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Bad Beaver Ultra, vu de l’intérieur!

L’événement, une course en étapes de 150 kilomètres/D+3400 mètres sur 3 jours, semi-supportée dans le magnifique parc de la Gatineau (http://3beaversracing.com/bad-beaver-ultra/).

Mercredi 1er août

Les participants sont conviés au parc de la Gatineau pour la première réunion d’avant-course. Une carte nous est remise bien que le parcours soit balisé. Ray présente les particularités du trajet et nous fait revivre l’histoire des lieux que nous aurons l’occasion d’apprécier. J’aurais certainement mieux réussi mes cours d’histoire en l’ayant eu comme prof!

Jeudi 2 août

Le déjeuner nous est offert et le départ du 52 k est donné à 7:15. Le trajet est roulant, il serait facile de se laisser aller au détriment des jours qui suivront… Seule la dernière section augmente le niveau technique d’un cran. J’ai eu l’occasion de partager les 39 premiers kilomètres avec Daisy : le temps passe tellement plus vite à échanger en bonne compagnie! Bien que ce ne soit que la quatrième fois que je dépasse cette distance, je réalise mon deuxième meilleur temps sur 50 k. Étirements doux, balle kinésiologique et dodo, la récupération est essentielle.

Vendredi 3 août

La longue distance, 72 k que j’aurai vite fait d’augmenter d’un kilomètre en manquant la première indication… Je partage les premiers 18-19 kilomètres avec Jean-Sébastien et Jean-Mathieu. Ils sont plus rapides que moi, je les laisse se distancer progressivement et rentre dans ma bulle. À compter du 30e kilomètre, impossible de courir, les quadriceps sont en feu et le Body Glide ne suffit pas à la tâche avec cette chaleur humide. Je réalise que le « tape » sera essentiel à l’avenir!

Je maintiens tout de même une excellente vitesse de marche et une gestion impeccable des ravitaillements qui me permettent de conclure cette deuxième étape à la clarté du jour, 2ème chez les femmes. À ma grande surprise, je n’aurai terminé qu’une seule minute après Jean-Sébastien et Jean-Mathieu…

En soirée, on m’annonce que je quitterai à 8 h le lendemain, à 6 h les marcheurs et à 9 h pour les plus rapides, pour que tous les participants terminent approximativement en même temps.

Le temps de souper, faire mes étirements/souplesse, préparer mon lit et mon sac, m’occuper de mes ampoules, moi qui n’en ai jamais… il est près de 22 h. Alors que certains coureurs continuent d’arriver, je tombe profondément endormie. Nuit difficile, réveil à 2 h, je suis face à l’inconnu; des irritations plus farouches que le Body Glide, (merci à Marco pour sa super crème et à Jean-Sébastien pour le ruban médical!), des muscles endoloris qui rendent peu de positions confortables et un ronflement dans la salle.

Je suis sortie contempler le ciel étoilé. Réflexion faite, je vais profiter du fait que je quitte à 8 h et mon plan de match, dans le pire des cas, parcourir 27,5 kilomètres à la marche est tout à fait réalisable ;l’organisation n’a fixé aucun « cut off », un gros stress en moins! Je retourne me coucher l’esprit en paix.

Samedi 4 août

Wow! Mes jambes sont fonctionnelles, les escaliers ne me font pas souffrir.

6 h, je suis sur la ligne de départ pour encourager la première vague, la plus nombreuse; le départ est donné à 6 h 15. Ensuite je retourne tranquillement m’occuper de mon sac, du 3,8 kg (8,4 lbs) initial; il m’apparaît maintenant bien léger! Il sera devenu une prolongation pendant ces trois jours. Avant l’événement, j’ai essayé mille et une configurations et apporté tellement de modifications qu’il aura été totalement optimisé!

8h, j’amorce ma course, il fait déjà très chaud et surtout très humide, ça aurait été bien de partir à 6 h 15… Je dois rester dans le moment présent.  Le « tape » joue à merveille son rôle, les irritations de la veille passent totalement inaperçues; même les muscles répondent bien.

Coup de masse à 9 h 35; je savais que les plus rapides me dépasseraient, mais j’avais espoir que ce ne soit qu’après 10 kilomètres : 8,75 kilomètres avec 150-200 mètres de D+ en 35 minutes, wow! J’ai su par la suite que la dernière vague est partie 30 minutes plus tôt…

Au 10e kilomètre, je vois Marco assis au ravitaillement. Il a entrepris ce défi colossal une semaine après une entorse, mais son corps refuse de poursuivre l’aventure. En quittant le ravitaillement, je suis déçue pour lui, 17 kilomètres de la fin.

Perdue dans mes pensées, je sens une douleur fulgurante dans ma cheville.  Je n’ose même pas bouger mon bas, de peur que l’enflure prenne de l’ampleur. Je poursuis difficilement à la marche, en m’efforçant d’avoir une démarche normale, et progressivement, ma cheville retrouve de sa souplesse et j’accepte avec quelques hésitations le Tylénol d’un autre coureur; comme j’ai bien fait! Je réalise que je suis à mi-parcours et je reprends le pas de course. À peine plus rapide que la marche, cette cadence me redonne confiance au point d’accélérer graduellement jusqu’à franchir la ligne d’arrivée avec un dernier kilomètre à 6 h 25!

Encore sur mon nuage avec les endorphines bien présentes, j’ai surmonté ce défi colossal à mes yeux, et repousser mes limites une fois de plus.
Cette course offre l’occasion de se retrouver entre coureurs et d’échanger. On demande à l’entourage/supporters de respecter cette opportunité. Moi qui ai l’habitude d’avoir ma famille à mes côtés, j’ai tout de même pu en tirer des avantages.

Je dois avouer qu’après quelques heures d’efforts, mon cerveau éprouvait de la difficulté à se concentrer sur l’anglais. J’ai redoublé d’efforts pour échanger et découvrir beaucoup des autres. J’ai même eu la chance d’avoir un participant de la première édition du Alps2Ocean, mon prochain défi en Nouvelle Zélande. C’est sans compter les pistes de solutions pour m’aider à courir le lendemain d’un ultra; l’art de surmonter les courbatures.

Durée Distance Dénivelé
km m
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