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Le défi des trois sommets… du Mont-Royal!

Frederick Law Olmsted – ce nom vous dit quelque chose? Surtout connu comme l’architecte du sublime Central Park de New York, cet illustre natif de la Nouvelle-Angleterre et père de l’aménagement paysager en Amérique du Nord a également conçu le parc du Mont-Royal, créé en 1876 à Montréal.

En tant qu’adepte de la course à pied et enthousiaste de l’architecture et du patrimoine, je brise la monotonie d’un confinement solitaire en explorant les quartiers et parcs montréalais, une manière de garder la forme – mentale et physique – et de conjuguer mes passions pour la course, la photographie et la ville.

Aujourd’hui, je vous propose une « relecture » du parc du Mont-Royal, moins un véritable défi sportif qu’un prétexte pour partir à la découverte de ses sommets – Outremont, Mont-Royal, Westmount – et quelques 25 kilomètres de sentiers.

La colline Outremont : entre Leonard Cohen et une ancienne piste de ski

Le parc du Mont-Royal ne possède donc pas un, mais trois sommets qui peuvent être gravis indépendamment les uns des autres.

Pour atteindre le sommet Outremont, nous empruntons le boulevard du Mont-Royal (à ne pas confondre avec l’avenue du même nom) pour rejoindre le campus de l’Université de Montréal, sur le flanc nord de la montagne, et ainsi débuter notre ascension du « Pain de Sucre », une piste de ski alpin de 1944 à 1979.

Le coureur attentif aura aperçu sur son chemin la tombe de Leonard Cohen (il a toutefois été inhumé au cimetière de la congrégation juive Shaar Hashomayim) et les reliques des télésièges, sans oublier la chapelle du Mont-Royal.L'un des artéfacts de l'ancienne piste de ski, sur le flanc nord du Mont-Royal

La colline Mont-Royal : le toit du monde

Davantage connue, la « Grosse Montagne » culmine à 234 mètres, une altitude modeste, mais qui en fait le plus haut des trois sommets et que d’ailleurs aucun gratte-ciel montréalais ne peut dépasser.

Un bref arrêt au belvédère Kondiaronk s’impose : la perspective sur l’architecture bigarrée de Montréal se transforme au gré des saisons et de l’heure du jour – ou de la nuit – et il nous restera toujours un pan de la ville à découvrir. Si la visibilité est bonne, on aperçoit certaines des dix collines Montérégiennes, chaîne dont le Mont-Royal fait partie, comme le Mont-Saint-Hilaire et le Mont Rougemont.

En reprenant notre rythme, on pose le regard sur le chalet du Mont-Royal, ce joyau architectural alliant le style Beaux-Arts et Arts and Crafts conçu par Aristide Beaugrand-Champagne. Cet architecte a également réalisé la magnifique église Saint-Michel-Archange dans le Mile-End 

La colline Westmount : une oasis dans une oasis

Après avoir fait le tour du Lac aux Castors, dessiné par Frederick Gage Todd, à qui l’on doit l’aménagement de l’île Sainte-Hélène et de Ville-Mont-Royal, il nous faut franchir le chemin de la Côte-des-Neiges pour atteindre notre troisième et dernier sommet, beaucoup moins célèbre que ses deux acolytes.

Le fait que la « Petite Montagne » offre peu de points de vue sur Montréal est à la fois sa force et sa faiblesse : étant donné la densité de sa végétation, ce boisé composé de chênaies rouges à érable à sucre et à frêne dont certains ont plus de 150 ans est un lieu serein qui pousse au ralentissement – oxymore volontaire! – et à la contemplation de la faune et de la flore.

Moins achalandée, cette colline offre une belle vitrine pour observer les maisons cossues de Westmount, souvent de style victorien.

L’appareil photo est aux yeux ce que les chaussures sont aux pieds

En course sur sentier, il nous faut bien entendu surveiller où l’on met les pieds, mais pourquoi ne pas également lever les yeux vers l’ordinaire, voire même le banal, et en déceler les dimensions remarquables et uniques.

Lire sur de nouveaux circuits, repenser nos habitudes et utiliser l’appareil photo comme une extension du regard, autant de moyens de bonifier nos sorties à l’ère du confinement.