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La Trail… comme une boîte de chocolat!

L’an dernier, lorsque j’ai décidé de m’inscrire à Gaspesia100 sur le 54km, je savais déjà un peu à quoi m’attendre puisque j’ai couru ce parcours en 2019. J’étais loin de penser que la course aurait lieu que l’année suivante! et qu’elle serait autant différente.  Oui, oui! Comme une boîte de chocolat! 

 » La Trail, c’est comme une boîte de chocolat… on ne sait jamais sur quoi on va tomber!  » Inspirée de Forrest Gump.

Chocolat crémeux: La pluie

Ce chocolat peut nous surprendre à chaque course, puisque nous n’avons pas de contrôle sur la température. Malgré que l’on ne devrait pas trop y porter attention, je suis certaine de ne pas être la seule qui a regardé les prévisions toute la semaine précédent l’événement. Pluie, moins de pluie, pas de pluie, pluie intense; tout y est passé! Pour finalement avoir une bruine juste avant le départ de la deuxième vague et plus rien par la suite! 

Par contre, la pluie aura fait des siennes durant la semaine précédente et aura un effet sur la boîte de chocolat.

Chocolat aux piments épicés: La marée

Et oui! Sur cette course, la marée peut jouer. Lors de l’annonce de l’heure de départ et la comparaison avec la marée, il est évident qu’elle sera haute. 

En arrivant à la Plage des Pêcheurs pour la première vague, j’évalue ma stratégie. Je sais déjà que je pars avec des espadrilles qui  ne feront pas les 54 kilomètres, et des bas imperméables. Mais où passer? En regardant le terrain, et en connaissant mes craintes des roches/hauteurs, la décision est simple; je passe DANS l’eau! Je crois bien être la seule sur cette vague à avoir opté pour cette pratique. 

Une fois les consignes données par Jean-François Tapp et les présences prises, le décompte se fait. Il ne se passera pas 1 kilomètre avant que je contourne les roches directement dans l’eau. J’aurais de l’eau jusqu’à mi-cuisse par endroit. Mais, j’ai évité de me retarder sur des rochers qui ne sont pas ma tasse de thé! J’aurais droit à quelques commentaires de mes compatriotes, mais j’ai pratiqué la course avec les pieds mouillés et je sais que mon équipe de soutien m’attend à Coin du Banc pour le changement “Pit stop shoes”! Tout est prêt à mon arrivée. J’enlève le sac et l’imperméable (qui est déjà humide de l’intérieur) pour le faire rouler et ranger, enlève bas et souliers, crémage à la Nok, et on enfile les bas et les espadrilles qui feront le reste du parcours. 


Chocolat au caramel salé:La Rivière aux Émeraudes

J’avais vu des photos de cet endroit mais je n’y étais pas passé il y a deux ans. Mais là! Au détour d’un sentier qui me fera dire “Et voilà! C’est là que le plaisir commence!”, puisque ceprésente l’image que j’avais gardé du parcours (boue, escarpement, bref un défi mental pour moi), nous arrivons sur le bord de cette fabuleuse rivière. Elle est belle, la chute que l’on aperçoit au bout aussi, mais les roches sont glissantes et je remarque qu’il faudra aller dans l’eau de toute façon pour une petite section. Alors, pourquoi tenter de sauver les pieds plus longtemps. Je retourne dans l’eau. C’est dans cette rivière que je me fais dépasser par le premier de la troisième vague. Et bien! Il est vraisemblablement plus rapide que moi! Au sortir de cette rivière, un escalier croche à franchir les espadrilles mouillées et glissantes avant de retourner dans le plaisir de la Trail!

Chocolat noir: La boue

Je l’avais dans mes souvenirs. Cette boue omniprésente et de couleur rougeâtre. J’avais espéré qu’elle serait moins là, mais non. Quoi que! Cela ajoute du défi et du charme à l’activité! Les premières bouchées arrivent dès que nous quittons le chemin de fer pour monter sous le viaduc. Déjà, je dois mettre mes mains au sol. Des marres de boue sont présentes sur une bonne partie du parcours. Je sais pertinemment que mes pieds seront humides et sales, je ne tente donc pas de les éviter. Par contre, j’opte régulièrement pour les côtés puisque cela est souvent moins profonds. Mais lorsque ce n’est pas possible, je ne perds pas de temps et je passe dedans. Je sens alors la boue et l’eau pénétrer dans mes souliers et se faire un chemin entre les orteils. 

J’ai glissé à cause de ce chocolat, je me suis retenue pour ne pas tomber à cause de lui, mais je n’ai pas toujours réussi! Effectivement, alors qu’il restait entre 2 et 3 kilomètres, que je retournais dans un boisé que je n’avais pas vu il y a deux ans, je suis tombée assise dedans! Et bien! Maintenant c’est chose faite! J’ai les mains et les fesses bien boueuses!

Chocolat à la noisette: Les hauteurs

Tous ceux qui me connaissent le savent; les hauteurs, ce n’est pas pour moi. Je savais pourtant qu’il y aurait des sections à faire qui iraient jouer dans mes craintes, mais je me suis inscrite quand même. La beauté de cette activité réside en partie dans le dépassement de soi; et pour moi, cela en est un!  

Je l’ai vécu à plusieurs reprises sur le sentier. Premièrement, juste avant la rivière aux Émeraudes. Une section que je n’avais pas faite et qui nous place sur le bord d’un escarpement (ok!ok! c’était peut-être moins escarpé que je le crois… la perception est parfois différente quand la peur embarque!).

LE fameux pont de bois que j’avais traversé la première fois avec un stress intense est encore là lui! Je m’étais dit: si l’eau n’est pas haute, tu passes dedans. J’essaie de le traverser en hauteur, mais je refuse de le compléter. Je rebrousse chemin, passe dans l’eau. Mais aucune prise me permet de me hisser de l’autre côté. Je dois donc passer par-dessus ma peur et traverser le pont, avec des espadrilles glissantes finalement. Je l’ai fait de manière plus rapide, mais avec autant de fierté! 

En poursuivant ma route, je croise un éboulis. Une pareille situation me ferait faire demi tour à l’ entraînement. Mais comme ce n’est pas le cas, je monte, utilise mes mains et me tiens à ce que je trouve (branches, racines, arbres). Je le passe avec un bonheur immense! 

Les cordes qui aident à monter et à descendre certaines petites sections (voire ici que je ne parle que de la première partie avant l’Anse-à-Beaufils) sont là. Sans les appréhender, j’espérais les utiliser de meilleure manière que la précédente expérience. Et oui! Chose faite! Lorsqu’elles sont pour les descentes, je réussis à me tourner et à les utiliser selon une technique pour pourrait s’apparenter au rappel de l’escalade. Je ne crois pas être aussi habile mais c’est toujours mieux que ce que j’avais fait! Fierté x 1000!

Juste avant le ravito de l’Anse-à-Beaufils, il y a la nacelle auto-tractée. Je me souviens qu’elle ne fonctionnait pas et qu’il y avait une autre rivière quelques pas plus loin. Alors je ne l’essaie pas et je passe dans la rivière. Sur l’autre rive, je vérifie les cordes; la nacelle aurait fonctionné, mais cela aurait été en dehors de mes capacités (en plus, il y a un autre choix!).

Quelques escaliers, croches et avec des marches en moins, sont aussi au rendez-vous dans l’entièreté du trajet. Tant que je peux me tenir, j’arrive à circuler. C’est au moins ça!

Chocolat aux bleuets: Les rencontres

Dans ce genre d’événement, qui prend plusieurs heures à compléter, il est évident que nous finissons par rencontrer des gens. La première fois, j’avais fait près de la moitié du parcours en trio. La vie étant ainsi, cela ne se passera pas de la même façon, même si j’ai eu plusieurs pensées pour eux (Playmobil!).

Cette fois, les gens ont croisé ma route pendant quelques instants seulement. Il y a eu tout ceux du 100 et du 150, qui, après quelques mots d’encouragement poursuivent dans leur direction. Sauf la dame au ravito de la Commune qui me parlera du plaisir à avoir en descente puisque cela est dû « gratuit », du fait qu’il lui reste vraiment beaucoup de kilomètres à faire et à qui je dirais que je penserais à elle dans la descente abrupte en utilisant la corde pour rester debout! 

Il y a eu le coureur ayant besoin de sel pour faire passer ses crampes. Un petit don et c’est reparti pour moi! 

Et cette dame qui me dira, après le sommet du mont Ste-Anne qu’il ne reste que 3 kilomètres. Elle me dit être dans les sentiers depuis environ 6 heures et être la dernière du 25. Je prends le temps de m’arrêter, de lui dire que ce n’est pas ce qui importe d’être la dernière, que dans 3 kilomètres elle aura fini et qu’elle sera fière d’elle, avant de repartir sur un “Merci” de sa part. 

Chocolat aux cerises!


Mais pendant les 9h08 qu’a durée mon aventure, il y a eu du chocolat aux cerises (pour certains ce n’est pas positif, mais moi je l’aime bien ce chocolat)! 

L’organisation de Jean-François Tapp qui, malgré les contraintes, a réussi à nous accueillir sur la plage des Pêcheurs avec son discours en salopette de pêcheur. Mais aussi  toutes les équipes de bénévoles qui nous accueillent avec le sourire; bon ok! on ne le voit pas sous le masque, mais on sent bien qu’ils sont heureux d’être là et de nous aider. Merci!

Mon équipe de soutien qui me fait un “Pit stop shoes” et qui me rejoint sur la route avant d’entrer dans le vrai sentier de la Rivière aux Émeraudes. Eux-mêmes qui, je le saurais par la suite, ont volontairement pas lu mes messages disant que je serais plus tôt que prévu à l’Anse-à-Beaufils pour que je crois qu’ils n’y seraient pas. Ils sont arrivés trop tôt au Gargantua et ne m’ont pas attendu. Une chance!  Ils auraient dû me motiver pour poursuivre. Ayant tellement glissé et m’étant bien retenue pour ne pas tomber, j’avais mal au dos et je pensais arrêter. Le fait qu’il n’y soit pas aura eu comme effet de me faire poursuivre car cela n’était pas une blessure, mais une douleur musculaire qui n’entraverait pas le reste de la saison. Et la présence à l’arrivée est toujours un bonheur! 

Mon équipe de soutien à distance, dont mes parents, belle famille et amis font partie, qui ont envoyé des messages et du support moral en pensée. Les gens présents ont alimenté Facebook et Messenger pour que je vois le support des gens. Merci à vous trois!

Pour y arriver, et pouvoir déguster tout ce plaisir, j’ai encore profité des conseils/ plans/ encouragements (avant- pendant- après) de Renée Hamel. Grâce à toi, je prends plaisir pendant tout ce temps! 

Pendant tout ce temps, j’ai pu déguster un dénivelé plus élevé que prévu, voir des paysages magnifiques et profiter de la vie!

La Trail, c’est comme une boîte de chocolat… on ne sait jamais sur quoi on va tomber! Inspirée de Forrest Gump.