J’ai attendu 7 ans avant de courir l’Ultra-Trail Harricana. J’étais beaucoup trop occupé comme organisateur, et stressé, pour même l’envisager. J’ai donc fait l’annonce de ma participation l’an passé durant le postmortem à l’équipe et tous étaent confortables avec cette idée.
Me voici enfin sur la ligne de départ, 7 ans plus tard, dans le parcours tant imaginé de La Traversée de Charlevoix. Je connais le parcours par cœur, je le balise depuis 7 ans, je le nettoie depuis 7 ans, je m’y entraîne depuis 7 ans. Je suis chez moi, dans mon Charlevoix, il fait froid, très froid.
Mohammed est inquiet. Il arrive du Maroc, c’est sa première nuit dans le froid de l’automne Charlevoisien. Il est là, à mes côtés et il sait qu’il faudra bien manger durant la course. Je prends le temps de souhaiter une bonne course à Simon P., Jean F., Marc-André B et Steeve P.. Ils n’ont pas de dossard et ils n’en auront pas besoin, se sont les gardiens et les anges de la course.
Le vent est fort, on arrive à peine à entendre les notes de la cornemuse du départ.
C’est parti pour 125 km. Mon objectif secret est de conclure en 18 h, mais mon potentiel réel est, disons-le, plus près de 20 h. On verra comment le moteur et les jambes se comportent; de toute façon je suis en confiance et j’ai assez d’expérience pour passer à travers. Je pars calme et libéré.
La suite de mon texte est pour vous aider à préparer votre Harricana 125 km :c’est de la théorie. Le parcours est technique comme la plupart des sentiers dans l’est de l’Amérique, mais loin d’être impossible. On est dans des sentiers pédestres rustiques en plein coeur de la forêt boréale. Si vous avez déjà marché quelques sections de La Traversée de Charlevoix, ou comme Scott Jurek dans la Appalachian Trail, vous savez de quoi je parle.
Courir dans ces sentiers devient vite épuisant si on ne se préserve pas. Par contre, vous serez complètement transporté dans une épopée canadienne, traversant des points de vue à couper le souffle, des lacs, des ruisseaux. Vous partagerez la forêt avec la faune. Pourquoi pas une petite cueillette de bleuets ou de champignons? C’est une expérience enrichissante de passer 24 heures en nature et même si c’est sauvage, le parcours est hautement balisé sans laisser la chance au coureur de prendre des décisions : c’est très clair.
https://www.facebook.com/evharricana/videos/201189837298111/
On est sur le nouveau parcours du 125 km pour 25 kilomètres : c’est le sentier des monts du Lac-à-l’Empêche et Du Four. Il fait noir, très noir et la nature est rare, nous sommes dans la taïga. Il faut être patient, le sentier est étroit et vous êtes peut-être dans un peloton de milieu. Le sentier se termine au passage de la première station de ravitaillement l’Écureuil. On doit maintenant courir dans un sentier descendant pour 10 km vers le pied du Mont des Morios.
- Départ à 5 km / Route de gravier
- 5 km à 15 km / Difficile sentier pédestre étroit et très technique. Exposé au climat (600 m D+).
- 15 km à 25 km / Facile sentier pédestre technique descendant (500 m D-).
Arrivé au pied du Mont des Morios il y a un point d’eau sans services. Faites le plein et préparez-vous à grimper même avec vos mains.
- 25 km à 35 km / Difficile boucle du Mont des Morios. Vue 360 à couper le souffle.
Après la boucle des Morios, c’est le temps de refaire des forces à la station de la Marmotte. Si vous avez une équipe de soutien, elle vous sera utile pour vous rappeler que si vous n’avez pas eu un petit coup de barre pendant la montée des Morios, vous l’aurez pendant la longue montée de La Noyée.
- 35 km à 38 km / Section de reprise, très large. Route de gravier avec un petit kil omètre de sentier.
- 38km à 50 km / Difficile sentier pédestre étroit et technique (650 m D+). Vous vous dirigez au sommet de la Noyée, un mont au profil d’une femme se noyant sur l’eau.
Bravo, vous êtes maintenant à la station de la Chouette. C’est la plus éloignée et la plus difficile d’accès. Abandonner à cette station demandera de la patience avant de vous rapatrier à La Malbaie. Pourquoi ne pas essayer de vous rendre à la prochaine?
- 50 km à 60 km / Section facile et large dans une route de VTT. La difficulté est que vous allez descendre sans cesse (500 m D-).
Bonne nouvelle vous êtes à mi-chemin dans un espace civilisé. Vous êtes à l’accueil du parc des Hautes-Gorges. C’est une grande station animée avec votre sac d’appoint (drop bag) ou peut-être que votre équipe vous y attend? C’est le moment de faire le bilan de votre première partie. C’est loin d’être terminé, il reste une longue section technique, la coulée Chouinard, dans la prochaine partie. Elle vous paraîtra très difficile si vous êtes fatigué, alors prenez le temps de récupérer et de repartir tranquillement, en marchant.
- 60 km à 68 km / Plat, facile et large. Route de gravier en direction du point d’eau le Geai Bleu. S’il fait soleil, ça va taper sur la tête, prenez garde aux rayons.
Station le Geai Bleu. C’est qu’une station d’eau, faites le plein avant d’entreprendre la suite qui est très difficile.
- 68 km à 79 km / Difficile sentier humide et étroit. Vous remontez un ruisseau sur 500 m D+. C’est la dernière section exténuante de l’Harricana 125 km. Des passages de boue, des ponts, barrage à castor, de magnifiques lacs. Vous êtes profondément dans la forêt et elle est dense.
- 79 km à 82 km / Sentier technique mais on est passé la coulée. Le chemin deviendra un peu plus large pour les VTT après avoir traversé deux routes majeures de gravier.
La station du Coyote. C’est la station avec le plus d’abandons. Les coureurs n’en peuvent plus et ils sont fatigués. Pourtant, la suite est tellement accessible. Le dernier marathon est roulant. Si vous passez le Coyote, vos chances de succès sont énormes. Si vous vous préservez jusqu’au coyote, vous pourrez courir vite après, encore faut-il avoir les jambes. Avez-vous mis votre frontale ?
- 82 km à 86 km / Sentier qui débute étroit et technique par endroit pour devenir un sentier de VTT facile.
- 86 km à 92 km / Sentier facile de VTT en montée (200 m D+).
- 92 km à 95 km / Facile chemin forestier en descente rapide. ATTENTION de bien tourner à droite à la cache du chasseur.
- 95 km à 100 km / Sentier étroit et technique. Sans dénivelé. S’il fait noir, cette section demandera de la concentration, courage vous êtes presque à la station de l’Épervier. Le dernier kilomètre de cette section est dans un chemin forestier.
L’Épervier est une station avec du signal cellulaire. Elle est à quelques kilomètres de course du Mont Grand-Fonds.
- 100 km à 107 km / Difficile sentier étroit, l’approche est longue. C’est la dernière section qui demande autant d’agilité et de concentration. Vous monterez 200 m D+ et vous redescendrez. Vous sortirez de la section technique d’un élan pour faire le dernier kilomètre dans un sentier de VTT.
La station du SPLIT. Le public et votre équipe de soutien peuvent aller vous y encourager et vous êtes maintenant arrivés dans les sentiers du Mont Grand-Fonds. Vous êtes à 15 km de terminer votre épreuve de 125 km.
107 km à 114 km / Sentier de VTT et étroit par endroit. Dernière montée de votre parcours en direction de la Montagne Noire. Vous verrez les antennes cellulaires sur le sommet, mais ne vous inquiétez pas, vous n’aurez pas à aller au sommet.
Dernière station, la Montagne Noire.
- 107 km à 119 km / Sentier de VTT et forestier en descente.
- 119 km à 123 km / Sentier dans une piste de ski de fond en montagnes russes. Vous êtes dans une section humide et, selon la saison des pluies, vous aurez de la boue à esquiver ou à traverser. Cette année, c’était sec.
Ligne d’arrivée. Vous êtes maintenant un ultra trail runner de l’UTHC. Félicitations!
À l’an prochain pour le deuxième acte. Je serai encore sur la ligne de départ du 125km et j’espère cette fois faire mieux. #jesuisloup