Oui, ce sont mes 2 enfants sur la couverture. Nous avons pris cette journée tous les 3 pour leurs faire découvrir le Mont du Lac-des-Cygnes. Ils ont fait ça comme des champions. Le pic-nic que j’avais préparé assis sur les roches tout en haut fut fort apprécié de tous. Ils sont évidemment une partie importante de ma vie. Comme tous les parents je prends beaucoup de décisions en fonction d’eux. Alors j’ai bâti ma préparation en fonction de passer du temps avec eux. J’ai bâti ma préparation en fonction de ma garde partagée. Il est pas question de conciliation ici. C’est autre chose ça la conciliation. Ce sont des choix qu’on fait. Moi je parle de mode de vie !!
Début du 4e et dernier bloc. Je commence ma 26e semaine sur les 36, avec une semaine de repos. 8 jours collés sans la moindre sortie. Semaine familiale avec de la visite de surcroît. Village Vacances Valcartier, Arbraska Chauveau, souper, etc. Maintenant qu’on peut voir du monde; pas vrai que je vais partir courir tout seul… Les enfants se sont amusés comme ça faisait longtemps et rien ne remplace leurs sourires. De plus, considérant ma fin de juin, c’est un parfait timing ce repos. C’est évidemment ma plus longue séquence depuis le 1er janvier 2021 que j’ai dû allonger de 2-3 jours pour cause de blessure. Je me ressource avant le dernier droit. Je regarde mon fichier Excel et je compte qu’il me reste 4 grosses semaines pour finaliser ma préparation. Mais, les enfants seront en congés, je pourrai donc plus utiliser les midis pour aller m’entraîner comme je pouvais le faire. Il me sera probablement difficile de continuer de progresser cet été. Ce sera ça.
Parlant de mon fichier Excel, le voici, du moins une partie, son look and feel. Tout y est. J’ai mes codes de couleur pour mes longues, pour mes semaines de garde, pour les vacances, pour les blessures, quand je suis trop malade pour m’entraîner (0 cette année), etc. J’y écris les événements importants qui peuvent avoir une incidence sur le temps dont je dispose afin que je puisse plus facilement planifier mes semaines (journée de fête, Super Bowl, etc). J’y écris aussi les distances, le D+ (pour course et ski de fond seulement), le temps d’entraînement (en 100e, plus facile), etc. C’est mon journal d’entraînement. Le tout a commencé avec mon premier marathon en 2014. Je l’ai tweaké et amélioré depuis, il y a plus d’info.
Après ce repos, après mon mon focus sur le D+, je me lance dans ma plus grosse semaine de ma préparation en terme de dénivelé. Je dois valider si les dernières semaines d’entraînement ont portées fruit. Objectif = 5000m D+ en 7 jours. Pour y arriver, j’avais besoin du Mont Ste-Anne. C’est là que j’ai fait le gros de ma semaine. Mais je devais en faire avant et après pour atteindre mon but. J’ai finalement terminé ma semaine avec 5159m D+. Je me souviens, cet hiver je faisais mes intervalles dans la côté derrière chez nous. Tranquillement mais sûrement je me préparais pour attaquer le relais. Toutes ces montées au centre de ski que j’ai faites semaines après semaines; c’était pour ça. C’était pour le MSA. Validation concluante.
Autre sortie clef dans ma préparation, 20 juillet, tel que dans l’excellent film Spy Game avec Robert Redford : C’est un GO pour la sortie de soirée. En effet, une sortie à la frontale, de 20h à 1h AM sur le tracé du 30km LCDC. Pas seul non. Mais qui peut bien se lancer dans pareil aventure un mardi soir ?? Faire une sortie de 20h à 1h ?? Un compatriote UTHC-125 évidemment. Sinon, les chances de trouver un partenaire de course pour une telle sortie sont plus que faible… Tous les 2 on voulait se faire une sortie de soirée comme ça. Bien que c’était pas ma première à la frontale, j’en comptais plusieurs déjà, mais pas longue comme ça et je devais me remémorer.
Rapidement on se retrouve fin juillet. Je regarde mon calendrier et mine de rien, je constate qu’il me reste 2 grosses semaines et après c’est tout. Terminer le gros de ma préparation. Prêt pas prêt, ce sera ça. Il me reste une longue; je visais 60 bornes. Ça bien été. Il a fait extrêmement chaud. 100% de single track. Une tite affaire moins chaud et quelques passages catégorisés faciles et je me rendais « facilement » à 80-90. Et l’autre grosse sortie, la dernière, c’est les 5 sommets version personnalisée. Mais ça c’est plus un trippe qu’une sortie d’entraînement. On aura pas eu la journée panifiée au bout du compte. Mais alors pas du tout (Une journée pas comme les autres). La vie nous réservait autre chose pour nous cette journée là. Pas grave. Faut s’adapter à ce qui se présente. Pour le reste, je fais juste picosser avec des 10-15-20 ici et là pour compléter mes semaines, sur route et en forêt. C’est excitant non ? Depuis janvier que je pense à ça à tous les jours.
Les semaines passent et rapidement on se retrouve fin août, début septembre. On est tous pareil. Les doutes s’installent. L’envie de sortir. En ai-je assez fait ? Le stress se pointe tranquillement à l’horizon. Non pas parce que je vise une position, oh que no, mais plutôt pour la première fois de ma vie je suis pas sur à 100% que je franchirai ce fil d’arrivée en bonne et due forme. Mais une fois rendu fin août, peu importe ce que je fais, rien n’y changera. Mes devoirs sont faits. C’est le temps de bâtir cette confiance et de faire cette visualisation qui sont à mon de vue essentiels à la réussite d’une telle épreuve. C’est 50% physique, 50% mental. Le mental peut même parfois nous « backer » en cas d’une mauvaise journée ou si au final la préparation est pas tout à fait au point. Alors c’est certainement pas un élément à négliger.
Le jour J est là, tout juste devant, plus que 3 dodos. Ça fait des mois que j’y pense. Le projet est né en octobre 2020. L’entraînement officiel a débuté en janvier. Depuis tous ces mois, toutes ces semaines, je prévois chacune d’elles. Je planifie quels tracés je vais allé faire. Courts, longs, intenses, tempo, relax, D+, footing, etc. C’est à recommencer, c’est pas autre chose que le jour de la marmotte, ou disons, la semaine de la marmotte. Je prévois mes longues évidemment. Souvent plusieurs semaines à l’avance. Je ne peux pas simplement me lever un matin et partir pour la journée. C’est pas ma vie ça.
Je suis à me faire une surcharge en glucides cette semaine. J’avais fait ça pour mon premier Ironman et la course s’était bien déroulée. Mais était-ce parce que j’étais bien préparé ? Était-ce parce que j’étais sous un bon jour ? Était-ce parce que j’avais un bon plan et que je l’ai suivi ? Était-ce parce que la météo était bonne ? En fait non, on était dans un four cette journée là, je m’en souviens comme si c’était hier. Faisait plus de 35 degrés avec humidité. Mais tout s’était bien déroulé quand même. Probablement un peu pour toutes les raisons ci haut nommées. Alors difficile de quantifier l’apport réel de la surcharge en glucides que j’avais faite. Mais peu importe je pense qu’elle apporte un plus, autant au niveau physique que mental. Alors je retente le coup.
Je me vois donc sur cette ligne de départ. Être un peu stressé, mais aussi fier de tout ce que j’ai accompli pour me présenter là, aux côtés de ces athlètes, qui pour la majorité en ont probablement fait plus que moi, et aussi quelques, voir, plusieurs années plus jeunes. Je me vois commencer doucement ce long périple. Garder mes énergies lors des premières difficultés. Je devrais me rendre au ravito de mi parcours et à mon drop bag sans trop de souci. J’y arriverai en fin de soirée, prêt à traverser la nuit dans des vêtements secs. Il me restera ensuite 40km à faire pour aller rejoindre mon complice Jasmin qui lui m’attendra au ravito du 100e km. Oui, il y sera en tant que bénévole, c’est une surprise qui m’a fait. Une fois rendu à ce ravito, normalement plus rien ne devrait m’arrêter pour franchir ce fil d’arrivée. Je le vois, je le sens. Je visualise !!
Qu’elles ont été mes sorties importantes et les moments clefs de ma préparation ? Les voici dans l’ordre chronologique :
- Fin avril : tour de l’île d’orléans : 67km
- Mi mai : première « longue » en forêt de la saison, c’était le début de la progression : 35km
- Fin mai : deuxième « longue » en forêt pour continuer la progression : 44km
- Mi juin : première longue en forêt : 59km
- Début juillet : semaine D+ (plus de 5000m)
- Début août : deuxième longue en forêt : 60km
- Mi août : pas la journée escompté, mais quand même un temps de course de plus de 8h
- Début mai jusqu’à la toute fin : je suis allé près d’une vingtaine de fois faire des ascensions-descentes au centre de ski Le Relais à raison de 200m D+ de la montée. J’ai dû en faire environ 60 au total.
Ça me donne quoi comme chiffre pour conclure ma saison ? Pour faire des chiffres ronds, ça me fait 2000km de course (route et sentier) avec 55 000m D+.
Suis-je prêt pour UTHC 125 ? Bien que le parcours m’est accessible, comportant plus de 60km catégorisés « faciles », je dirais que je suis tout de même divisé à savoir si je franchirai le fil d’arrivée. J’ai travaillé extrêmement fort pour être au niveau que je suis présentement. Je suis clairement en meilleur forme que mon premier Ironman en 2015 bouclé sous les 12h. Je suis clairement en meilleur forme que je ne l’étais en 2016 quand j’ai fait UTHC 80 en un peu plus de 12h. Mais je suis en revanche 5 ans plus vieux. De plus, on dirait que je régressais dans les dernières semaines. Alors ça me fait douter !! Il y a une partie de moi qui y croit, que je peux réussir. J’ai fait souvent mes entraînements dans des conditions et sentiers beaucoup plus difficiles que je devrais avoir le jour J. J’ai fait quelques unes mes sorties importantes avec un ratio kilométrage D+ très élevé par rapport à ma course. Mais, serai-je en mesure d’avancer pendant toutes ces heures, tous ces kilomètres ?? En ai-je assez fait ? Bref, j’ai besoin d’avoir des conditions gagnantes pour réussir je pense : sommeil, température, être dans une bonne journée, faire une bonne gestion de l’effort et évidemment, bien gérer ce que je mange et bois. Si tout ça est réuni, j’y crois. Si un de ceux là ne se passent pas comme je veux, ça pourrait devenir difficile. Mais peu importe, je voulais l’essayer, j’ai tout donné. Considérant ma vie, mes priorités et mes choix, je pouvais difficilement en faire plus que ça. Depuis le 1er janvier, je compte sur les doigts d’une seule main le nombre d’entraînement que je n’ai pas fait pour cause d’indiscipline ou de lâcheté. Je pourrai tourner la page en toute sérénité le 11 septembre en après-midi.
Merci d’avoir lu les différents chapitres. D’autres suivront, dont un évidemment qui sera le récit de la course elle-même.
Seb
Pour lire la prémisse et les chapitres précédents :
- En route vers UTHC 125 – Prémisse : Présentation et introduction
- En route vers UTHC 125 – Chapitre #1 : Le plan
- En route vers UTHC 125 – Chapitre #2 : La progression
- En route vers UTHC 125 – Chapitre #3 : Le volume
- En route vers UTHC 125 – Chapitre #4 : Le D+ et la forêt