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Zion en temps de confinement

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Sur le calendrier familial de la maison, la date du 18 avril 2020 est encerclée en rouge depuis trois mois. Vivement cette journée spéciale puisque c’est à ce moment que je vais participer à la Zion ultra 100k, en compagnie de plusieurs amis du club de trail de Montréal. Mais qui parle de cette région, dit aussi les parcs du Grand Canyon et du Bryce Canyon que j’entends bien découvrir au pas de course. Entre l’adaptation d’une nouvelle vie à 6 et mon entraînement hivernal qui va bon train, apparaît cette nébuleuse pandémie qui vient changer le plan…

Le comité organisateur de la course annule la compétition et offre alors aux coureurs et coureuses la possibilité de réaliser leur distance virtuellement. Chacun-e court sa distance cible de compétition proche de son lieu de confinement. Je profite donc de ma présence dans les Laurentides pour participer à cette course virtuelle et réaliser un 100 kilomètres en solitaire. Mon parcours : trois boucles de course sur des routes pentues qui me permettent de me ravitailler, de faire le plein d’encouragement et d’amour avec ma belle grande famille.

Mon parcours d’heure en heure 

3 h 00 am

Petit déjeuner pour papa avec les enfants qui se sont réveillés et qui sont beaucoup trop excités de m’accompagner pour cette journée spéciale…mais un petit peu trop tôt pour rester réveillés.

6  h 00 am

Départ pour un 100 km et 2500 m D+. Objectif en bas de neuf heures. C’est parti.

10 h 08 am

Cinquante kilomètres de réalisés. Seul sur les routes des Laurentides à la rencontre des dindons sauvages, des geais bleus, des perdrix et des aigles. Le temps de 4 heures 09 minutes est un peu rapide pour tenir sur 100 km mais bon, ça va bien et j’en profite.

12 h 45 pm

Les gourdes sont vides. Il reste 25 kilomètres. Je suis beaucoup trop loin de la maison pour me ravitailler. Dans le ravin des routes, plein de bouteilles de bière et de boissons gazeuses qui me donnent encore plus soif, trop soif. J’avale ma salive et je pense à autre chose. Je pense à cette pandémie. Je laisse mon esprit vagabonder, tourbillonner au gré de réflexions…

Je pense aux gens que j’aime, que j’ai envie de prendre dans mes bras, que j’ai hâte de revoir et de profiter de la vie en leur compagnie…

Je pense au slogan « ça va bien aller » qui oublie la réalité vécue par certaines familles entassées dans des 4 ½, qui oublie les personnes vivant l’insécurité financière de ce confinement, qui oublie le quotidien des femmes à la maison avec toujours plus de charge mentale durant cette période de pandémie, qui oublie toutes ces personnes âgées, seules qui en plus d’être durement touchées par ce virus, vivent dans l’incertitude des lendemains. « Ça va bien aller » pour certain-e-s, mais beaucoup moins bien pour d’autres.

14 h 53 pm

Enfin arrivé. Enfin de l’eau. Les enfants m’ont préparé une belle affiche et me réserve un accueil plein d’amour. Et en plus, l’objectif est atteint. 8 h 53 min 29

Retour à l’anormal

J’apprécie le temps qu’on a en famille, le temps libéré par ces jours incertains. C’est à travers les méandres de cette pandémie qu’aujourd’hui, j’ai la chance de profiter de la course, de la nature et de ma famille. Demain est incertain mais aujourd’hui est si beau!