7 septembre 2018, je crois que je pense déjà à courir de nouveau dans la salle d’accouchement. Entre 2 biberons, je repense aux courses que j’avais prévues pour 2018, pas faites en raison de ma grossesse et que je veux réaliser lorsque je serai de nouveau en shape.
Ni un ni deux, quand les inscriptions du Gaspesia 100 ouvrent, je m’inscrit au Trans-Percé 100, ce que je devais faire l’an dernier. Je ne réfléchis pas plus qu’il le faut, je veux le faire, c’est tout! Plus le temps passe et plus le stress embarque, si je serai prête ou pas, si je vais terminer…Les vestiges de mon accouchements se font ressentir encore après plusieurs mois, mais ma tête continue de penser que c’est une bonne idée.
Nous sommes vendredi, la course commence bientôt et je suis plus que stressée. Je ne sais pas si je serai capable de suivre, et je ne veux pas finir dernière. Après ce petit 8 km, tout va bien; je cours mollo mais crois être assez rapide. Bref, je suis contente de ma première étape, mais doute toujours pour le reste de la course.
Samedi matin, la fébrilité est au rendez-vous et je suis prête à me mouiller les pattes. Le départ est lancé et je prends un bon beat. Je fais quelques rencontres motivantes entre les ravitos, certaines durent plusieurs kilomètres. En moins de quatre heures, j’atteins la ville Usine : c’était mon but. En général, la course va bien mais je commence à sentir une douleur au genou. Misère, celui que je ne me suis pas « taper ». Je continue, petit train va loin.
Lorsque je rencontre des coureurs du 100 km, ils me redonnent de l’énergie. Je savais que j’aurais mal, alors je continue. Les derniers 15 kilomètres sont pénibles. J’arrive difficilement à courir, surtout en descente. J’ai hâte d’en finir, et je pense au lendemain, aux 35 kilomètres que j’aurai encore à courir. Je me rappelle une phrase que mon chum m’a dite lorsque je courrais un marathon :« Si c’était facile, tout le monde le ferait.»
Et je continue… J’arrive enfin à l’arrivée, heureuse d’avoir enfin fini cette course de 56 km. Jusqu’à présent, mon objectif était de finir le trans-percé 100, tout simplement. Après tout, je suis encore à apprivoiser mon nouveau corps transformé par la maternité; alors je suis indulgente et me laisse une chance.
J’apprends que je suis 3e femme sur la course, et j’ai peine à y croire! Me voilà soudainement avec un nouvel objectif : faire le podium. J’oublie assez rapidement que je cours à peine et que j’ai des douleurs à la hanche et aux genoux.
Dimanche matin, dernière étape. Je suis prête et bin motivée. Arrivée sur la plage, je dois déjà marcher, j’ai trop mal aux genoux. Je vois les autres coureurs gambader à côté de moi et j’appréhende ma course. Jusqu’à la commune, je tente d’avoir l’esprit plus fort que le corps et de garder une bonne vitesse. Je suis toujours rapide en montée, mais tous me dépassent en descente.
Sur le retour, je ne sais pas ce qui s’est passé, mais le petit Jésus m’a donné des nouvelles jambes. En une fraction de seconde, je n’ai plus de douleurs et je peux à nouveau courir normalement. Enfin, je me rapproche plus rapidement de la ligne d’arrivée, mais également de mon nouvel objectif. Je rencontre les coureurs du 10 km, ce qui me redonne le sourire et me fait courir encore plus vite.
Enfin la ligne d’arrivée!! J’ai réussi!! Je suis à nouveau d’attaque pour des grands défis, à peine neuf mois après avoir eu mon bébé, neuf mois à ne plus faire mes nuits, neuf mois à voir la vie et l’aventure autrement. Finalement, j’ai été ambitieuse, juste correcte.