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Si seulement j’pouvais passer ma vie à courir dans l’bois

Photo : Life Outside (Fire Fly)

J’ai pas ben gros d’certitudes dans la vie, mais en voici tout d’même une : Y’a vraiment pas d’autres moments durant lesquels j’me sens plus vivant, plus en paix avec mes expériences passées et mes aspirations futures, plus libre d’être ce que j’suis et c’que j’veux être, bref plus freaking heureux que quand j’cours dans l’bois.

Fai’que si t’es du genre à pas trop tripper quand tu cours, saches que j’t’aime pareil. Pas d’stress. On peut aussi en jaser. T’inquiète. On peut même être ami.e pis tout’. Mais, damn que j’te comprends pas.

Ça y est. C’est dit.

L’autre affaire que j’veux mettre sur la table en partant, c’est que, malgré mon énergie un tantinet débordante et mon gros smile omniprésent, y faut que j’avoue que j’trouve ça un peu rough d’être ce qu’on peut appeler un « vrai » adulte.

Surtout un adulte qui care, j’pense.

C’est vrai que j’m’en fais peut-être trop pout tout’. J’suis peut-être un peu trop sensible aussi. Mais y reste que j’ai d’la difficulté à trouver ma place et à m’sentir en paix dans l’monde qu’on vit.

J’ai comme ben d’la misère à dealer avec les sources de stress omniprésentes, les horaires souvent trop surchargés, les obligations sociétales dénuées de sens, les futilités bureaucratiques abrutissantes, le freaking manque d’empathie assumé, pis plein d’autres shits du genre.

Mais, au-moins, la course, la forêt, les montagnes sont là!

J’te l’dis, si seulement j’pouvais passer ma vie à courir dans l’bois.

Photo : Julien Hébert (BromontUltra)

C’est vrai aussi que j’suis un peu intense, pis qu’ma relation avec la course fit pas mal avec cet aspect d’ma personnalité.

Laisse-moi donc te donner quelques exemples.

Après mon CÉGEP, j’suis parti en voyage solo… Pas pendant un mois – nop ! –  pendant presqu’un an. J’en ai même profité pour être guide de rando au Nicaragua.

Pis, si tu te l’demandes : Oui, c’était freaking malade!!

Pendant mon bac en anthropo, j’ai voulu faire un échange étudiant. J’pensais au départ aller en Europe, genre à Barcelone, Auberge espagnole style, mais j’ai finalement décidé de m’exiler un an à l’Ile d’la Réunion à la place. Quin toé!

Pis j’connaissais même pas la Diagonale des fous à c’moment-là en plus!

Après l’université, je m’étais promis à moi-même d’faire une longue expé, question d’compenser pour toutes ces heures passées à la biblio et devant un ordi. Encore une fois, no surprise, j’suis pas parti quelques semaines, mais 6 freaking mois. J’me suis même tapé la thru hike (traversée complète) d’la Appalachian Trail pour l’occasion.

Tsé quand tu fais pas les choses à moitié.

Sûrement les plus beaux moments d’ma vie, though.

Photo : Jared Haradon AKA Fish Hook (Appalachian Trail)

À l’époque, j‘ressentais aussi l’besoin de m’poser afin d’contribuer un peu plus à ma communauté. Y faut dire que j’ai eu des modèles intenses d’altruisme dans mon enfance, pis que, par le passé, j’ai souvent cherché différents moyens d’aider l’monde qui l’avait eu plus tough que moi.

J’ai donc décidé de m’impliquer. De m’impliquer en ta’.

J’ai aussi commencé à m’dire qu’y était temps de m’pogner une « vraie » job. Comme un « vrai » adulte, tsé.

Fouille-moi pourquoi.

J’ai donc quitté l’magasin d’plein-air dans lequel j’travaillais et j’suis devenu animateur de vie étudiante dans une école pour adulte. Après ça, j’ai été AVSEC – animateur de vie spirituelle et d’engagement communautaire – au secondaire. J’ai même eu le privilège par la suite de coordonner un programme d’éducation à la citoyenneté et d’animer des ateliers d’participation citoyenne dans toutes les écoles secondaires de Gatineau.

Pis, crois-moi, ces « vraies » jobs-là, j’les ai faites à fond.

Intense un jour, intense toujours, right ?

Photo : Geneviève Thain (Marche Monde d’Oxfam-Québec)

Malheureusement, après quelques années, j’ai frappé un mur. Un criss de mur.

J’me suis retrouvé épuisé, désillusionné, déprimé. J’vous épargne la longue histoire pour l’instant, mais ça allait vraiment pas. Après avoir attendu trop longtemps, of course, j’me suis rendu à l’évidence et j’ai décidé d’tomber en arrêt d’travail.

Pendant ce break imposé, j’ai pris la décision d’faire plus de place à la course dans ma vie.

Ça m’a pris un retour au travail difficile, une rechute, presque deux ans en tout, mais j’pense que j’commence à y arriver.

J’ai commencé par partager mon expérience et mes réflexions sur une page Facebook (DANS MES SHOES). Puis, j’ai quitté ma job à la ville de Gatineau après 5 ans pour aller travailler au MEC d’Ottawa. J’ai aussi commencé à prendre des contrats pour animer des ateliers et des groupes de course par-ci par-là tout en développant mes collaborations avec Distances+, Ravito et la fondation Sur la pointe des pieds.

Cet été, question de m’rapprocher encore plus de mon élément et d’assumer à fond le dépendant à l’aventure que j’suis, j’vis dans mon char et j’ai ben l’intention d’aller courir dans l’bois le plus souvent possible.

Mais là, j’réalise que j’aimerais ça approfondir ben des affaires que j’viens de t’dire, mais j’veux pas non plus que ce texte se transforme en roman. Fai’que ça va devoir attendre un peu.

Profites-en! C’est ben rare que j’fais preuve de retenue d’même… hehe!!

Donc pour l’instant, j’pense que ces éléments, quoi que disparates, vont t’aider à comprendre un peu plus qui j’suis.

Saches aussi que j’ai freaking hâte de continuer à partager mes réflexions avec toi et que j’ai particulièrement l’goût de t’jaser d’mes expériences en ultra, de l’impact de ceux-ci sur ma façon d’appréhender la vie et d’mes questionnements éthiques par rapport à ce sport que j’aime tant.

That’s about it.

For now.