J’ai toujours aimé l’UTHC. Ma première édition était celle de 2016. Bel événement accessible à tous, sans trop de contraintes et où on peut courir pour le plaisir et la fierté de finir notre distance. Prendre le temps de savourer les paysages et la trail elle-même.
Sauf à partir de cette année. Et je l’ai appris en plein dedans.
Il faut dire que j’ai participé à 32km sur les 50 de la distance à laquelle j’étais inscrite du Québec Méga Trail plus tôt en saison. Coupée à la barrière horaire au ravito du sommet du Mont Sainte-Anne. Tout comme le tiers des gens qui ont pris le départ. Suite à cette défaite « coup de pelle ronde en plein front » à mon estime personnelle, j’ai redoublé d’ardeur à l’entraînement. J’ai bien fait mes devoirs comme on dit. Mais c’était impossible pour moi de gagner 3 minutes du km en vitesse en deux mois. De plus, un pépin mécanique aux cheville est présent depuis le printemps.
Donc, l’UTHC 65km! Je voyais cette course comme un cadeau de moi à moi. Ma course préférée. J’avais hâte! Nous étions 6 de ma gang à prendre ce départ. Le plan: chacun pour soi et on se rejoint à l’arrivée pour fêter!
Mon départ n’a pas été super winner. Mes chevilles se sont tordues dès le début.. déception! De plus, j’étais trop essoufflée… tsé pas une bonne journée.. je me suis dis « enjoy » ta journée pi aweille! Finalement ma chum de trail a changé son plan de le faire chacune pour soi et est revenu vers moi au 5eme km. Elle tenait à le faire avec moi. Ça faisait mon affaire! Comme elle est plus rapide, je mettais tout l’effort que je pouvais pour qu’elle n’attende pas trop. J’ai même couru à des sections où les 3 autres fois je marchais. Je trouvais que je m’étais vraiment amélioré. Le corps et le mental allaient super bien!
Soudainement, dans un chemin de VTT où les dernières années on pouvait courir et qui était assez long, on nous en fait sortir après quelques mètres seulement.
Le parcours a changé. C’est maintenant une single track technique où je suis incapable d’accélérer.. yé. Et je ne sais pas à quoi m’attendre.. et il me semble que ça ne finit pas de grimper. Dommage pour le chrono. J’espérais en secret de finir ça avant mes temps précédents..
Au ravito du km 41, après avoir rempli nos sacs d’eau et le bedon, on nous annonce que que cette année, les temps de passage sont respectés à-la-lettre!! Je sais que les éditions précédentes ils laissaient les retardataires terminer s’ils étaient en bon état. Pour avoir pris 2h de plus que le temps alloué (problèmes digestifs..) et terminé bonne dernière en 2017, je tenais cette latitude pour acquise. Notre interlocutrice qui s’impose à nous dit qu’on doit faire vite parce qu’on a juste 1h30 pour faire les 7km nous séparant du prochain ravito. Mme sèche-bête ne se gêne pas pour nous faire sentir poche et nous rappelle qu’on doit avancer rapidement. On repart très vite, secouées… Une chance on avait eu le temps de faire le plein. Mais là on stresse. On pousse au mieux.. on ne dira plus rien avant une grosse heure. L’humeur n’est plus joyeuse. En fait on ravale nos idées noire chacune de notre côté.
Rendu au km 48, au ravito, au lieu de «bonjour» c’est un « on ferme à 4:19 ». L’homme qui nous accueille n’a visiblement jamais couru et ne comprend pas qu’on stresse. Il est 4:16:57. Ce qui veut dire qu’on doit être reparti avant si non on fini là et sans fla-fla. Ce qui est hors de question! No way pas un autre DNF dans la même saison! Sans plus attendre on file. Au «yabe» l’eau pi la bouffe!
Là, on a le moral sous zéro, sous les bottines. Ma chum songe même à retourner au ravito pour ne pas se casser le derrière pour rien.. tsé on n’y arrivera jamais. Aussi bien revenir en vtt et faire une promenade! On sait même pas si le trajet a encore changé pour la portion qui nous attend. Elle a les pieds tout déformés par d’immenses ampoules et elle souffre.. Moi j’hésite. Je me fais des scénarios sur comment expliquer mon DNF. En même temps c’est pas impossible. Je ne veux pas lâcher le morceau sans avoir eu l’impression d’avoir tout fait.. je ne veux pas regretter… les regrets j’haïs trop ça… je décide d’essayer et de tout tenter. Que ça se peut! Oui! Ça se peut! Je passe devant en annonçant que je fonce! Ma consoeur décide de me suivre. Ça y allait par là! Fatiguée ou pas, let’s go! Vite vite, ne pas arrêter, ne pas marcher.. ça crie dans ma tête comme un général d’armée crie sur sa troupe qui traîne trop à son goût.
Les poumons et les jambes en feu, on arrive avec un 15 minutes d’avance au dernier ravito. Nos visages en disent probablement long. Les gentils bénévoles nous accueillent très relaxe, nous disent même de se calmer avec la barrière horaire… On n’y comprend plus rien… allo la contradiction! On passe droit juste au cas. Et comme on passe la ligne imaginaire, on a les émotions dans le plafond. Les larmes et les sacres typiquement Québécois fusent.. ce qui fait bien rire une coureuse qu’on rejoint. On vient de réaliser que oui, on va pouvoir finir et passer sous l’arche!! Alleluia!!!! On
Finalement on a fini 23 minutes avant la fermeture de notre distance. Soulagées et fières MAIS écœurées de stresser de se faire couper. Pas eu de fun le tier du temps. Trop préoccupée par le chrono, mon général d’armée intérieur a pris toute la place. Je n’ai pas profité du moment ni de l’événement. Je n’ai pas remercié les bénévoles où on a passé trop vite.
Ça aurait été quoi de mentionner d’avance la modification de parcours et le respect à-la-lettre des temps de passage qu’on s’y fasse?
Je souhaite sincèrement qu’un jour, il y ait des courses, peut-être sans les points Itra, où on nous laisse terminer quand la mécanique tient toujours, et surtout quand, il y aura des coureurs sur ce même parcours pendant encore plusieurs heures! Pouvoir courir au pace du bonheur comme sur la route.
C’était mon 3ème 65km et l’an dernier j’ai complété le 80km dans les temps.
L’an prochain? On s’en reparle dans 365 jours!