L’hiver passé, en me promenant sur les médias sociaux, je suis tombé sur un crabe, mais pas n’importe quel, celui qui était marqué Gaspesia 100. Ça m’a tout de suite attiré. Je me cherchais un ultra pour commencer mon été. Donc, je me suis inscrit au TP50 : une course sur 3 jours. Je m’étais dit tant qu’à aller là-bas pourquoi pas y courir 3 jours.
Je n’ai donc pas lâché mon volume d’entraînement de tout l’hiver. Tout allait sur des roulettes. Deux mois avant la course, une bulle à exploser dans ma petite tête de coureur. Le TP50 tu fais ça à toutes les fins de semaines dans ton entraînement. Donc, tu devrais changer ta distance . Une semaine plus tard, ma distance était changée. Je ferai le TP100, 100 km en 3 jours. Pourquoi pas?
Un jour, après la course du coureur des bois de Duchesnay, qui offrait un parcours de 34 km (32,25 km), j’ai commencé à sentir une légère douleur à mon genou gauche. Je me suis donc dit, ne fait pas le fou et ça va passer. J’ai donc redescendu mon volume d’entraînement.
A une semaine de mon Gaspesia 100, je me demandais toujours si j’allais le courir. Je me suis dit : « Pas grave, si ça ne marche pas, je ferai du bénévolat.» L’avantage que j’avais c’est que ma course était par étape donc même si j’avais un genou de tapé, j’avais le temps de le reposer un peu.
Le vendredi 14 juin arriva. Après une nuit passée à dormir dans ma tente avec la douce musique, des gouttes d’eau qui dégoulinent sur la toile, je suis sorti et j’ai essayé de voir l’île Bonaventure à l‘horizon, mais elle était disparue. J’ai rapidement vu sur Facebook qu’on n’y allait plus à cause des conditions météorologiques. Mais notre super directeur de course, Jean François Tapp, avait pensé à tout. Il nous a donc préparé une course sur le bord de la plage…
-Étape 1/3 (8 km), la course sur la plage; je sentais mon genou en pleine forme et prêt à partir à l’aventure. Le départ fut donné : 3, 2, 1, go… Voilà, c’est parti pour 100 km en 3 jours : « go, go, go, go, Alex, tu es capable! » J’ai donc laissé partir l’élite et je me suis dit,: « Va à ton rythme et tu vas réussir.» Ce qui fut dur de la course est que la moitié se déroulait sur la plage avec les vagues qui nous chatouillaient les pieds et le sable qui enfonçait sous nos pieds. Comme dans la chanson, courir sur le sable les pieds dans l’eau, ha! ha! ha!
Voilà, je vois l’arrivée. Bonne étape, une de complétée. Mon genou va bien. Je me suis donc dirigé pour la grande messe. Oui, oui, ça faisait un bout de temps que je n’étais pas entré dans une église. C’était l’endroit parfait pour la rencontre d’avant course. Bon, direction dodo car on se lève à 2 h 45 pour l’étape 2.
-Étape 2/3, 54 km (57 km sur ma montre). Voilà le grand jour, à 2 h 45 on déjeune, on s’habille et, direction vers l’autobus scolaire. Comme à la petite école, je me suis dit :« Cool, on s’assoit en arrière.» Dix minutes plus tard, l’autobus arrête et on marche vers la plage du Pêcheur. Jean François Tapp nous dit alors : « Oups ! la marée est haute, vous allez vous mouiller.» Il ne l’a pas dit comme ça, mais ça voulait dire ça. 3, 2, 1, go, voilà on est parti pour 54 km.
Le début sur la plage c’est donc passé à la file indienne avec l’eau de la mer qui montait jusqu’aux genoux. Mais quand on prend le temps d’y penser, je me dis : « Wow!, je suis en train de vivre une super expérience.» Arrivé au bout de la plage, je me suis assis sur un petit banc, pas pour déjà prendre une pause mais pour enlever le voyage de sable que la mer a mis dans mes souliers sans me demander la permission.
Ok, go on repart. Au début on courait dans une forêt de farfadets. Avec la brume et une super rivière que nous longions. Bon, km sur km, on arrive à l’Anse-à-Beaufils. Je me suis dit :« Ça va bien, ton genou tient le coup.» Après, je repars de là et plus loin je rencontre Simon Garneau qui fut mon partenaire sur une bonne distance.
Après, il y avait la neige, des montées et descentes pour arriver à Gargantua. Voilà, il reste 11 km de pur bonheur avec des vues à couper le souffle. Monte, descends, monte, et redescends, et hop une église; je n’ai jamais été aussi content de voir une église. Ça veut dire que j’arrive… et voilà le fil d’arrivée plus loin dans le village…. Wow! 57 km de pur bonheur et me voilà un ultra marathonien. Les jambes ont tenu le coup, raquer mais c’est normal. Mais pas de petits bobos apparents. Bon, c’est le temps d’aller manger et passer le rouleau sur mes jambes et du repos pour le 35 km du lendemain. Une bonne douche aussi, maudit qu’elle a fait du bien…
-Étape 3/3. Après une nuit de sommeil, je me suis réveillé et première chose que je me suis dit, « Comment vont mes jambes ? Sont-elles encore là pour moi aujourd’hui? Je pense que oui.» Donc je me suis levé doucement. Je suis sorti de ma petite tente et marché jusqu’aux toilettes avec mon linge de course pour ma 3ième journée…
Quand je suis ressorti, j’ai couru jusqu’à mon site de camping… bon, à date les jambes sont toujours là. Comme que c’est un aller-retour, je peux abandonner si ça ne marche pas et revenir… mais ça c’est le plan D, car le plan A est de finir en courant, le plan B est de finir en marchant et le C est de finir en rampant. Pis le plan D, non il n’y a pas de D… car, comme mon ami Simon Garneau m’a dit : « Le meilleur conseil quand tu fais un ultra c’est : il n’y a jamais de bonnes raisons d’abandonner.»
Me voilà sur le bord de l’eau près de l’arche du départ. Matin pas trop chaud donc je suis entré, et le monde m’a tout de suite dit :« Regarde, c’est lui, celui qui a fini le 2ième sur le 160 km, il vient d’arriver.» Wow! toujours impressionnant de voir ce type de coureur. Un jour, j’espère en faire partie. Quand, tout à coup, Jean François Tapp nous dit : «Mettons que vous ayez une course dans 3 min…. ça vous dirait tu qu’on en jase ?»
3, 2 et 1 me voilà pour mon 3 ième départ. Ok!, j’ai fait le parcours hier. C’est un aller-retour de 35 km (37 km) jusqu’au ravito de la Commune « Go, go, go, t’es capable, doucement mais sûrement.» Je regardais beaucoup ma montre car je savais que j’avais juste à être à 5,1 km /heure, ce qui ne semble vraiment pas vite, mais après 3 jours de course, des montées et descentes, montées, descentes et encore des montées et des descentes, j’étais à 6,5 km ce qui me donnait du temps de jeu.
Et voilà, 18,5 km plus loin, je vois le ravito de la Commune. On mange un peu, on prend de l’eau et go, demi-tour, on retourne à maison, comme je me dis toujours. Il y a une des sections dans la course qui descend à 60 degrés où on doit se tenir avec des cordes. Pour ceux qui connaissent la Prétentieuse à Bromont, bien c’est de la petite bière à côté de ça; une fin de semaine sur la boue et très glissante. Je pense que je suis tombé deux fois. Je ris, me relève et continue. Je regarde ma monte, je suis rendu à 5,8 km. Je me dis, je ne peux pas lâcher : « Go, go, go.»
Quand il me restait juste 8 km, j’ai commencé à croiser du monde du 10 km que leur loop donnait sens contraire de moi. Leurs encouragements m’ont donné mon boost pour finir comme quand on joue à Mario kart et qu’on a une étoile… OK pas aussi vite que ça, mais bon, Go!
Mais les 6 derniers km, mes chevilles n’arrivaient plus à descendre. Donc j’ai regardé ma montre et je me suis dit :« Ok, marche dans les descentes et cours ce que tu es capable. Tu ne peux pas repartir sans la médaille du finisseur, tu ne peux pas avoir tout fait ça pour rien.» Et boom ! l’église et ensuite la plage et le rocher…. Et pour finir, je la vois l’arche de la fin…. Jamais je n’ai été aussi fier de moi. Aujourd’hui, j’ai vraiment repoussé mes limites et voilà, c’est fini. Je l’ai fait. Bon, là c’est le temps de boire une bonne Pit Caribou et manger du BBQ.
Pour finir, voici pourquoi je veux y retourner l’année prochaine. Un : parce que je suis fou, mais cinq minutes après la fin de ma dernière course, je voulais déjà revenir en 2020 pour faire le 100 km, mais d’une shot. Deux : pour les paysages à couper le souffle et la diversité des paysages. Et pour finir : pour le côté amical de tout le monde que j’ai rencontré tout le long de mon week-end. Une fin de semaine que je ne voulais vraiment pas qu’elle finisse.
Voici pourquoi j’ai adoré mon week-end… et parcouru 2277 km de chez moi…