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La course, la bibitte et le courage d’un homme

Parfois, il y a des histoires de persévérance qui nous inspirent pour un bon bout. L’histoire de Sylvain Malo, que j’ai connu par le biais de la course, est un exemple de persévérance difficile à égaler.

Ce gars- là louvoie sur la fine ligne de la vie depuis quelques années. Quand tout allait bien, quand tout était tranquille, une drôle de bibitte du nom de streptocoque doré a tenté de lui faire la peau, mais elle a sous-estimé sa résilience. La vie, Sylvain, il y tient.

Bouger

Pour lui, bouger tout le temps, faire de l’activité physique, a toujours été sa façon de sentir qu’il est en vie.

Il a débuté la course à l’adolescence en courant autour des champs de culture, accompagné de sa mère. Ce n’est pas nécessairement ce qui est le plus « in » à l’école secondaire, mais parfois, il faut ce qu’il faut.

Par la suite, la passion du sport a toujours été présente dans sa vie et le cyclisme est vite devenu omniprésent. Il a fait plusieurs Grands Prix et fait partie de l’équipe du Québec. Sa spécialité, c’était de  préparer le terrain pour les autres. Son rôle : être le coéquipier fiable, celui qui suit la consigne d’équipe et qui amène les sprinteurs juste où il faut pour que l’équipe gagne.

Il a réussi à vivre sa passion malgré des conditions d’entraînement qui étaient loin d’être faciles.

Pionnier

Quand on se rend au chantier de construction qui est à 20 km de son domicile en course à pied, et que nous repartons le soir pour nous rendre à son entraînement de vélo, les autres gars du chantier nous regardent parfois comme si on était des extra-terrestres, mais bon!

Il était un adepte de course avant que cela soit populaire. Il était des premiers marathons de Montréal.  Il fait partie de club élite Régina Mundi et il a été «coaché»par le mythique Benoit Leduc.

La course et le vélo, cela a été sa vie. Il a tenu un magasin de sport pendant plusieurs années. Il était fier de faire partager sa passion. Quand les jours étaient meilleurs pour les marchands locaux, il redonnait à la communauté. Il a organisé pendant plusieurs années les courses Terry Fox locales.

Puis, les grandes chaînes de matériel sportif sont arrivées, les affaires sont devenues moins bonnes. Il est retourné sur les chantiers. De toute façon, tant qu’il pouvait bouger, c‘était ok.

La bibitte

Puis, au moment où les choses commencent à se calmer un peu, quand la vie nous laisse reprendre un peu notre souffle, la bibitte dorée est arrivée.

Ce monstre à deux têtes, qui peut être inoffensif pour plusieurs, s’est acharné sur lui, se nourrissant même des antibiotiques qui devaient le tuer : vilaine cochonnerie.

Six AVC en deux ans, six réhabilitations, avec autant de courage et de persévérance.

La dernière fois, elle a frappé fort. En le voyant, nous étions plusieurs à penser que la côte serait  insurmontable cette fois. C’était mal le connaître. Des heures et des heures de réadaptation plus tard, il a recommencé à faire des projets.

Son prochain but : faire les prochains jeux paralympiques en 2024, à vélo. Que cela soit en deux roues, en trois roues ou en tandem, peu importe : il a bien l’intention d’y être. Et maintenant, on le croit tous.

D’ici là, il y a du temps à passer avec ses enfants,  ses amis, et ramasser un peu de sous pour acheter ce foutu vélo adapté qui coûte la peu des fesses.

Une belle course

Je vous raconte sa dernière course de trail. C’était il y a quelques semaines, un 10 km pendant lequel il a senti les sous-bois, il a affronté les obstacles du parcours, il a ressenti chaque minute de cette sortie, et dans sa tête et il en garde un souvenir impérissable.

Naturellement, il n’a pas quitté physiquement son divan, mais il a fait un très beau 10 km. Il a couru cette course en étant guidé par l’amie Julie.

Quand je pense à cela, je me dis qu’il y a des grandes âmes qui nous entourent.

Chapeau Sylvain.