Peter Lougheed Provincial Park, Kananaskis Country
La planification de l’année 2020 va m’amener à réfléchir à mes entraînements personnels, mes objectifs, les courses que je veux compléter et bien sûr les entrainements clés. Pour ma part, j’essaie de les planifier en terrain inconnus ou éloignés ou sur des sentiers mythiques et réputés. Ces entraînements je les adore parce qu’ils demandent beaucoup plus de préparation qu’un simple footing de quartier. C’est un peu comme partir à l’aventure ou en longue randonnée : il faut penser à plusieurs paramètres et pas seulement à sa condition physique en général ou la durée de l’entrainement, etc.
Ce qui m’amène à vous partager un circuit que j’ai planifié et réalisé la saison dernière. Cette journée représente un « highlight » dans ma saison presque autant que d’avoir terminé mes objectifs dans les courses d’ultra.
Tout d’abord, le circuit Northover Ridge Traverse se situe dans le parc provincial Peter Lougheed, au pays de Kananaskis au sud-ouest de Calgary à environ 1 h 45 de route. Ayant déjà visité et guidé dans la région par le passé, je connaissais déjà les environs. C’est après avoir lu une section du livre Mountain running in the Canadian Rockies que je décide d’ajouter ce parcours à ma « bucket list » pour l’année 2019.
Je pars donc, ce matin-là, de Canmore pour me rendre au stationnement qui se trouve directement entre les deux lacs. Je prends la peine de consulter les prévisions météorologiques et d’étudier la carte la veille de mon départ. D’ailleurs, j’avise par texto mon hôte en mentionnant mon itinéraire et l’heure approximative à laquelle je devrais revenir. J’ai tout mon équipement, je suis en forme, très bien, ça devrait être une superbe journée de course.
Je démarre mon trajet en ayant en tête le désir d’explorer la région, en ayant du plaisir, et non en me concentrant sur la performance. Est-ce que je vais rencontrer d’autres coureurs sur le trajet ?
La majorité du trajet est sur un sentier non-balisé ayant un fort dénivelé. Pas trop attirant pour une sortie tranquille en couple. Toutefois, ce serait fort probable de voir quelques personnes un dimanche, avec un soleil éclatant et des conditions parfaites pour une longue randonnée.
C’est parti pour un premier 8 km vers le Three Isle Lake. Le sentier est roulant, parfois dans la forêt et parfois exposé près du Upper Kananiskis Lake. Une chose qui est certaine c’est que je me retrouve parfois sur un sentier très rocailleux qui demande d’ajuster un peu la cadence. Je sais très bien que le sentier sera composé bientôt uniquement de roches sédimentaires principalement du calcaire et du schiste argileux.
J’arrive à un premier campement et le sentier se poursuit vers un canyon au nord. Je poursuis ma route vers le lac et la pente devient de plus en plus raide. Je commence à sortir tranquillement de la ligne des arbres et à prendre de la hauteur. Après quelques escaliers, j’arrive finalement au lac. Je rencontre d’autres coureuses près de celui-ci. Il semblerait que je ne sois pas le seul à avoir pensé à ce beau trajet !
Je longe le lac et avant de quitter celui-ci, je tombe sur une pancarte de parc provincial qui m’indique l’ensemble des dangers potentiels dans la zone. Rien de bien gênant, mais une belle affiche typique qu’on peut retrouver dans cette région. Dangers d’avalanches, changements rapides de la météo, chutes de roches, ours et cougars, etc… Rien de bien nouveau pour moi, mais tout de même le fait qu’il n’y ait pas de réseau cellulaire attire mon attention…
Je bifurque ensuite vers le sud vers une section non balisée. Il faudra s’orienter un peu à partir d’ici, car il faut grimper vers le col sur lequel je me retrouverai à la frontière entre l’Alberta et la Colombie-Britannique.
Après 1 h 40 et plus d’une douzaine de kilomètres, je poursuis ma route vers ce col au petit trot. À partir d’ici, il faut trouver le meilleur chemin possible pour se rendre sur la crête, car il n’y a plus de sentier. En montant vers le col, les premières traces de neiges apparaissent et je sens que je prends de plus en plus d’altitude et de dénivelé. J’aurai bientôt une vue à 360 degrés aux alentours. Avec un ciel pareil, c’est dur de demander mieux.
Arrivé au sommet, j’en profite pour manger un morceau et admirer la vue sur les rocheuses Canadiennes. Je sais que la prochaine section se déroulera carrément sur la crête pour au moins 4 km encore.
En regardant vers mon prochain objectif, je vois deux coureurs descendre la section en se dirigeant vers moi. L’un d’entre-eux à un chapeau de cowboy. Je lui lance un « how are you do ‘in » avec mon anglais rouillé de la Capitale nationale. M’ayant démasqué, il me répond en français que la journée est parfaite pour courir sur la crête ! Après quelques discussions en français et en anglais (son comparse étant uniquement anglophone), il me dit qu’il y a un club de course à Calgary qui fait une levée de fond pour le cancer du sein et pour l’occasion vendait des chapeaux de Cowboys. C’est donc avec un chapeau de cowboy qu’il faut courir lorsqu’on court en Alberta. J’en prends bonne note, je souhaite une bonne continuité à ces deux coureurs et je commence à grimper vers la crête.
La prochaine section est celle qui m’attirait le plus et avec raison. En s’entraînant la grande majorité de l’année au Québec, on cherche toujours des points de vue, mais ceux-ci sont souvent limités dans nos sentiers forestiers. La section sur la crête fut donc un pur délice. Il faut ralentir, sauter, grimper, prendre de bons appuis et éviter des sections glissantes.
Je poursuis donc mon parcours rocailleux durant 45 minutes en prenant la peine de prendre quelques photos. À près de 3000 mètres d’altitude, le soleil tape fort et il ne faut pas non plus le négliger. Je prends donc quelques gorgées d’eaux et de jus. Sur le parcours, il est possible d’aller faire le sommet du Mont Northover (3000 m), mais je décide de passer pour cette fois en me disant que le défi est bien assez grand avec le parcours que j’ai en tête.
Le trajet se poursuit tranquillement et je commence à redescendre vers la vallée en me dirigeant vers Aster Creek et Aster Lake. Je croise quelques randonneurs qui me demandent des informations sur le temps nécessaire pour se rendre au sommet Northover. Nous sommes déjà en milieu d’après-midi et je pense qu’ils n’auront pas nécessairement le temps pour se rendre au sommet, vu la taille de leur groupe. Je leur déconseille donc la tentative.
Ma descente se poursuit et je choisis de contourner le lac Aster par le nord. J’aurais bien dû regarder ma carte, car le trajet était bien détaillé par le sud… Je me retrouve donc quelques minutes plus tard dans un cul-de-sac… Je ne peux pas poursuivre mon chemin, car la falaise rocheuse ne le permet pas. Je dois remonter légèrement et traverser l’embouchure du lac en étant prudent, car il y a quand même un courant assez fort. J’enlève mes souliers et je me rends compte qu’il y a un couple de randonneurs qui m’observe de l’autre côté. Et hop! La traverse pieds nus. Brrr! Je peux vous dire qu’on traverse vraiment vite les cours d’eau dans l’Ouest canadien parce que l’eau est frette en titi! Petite pause pour réchauffer les pieds, on enfile les chaussettes et les souliers et c’est reparti. Un des deux randonneurs qui m’observait m’interpelle ! Il s’approche pour discuter et je lui explique que je suis québécois. Il en profite pour pratiquer le français à ce moment-là.
Ma descente vers Hidden Lake et Upper Kananaskis Lake se déroule sans anicroche. Après plus près de 30 km et presque 1900 m de dénivelé positif, les jambes sont un peu lourdes et la fatigue s’installe. Néanmoins, ça fait du bien de se promener dans ce coin de pays avec des capacités de super randonneur. Je regarde mes souliers Salomon et ils ont vraiment souffert avec toute cette roche… Oups…
En contournant le lac par le sud, j’arrive finalement à l’embranchement pour la boucle qui fait le tour du lac. Je sais qu’à partir d’ici je peux faire le choix de contourner le lac par le sud et rajouter 10 km à mon itinéraire, ou prendre l’itinéraire plus court par le nord. Je choisis de respecter mon premier choix, compte tenu de la fatigue et de l’heure de la journée. Je tourne donc vers la gauche et j’emprunte la boucle par le nord afin de rentrer plus rapidement vers le stationnement.
Sur le chemin du retour, une dernière rencontre, un gros groupe de jeunes adolescentes, probablement des scouts du Canada ou du programme Tim Hortons, qui sont en expédition pour un séjour de longue durée. Voilà beaucoup de rencontres pour un parcours de ce calibre.
Lorsque je rejoins ma voiture, je suis très satisfait de mon choix de parcours et du temps investi dans cet entrainement/aventure/découverte d’une journée dans le pays de Kananaskis. Méconnue des touristes internationaux, cette section des Rocheuses canadiennes regorge de sentiers et de points de vue à découvrir. Je ne me lasse jamais à chacune de mes visites !
Longueur : 35 km
Dénivelé : 1891 m
Temps total : 7 h 00
Durée | Distance | Dénivelé |
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km | m | |
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