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Un brin de folie

J’y suis habituée par maintenant. Les sourcils haussés. Le silence estomaqué. Les yeux ronds. Ce sont les réactions habituelles des gens lorsque je leur dis que j’ai couru 65 km samedi dernier. Certains ne me croient pas, au début. Je lis l’incompréhension dans leurs yeux. Honnêtement, ça m’est égal. L’on me dit que c’est incroyable, que je dois être surhumaine. D’autres me disent que je suis carrément folle. Cela me fait rire. Car, selon moi, ce que je fais quotidiennement est bien plus fou que de courir 65 km dans les bois.

Je suis étudiante en génie civil à l’Université de Sherbrooke. Et, tous les jours, sans faute, je cours à l’université. Non, je ne cours pas sur la piste de course, ou autour du campus. Je fais l’aller-retour de chez moi jusqu’à l’université, et vice-versa. Je ne prends pas l’autobus, je ne conduis pas mon auto. Qu’il pleuve, qu’il neige, qu’il fasse +30 degrés ou que les trottoirs soient glacés, de jour ou de nuit, je cours. Avec mon sac à dos et mes livres. L’université est à 7 km de chez-moi. Ça monte pour l’aller, ça descend pour le retour. Ça me prend en moyenne 40 minutes, deux fois par jour.

Des fois, je dois avouer que mon choix de déplacement est effectivement un peu fou. Je me lève à 5 h 45 tous les matins, car je dois prendre ma douche une fois arrivée à l’université. Je dois m’amener des vêtements de rechange. Le soir, j’ai besoin de ma lampe frontale, surtout l’hiver. Après les cours, je dois renfiler des vêtements de course humides et, l’on va se le dire, nauséabonds. Alors, pourquoi faire tout ça? Vous le savez bien, je vous l’ai avoué au tout début : ça prend un brin de folie pour courir 65 km, il faut donc faire preuve de folie à tous les jours. Ce devrait être un pré-requis. Et le pire dans tout ça? Je m’amuse malgré tout.