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MON PREMIER DNF

[3 h 30 | 0 h 0 min | 0 km]

Il est présentement 3 h30 du matin. #ouch J’ai vraiment pas beaucoup d’heures de sommeil dans l’corps, mais malgré tout, j’me retrouve ben crinqué, le sourire étampé dans face, sur la ligne de départ.

Étant donné qu’malgré mon intensité naturelle j’reste tout d’même capable d’apprendre de certaines de mes erreurs et que j’suis ben conscient qu’mon corps est loin d’être au sommet d’sa forme, j’commence ça ben plus smooth que l’an passé… #wiseguy

J’garde le contrôle et j’essaie d’pas trop m’laisser emporter par la frénésie du départ. Ça tombe ben, mon départ plus relax fait que j’me retrouve dans un groupe pas mal plus sage… On y va « un pas à la fois » et on n’a freaking pas peur de marcher en montant les côtes. #nofear

C’est bien parti!!

Malgré les quelques fois où l’on s’est un peu perdu, c’est pas mal nice. La nuit est chaude, j’fais de belles rencontres, les sentiers sont freaking beaux et assez techniques… Sans parler du mood créé par nos frontales qui percent la noirceur de la nuit… Ya pas à dire, j’me sens vraiment dans mon élément!!

Mais là, même si tout est pas mal beau durant les premières heures, j’arrive quand même à faire 2 bonnes chutes dans la première grosse descente [vers 4h30]… Et à la deuxième shot, j’me refoule le pouce droit assez solide… Damn! Je l’réalise pas sur le coup, mais cette blessure, plutôt bénigne, va m’compliquer la vie, pas à peu près, les quelques fois qu’j’essaierai d’aller aux toilettes en mode « sprint »… hehe!!

Malgré tout, ça reste freaking agréable!! On jase, le monde est sympathique et le lever du soleil est juste freaking sublime!!

[7 h 00 | 3 h 30 min | 26 km]

Pis là, soudainement, au 26e km, pareil comme l’an passé… BAM!! Les crampes aux jambes commencent… Au début, c’est pas mal juste les quadriceps et j’reste capable de continuer à courir malgré la p’tite douleur… Mais après un bout’, mes ischio-jambiers (hamstrings) se joignent au party, et ça, c’est pas mal plus limitant. J’arrive presque plus à plier ma jambe, donc j’suis pu vraiment capable de courir… Pas l’choix, j’dois me résoudre à marcher.

Quelques pas plus tard, le ciel qui s’était couvert un peu après le lever du soleil, décide que c’est là qui commence à pleuvoir… #whynot

J’suis toujours pogné à marcher, pis j’commence à avoir pas mal frette… J’vous dis qu’la possibilité d’abandonner au ravito du 35 km devient de plus en plus tentante…

[8 h 20 | 4 h 50 min |33 km]

Arrivé au ravito, l’énergie des bénévoles me r’crinque, et le moral, qui est pas mal le meilleur ami du coureur dans ce genre de situation-là, revient peu à peu.

En plus, nos drop bags et leurs précieux contenus de linge sec nous y attendent sagement.

J’change donc de bas et j’en profite pour mettre mes bas en gore-tex… Même chose pour le haut, le t-shirt prend l’bord et j’mets un gilet en merino et mon imperméable… J’me prépare à avancer freaking lentement sous la pluie… Vaut mieux être bien habillé pis pas avoir frette.

J’essaie aussi d’figurer qu’est-ce qui s’passe avec mes jambons… Contrairement à l’an passé, j’ai pris des capsules de sel à 2 reprises depuis l’début d’la course… J’ai aussi l’impression d’boire sur une base assez régulière…

So, what’s going on?!? Qu’est-ce que j’ai avec cette course qui m’donne des crampes à chaque fois? C’est-tu mon manque de sommeil ? Mon alimentation un peu d’marde dans la dernière semaine? À ce moment- là, j’en ai juste aucune espèce d’idée…

Pas vraiment d’autres choix par contre que de continuer, pis d’essayer d’ingérer le plus d’électrolytes possible… Donc, hop! Une autre capsule de sel, de bonnes grosses gorgées de bouillons d’poulet, 3-4 patates bouillies avec ben du sel…

 [8 h 40 ­­­| 5 h 10 min | 33 km]

Me revoilà reparti sur le sentier, accompagné par les cris d’encouragement des bénévoles qui m’motivent comme c’est pas possible. #cestpasfinitantquecestpasfini

Un peu primé, j’me dis  que j’vais au-moins continuer jusqu’au 40e km…

Après quelques mètres à la marche, j’sens même l’énergie revenir et j’tente quelques pas d’course… Ça passe! Je recommence donc à courir tout en enlevant les couches que j’avais mises en prévision d’ma marche agonisante sous la pluie. Parti comme ça, j’ai pu vraiment d’excuse pour arrêter avant d’avoir au-moins complété un marathon… J’vise donc maintenant le 42e km.

[9 h 30 | 6 h 00 min  (40 km)

Mais là, y’a pas juste le moral qui fait un retour inattendu, y’a aussi les crampes… Pis les maudites ont pas l’air d’vouloir m’laisser tranquille cette fois-ci.

Malgré tout, j’essaie de garder mon bon moral et d’enjoyer l’fait que j’suis en train de m’promener dans le bois… Faut pas l’oublier ça! C’est ben beau d’souffrir un peu, faut quand même que j’sois conscient d’être en train d’faire LA chose que j’aime le plus faire au monde.

Au pire, j’me dis que j’vais juste continuer à marcher dans l’bois aussi longtemps que j’serai pas obligé d’abandonner dû aux cutoff… #thatsthespirit

[10 h 20 | 6 h 50 min | 45 km]

Je recommence même à courir malgré les crampes lorsque j’ai la chance de rencontrer une locale qui fait sa p’tite sortie d’course et qui a bien voulu m’accompagner pendant un p’tit bout’. C’est pas mal cool… On jase surtout des beautés de la région et son énergie positive est définitivement contagieuse.

Mais après quelques kilomètres, j’dois malheureusement ralentir et la laisser aller parce que mes jambes meurtries refusent de continuer à courir dans les pentes un peu plus raides qui se dressent sur notre chemin.

Suite à ce p’tit boost, j’me dis que j’suis ben capable de continuer à courir jusqu’au prochain ravito. Let’s go, mon JM!!

[11 h 15 | 7 h 45 min | 49 km]

Arrivé au ravito, j’me retrouve devant ma bête noire de l’an passé : une méchante grosse ascension le long d’une pente de ski. J’me rappelle de l’avoir trouvée freaking rough l’an passé et j’me dis qu’ce serait un peu lâche d’abandonner juste avant d’affronter ce monstre.

J’fais donc le plein de glucides, d’électrolytes et d’encouragements d’la part des bénévoles et j’me lance sans y réfléchir trop longtemps… On sait jamais, j’pourrais peut-être me convaincre de chocker… hehe!!

J’attaque cette côte pas à peu près! J’donne tout c’qui m’reste et je recommence soudainement à aller mieux… Mes jambes vont bien, le moral est bon… C’est genre ma meilleure montée d’la journée! Revigoré par cette nouvelle énergie inattendue, j’décide de continuer à m’donner une fois arrivé au sommet.

[12 h 10 | 8 h 40 min | 52 km]

Après avoir couru à un bon rythme pendant environ 2 km, j’frappe un mur et mon corps tout entier flanche.

On dirait qu’ma tête s’était mindée afin d’relever ce dernier défi, qu’elle avait été capable de trouver des réserves d’énergie au plus profond d’mes trippes, mais qu’après avoir tout donné, elle se rendait ben à l’évidence qu’il ne me restait absolument plus aucun jus…

Ceci étant dit, mon calvaire ne faisait que commencer parce qu’il fallait bien que j’continue d’avancer afin de m’rendre au prochain ravito, question d’abandonner dans les règles de l’art.

En continuant, mon esprit s’évade, revient… J’ commence même à entrevoir la possibilité de continuer et d’finir la course en dernière position juste avant le cutoff… Ouins, me semble que ça pourrait être cool ça, finir en dernier…

Par contre, quelques minutes après cette merveilleuse idée, une douleur sournoise, qui ressemble étrangement à mon ancienne fracture de stress au tibia gauche, apparait comme pour me dire que peu importe mes plans et mes désirs, j’ai bel et bien atteint ma limite.

Le corps n’y est plus… La tête et le cœur non plus.

Les derniers kilomètres sont dans les plus pénibles que j’aie parcourus de ma vie.

[13 h 38 | 10 h 20 min |58 km]

Arrivé au p’tit ravito « surprise », on m’informe que j’peux arrêter ici si je l’veux… Pis c’est exactement c’que j’décide de faire : abandonner au 58 km, drette-là, fini, done!

J’dois vous avouer par contre que j’suis tout de même freaking fier de m’être poussé autant malgré la douleur et un mental plutôt affaibli.

C’est donc exténué, mais le sourire aux lèvres que je retourne à ma tente après une ride offerte chaleureusement par l’un des bénévoles.

That’s about it!!

J’vous l’dis, ce DNF m’a vraiment permis d’confirmer l’fait que j’adorais ce sport et le combat mental qu’il nous pousse à avoir avec nous-mêmes…Mais c’est pas juste le sport que j’aime, c’est aussi la communauté qui gravite autour… Tout au long de cette course, j’ai vécu et ressenti encore plus l’importance de tous ces bénévoles qui se donnent à longueur de journée pour nous faire vivre de telles expériences.

MERCI À TOUS CES BÉNÉVOLES!! VOUS ROCHEZ ET VOUS AVEZ VRAIMENT FAIT’ LA DIFFÉRENCE POUR MOI CE JOUR-LÀ!!

PS : Ceci a été mon premier DNF, mais c’est aussi mon tout premier récit de course… Je sais pas si ça va devenir une habitude, mais j’peux vous dire que j’ai tout d’même apprécié cette première expérience! N’hésitez donc pas à m’donner vos commentaires… Spécialement si vous vous êtes rendus jusqu’à la fin… hehe!!