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Harricana, malgré tous les aléas de la vie

Je suis un gars d’objectifs. À chaque année, je me fixe une course objectif. En 2019, c’était le G100 en Gaspésie. Selon mon plan, après cette course, je me consacrerai au vélo de montagne. Mais la vie nous réserve parfois bien des surprises.

Lors du G100, je me blesse aux cuisses. Je me résigne à l’abandon après 95 km. Je suis vraiment déçu et je ne veux pas finir ma saison de course 2019 sur cette note. Je pars donc en magasinage d’événements que je pourrais faire, histoire de me reprendre. L’UTHC 125 km me semble donc l’option idéale. Mais à la fin juin, cette course affiche complète. Je ne me laisse pas démonter, j’écris à l’organisation et elle m’indique que je peux m’inscrire via la fondation Ultra Sports Science. Alors, je m’inscris.

Je vais voir mon physio pour me remettre sur pied le plus rapidement possible suite à ma blessure du G100 et je fais mes exercices avec discipline. Je me remets à l’entraînement progressivement. Avec ma femme, on me fait un horaire d’entraînement qui s’imbriquera à nos vacances et engagements. L’été n’avait pas été planifié en fonction d’un entraînement pour un ultra-marathon, mais on s’adapte.

Au départ, on devait aller à l’UTHC en famille pour ma femme qui prenait part au 42 km. Puisqu’elle a réussi sa course objectif en Gaspésie, elle décide d’annuler son inscription afin être mon crew. On va faire garder les enfants et y aller seulement en couple : moi comme coureur, ma femme comme équipe de soutien. Bon, on a un plan qui tient la route pour mon Défi 2019 – prise 2.

Mes deux semaines d’affûtage arrivent et on en profite pour faire du vélo de montagne en famille. Le samedi avant la course, ma femme fait une violente chute à vélo et se casse la clavicule. Hey merde! À moins d’une semaine de la course, ma femme est sur le carreau. Et on a deux jeunes enfants qui sont en pleine rentrée scolaire. Non mais quelle galère! Ma femme est catégorique : je dois y participer, avec ou sans elle. J’ai trop travaillé pour y arriver. On va trouver une solution.

Alors on révise encore notre plan. On annule le camping et on réserve un hôtel, une chance incroyable à moins d’une semaine de l’événement! Je modifie ensuite mon point de départ pour la navette. Nos amis Fred et Véro modifient aussi leur plan afin d’être présents aux ravitos. Mon beau-père se propose pour transporter ma femme de ravito en ravito puisque même si elle vient, elle ne pourra pas conduire. Bon tout y est, malgré tout, j’irai courir et j’aurai une équipe de soutien.

UTHC 125, j’y suis enfin. Et ma femme aussi y est. Avec un bras en moins mais elle y est. Malgré tous les aléas de la vie, on y est. Et j’ai bien l’intention d’en profiter. Le départ est donné. Je m’élance dans la nuit. Je savoure chaque moment. Le faisceau des centaines de petites lumières dans la nuit est magnifique. Je vis des moments privilégiés…crack! Ah merde mon bâton vient de casser. Non! Après à peine 15 km! Coudonc est-ce que je vais pouvoir la faire cette course?!

Je continue à courir avec un bâton et je pense à ma femme qui a juste un bras…on fait un beau couple. Au sommet du Morios, je suis récompensé par le plus beau panorama qui ne m’a jamais été permis de voir. Je me sens minuscule au milieu des montagnes qui sont à perte de vue. C’est tout simplement majestueux.

Au ravito de la Marmotte, je donne mes bâtons à ma femme. Je me résigne car ça ne me sert plus à rien de les garder dans cet état. Moi qui cours toujours avec des bâtons… Je me change et je repars. Après quelques problèmes digestifs, j’arrive finalement au ravito des Hautes-Gorges. Mon crew m’attend avec une merveilleuse surprise: mes bâtons réparés à l’époxy.  Non mais quelle chance j’ai d’avoir des gens comme ça dans ma vie! Je prends le temps de me reposer, de bien manger, de me changer et c’est reparti…avec mes bâtons version époxy!

Pour la 2ème moitié de la course, c’est comme dans la vie : des hauts, des bas, mais l’important c’est de continuer d’avancer. Mes bâtons me sont d’une grande aide. Je progresse bien, la fin approche. Je revois mon crew une dernière fois au Split où je commence à avoir l’esprit embrouillé. Le manque de sommeil et les longues heures d’effort commencent à se faire sentir. Mais je garde le moral et je repars pour le dernier droit. Prochain arrêt : la ligne d’arrivée!

La voilà enfin! Elle est là. J’ai réussi. Je rassemble l’énergie nécessaire pour sprinter le dernier 500 m et je traverse enfin cette ligne d’arrivée! Je suis vidé, mais ô combien fier de moi. Fier de nous, ma femme et moi. Fier de ce qu’on a accompli malgré les épreuves. On a continué d’y croire, on s’est adapté, on a persévéré. Le Défi 2019 Prise 2 est maintenant réussi! Heureusement, il n’y aura pas de Défi 2019 Prise 3. Seulement un Défi 2020 à déterminer.

Merci à ma femme Claude,

Mes amis Fred et Véro,

Mon beau-père Pierre,

Mes parents qui ont pris soin de nos enfants durant cette aventure,

Mon physio Hubert,

Merci à l’organisation et aux bénévoles de l’UTHC pour cet événement incroyable.

Et finalement merci à mes enfants, Samuelle & Romain, pour leur confiance absolue en mes capacités.