’Evan. À la guitare de Rania. Au calme d’Andrei. Aux sourires de Mélorie. À l’attitude d’Elissa.

Ça m’aide, mais l’ravito du 27e km continue quand même à pas vouloir s’pointer la face.

Le p’tit maudit.

Les panneaux annonçant les kilomètres m’semblent même cruellement plus éloignés les uns des autres.

Pas grave.

J’essaie quand même de continuer à m’alimenter le plus possible, mais je l’sais que j’suis moins fiable qu’au début d’la course et que ce manque de calories m’aide pas pantoute.

KM 27

Une fois arrivé à cet inatteignable ravito, je reprends un peu d’Coke, deux fois plutôt qu’une, et j’repars pour la première fois sur une surface ferme.

YEAAAAAAH!!!!!!!!!!

J’vous l’jure, ça fait du bien autant aux jambes qu’au spirit!!

Les cinq derniers kilomètres sont un peu moins demandants, mais le vent continue d’insister et la fatigue accumulée est de plus en plus difficile à combattre.

J’finis tout d’même en force en clanchant l’dernier kilomètre.

Juste avant de m’effondrer quelques mètres après l’arrivée avec le sentiment du devoir accompli.

Pas à peu près.

J’ai battu mon temps de l’an passé malgré des conditions jugée plus difficiles.

J’ai mieux géré mon effort et mon alimentation, même si ce n’était pas parfait.

Et surtout, j’ai jamais arrêté d’avoir du fun et d’apprécier c’que j’étais en train d’faire.

Fuck yeah.

Sans oublier qu’on a amassé plus de 170 000$ pour la fondation Sur la pointe des pieds et contribué à notre façon aux prochaines expés d’aventure thérapeutique qui pourront faire tout une différence dans la vie de jeunes atteints du freaking cancer.

PS : Si vous voulez, vous aussi, contribuer au travail incroyable de la fondation, vous pouvez faire un don juste ici : www.yoyomolo.com/pages/participants/participant.aspx?participant=12482

* Si vous voulez en savoir un peu plus sur cette expé, vous pouvez lire les billets d’blogue que j’ai écrits pendant notre aventure.

Jour 1 : pointedespieds.com/de-nouvelles-amities-sur-le-reservoir-du-poisson-blanc/

Jour 2 : pointedespieds.com/quand-la-magie-de-la-nature-opere/

Jour 3 : pointedespieds.com/tout-faire-pour-prolonger-cette-experience-unique/

Jour 4 : pointedespieds.com/nous-sommes-maintenant-des-aventuriers-voire-de-veritables-voyageurs/