Il y a les amis. Et il y a les amis de trail. Ceux-là sont dans une classe à part. Ils partagent ta passion. Ils comprennent exactement ce que tu vis. Ils t’ont vu plus d’une fois vulnérable, après une éternité passée dans les sentiers. Parce qu’après autant d’heures à courir dans le bois, tu ne peux plus faire semblant que tout va bien. Exit la coquille. Ils ont accès à ton vrai toi, avec tes qualités, tes défauts, tes rots, tes pets, tes états d’âme et tout ce qui vient avec. Tes amis de trail finissent par te connaître extrêmement bien, parfois mieux que toi-même.
C’est grâce à eux si tu te bottes le cul pour te lever avant le soleil pour aller courir des heures en forêt, alors que tu aurais pu faire la grasse matinée. C’est grâce à eux si tu préfères passer ton vendredi soir sous le déluge plutôt que d’être évaché sur ton divan à regarder Netflix. C’est grâce à eux si tu enfiles tes espadrilles sans te poser de questions. Parce que tu sais que, peu importe les conditions météo ou ton état du moment, tu passeras du bon temps.
Mes amis Fanny et Dominic font partie de cette catégorie. Depuis mes premiers pas en trail, en mai 2016, je cours avec eux. Je ne compte plus les longues sorties qu’on a pu faire ensemble, en préparation à une grosse course. Puis, le jour venu, on la commençait ensemble, en trio. Mais on finissait toujours par se séparer un moment donné. C’était entendu comme ça dès le départ. Chacun irait à son propre rythme.
Dimanche matin, pour notre cinquième course en trio depuis trois ans, on avait décidé de la jouer autrement. Le Bromont Ultra 80 Km, on le courrait ensemble jusqu’à la fin.
Team work
3 h 30. Centre équestre de Bromont. Frontales, fine bruine. Nous sommes environ 120 à prendre le départ. Fanny et Dom sont à côté de moi. Mes amis Tommie Anne et Richard aussi. On part ça en groupe, mais Fanny et Dom prennent un peu d’avance pendant que je jase non stop avec les deux autres. On entend que nous sur le sentier brumeux. Désolé pour les autres coureurs qui auraient peut-être voulu un peu de silence.
Ça a pris une bonne dizaine de kilomètres avant que je rejoigne Fanny et Dom, dans la longue montée bouetteuse du lieutenant Dan. Après avoir longuement cherché notre chemin à tâtons, dans les nuages au sommet du mont Brome, nous sommes redescendus au premier ravito, celui de nos amis Éric et Édith, au P5, 15e km.
C’est là que j’ai fait, encore, la gaffe de boire du Pepsi non dégazéifié. Je le savais en plus… Mon estomac n’aime pas ça. Résultat: j’ai eu des problèmes de digestion jusqu’au prochain ravito, au 35e km, chez Bob. Vingt longs kilomètres de passage à vide où je me demandais bien dans quoi je m’étais embarqué, seulement quatre semaines après le 125Km d’Harricana. Je commençais à le regretter un peu. Autant je n’avais pas vu le temps passer lors des 15 premiers kilomètres, autant les 20 suivants étaient interminables.
Avoir été seul, j’aurais alors marché de grands bouts. Mais Dom et Fanny m’ont tiré. Pas le choix de les suivre.
Le Pepsi gazéifié a fini par passer et les petites nouilles chez Bob m’ont redonné un peu de pep. Une douleur au pied m’a par la suite joué dans la tête, mais un taping au ravito du P7, au 46e km, a réglé le problème.
Plus loin, Dom et Fanny ont tour à tour connu des bouts plus difficiles. Chacun a pris le relais en avant, pour tirer le plus lent du moment. Pas question de laisser quelqu’un derrière. On allait la finir ensemble, cette course! Au diable le chrono et le classement personnel.
Et c’est exactement ce qu’on a fait. Au bout de 12 heures et des poussières, on a franchi le fil d’arrivée côte-à-côte. Fatigués, mais heureux comme jamais d’avoir pu partager cette journée mémorable entre amis. Une chance qu’on s’a!
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Durée | Distance | Dénivelé |
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km | m | |
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