La saison de course n’a pas été la plus facile cette année. Évidemment, elles ne peuvent pas être toutes identiques et spectaculaires. Par contre, les épreuves, les réflexions nous font avancer et apprendre. Suite à cette année, je souhaite avoir grandi.
Tout a commencé par l’événement Gaspesia 100 au mois de juin. J’ai alors participé au TransPercé50; un 50 km en 3 jours. Débuté par un séjour sur l’Île Bonaventure où nous avons appris, à quelques minutes du départ, que notre parcours ne serait pas de 7km, mais bien de 13, afin de compléter totalement la distance pour laquelle nous nous étions inscrits. Surprise, mais bien contente d’effectuer cet aller-retour qui donne des points de vue magnifiques, agrémentés de fous de Bassan. Les escaliers glissants me créeront un inconfort au mollet. Étirements en vue du lendemain et hop! au lit!
Jour 2: un 25km. Boueux, boueux boueux! Sur celui-ci, j’ai compris que la boue a un fond. Mais qu’il faut avoir confiance et foncer dedans. C’est ce qui fait la différence entre ceux qui avancent plus rapidement, et moi. J’ai aussi compris qu’il est mieux de courir sans arrêter, en diminuant le rythme que de marcher. Un autre bel apprentissage que je tenterais de mettre en place pour les prochains objectifs. J’ai transporté les bâtons au cas où le mollet n’aurait pas aimé, mais tout s’est bien passé.
Jour 3: un 15 km sous la pluie. En apprenant que cela serait ainsi, j’ai pensé abandonner. Mais non. Nous repassons dans des sections parcourues la veille, et elles sont totalement différentes. La pluie est intense, il y a des rigoles mais aussi un étang, qui n’était pas là la veille. Incroyable! Première utilisation des bâtons qui me seront utiles pour éviter de glisser en descente. Apprentissage; je dois les travailler davantage pour les utiliser de manière efficace.
Pour faire suite, le prochain événement sera (celui qui est mon événement annuel depuis plusieurs années) Harricana. Pour cette édition, un 42 Km est au programme. Suite aux apprentissages du printemps, j’ai couru davantage lors des entraînements en montagne. Plus lentement, mais en évitant de marcher. Même dans les montées. Je me sens prête pour un objectif de temps. Et non… déception. Environ 2 semaines avant la date, une douleur au talon apparaît à l’entraînement. Elle sera de plus en plus présente en tout temps par la suite. Je crois à la fasciite plantaire. Suite à des conseils d’une professionnelle, je décide de prendre le départ, mais en utilisant les bâtons le plus possible.
Au départ, avec Claudia et Nancy, j’ai des doutes, mais je sens que cela ira. Dès que la course est lancée, nous prenons chacun notre rythme. Je ferais le premier 21 km sans les bâtons, et je réalise que la vitesse ne me permettra pas d’atteindre mon objectif premier. Je sors les bâtons pour la fin. Les montées vont bien, pour les descentes, j’utilise les bâtons pour sauver le talon. Apprentissage: le plat ne va pas à mon goût; je n’ai pas pratiqué l’utilisation de l’outil dans ces conditions. À revoir pour les prochaines fois.
Cela aura été plus ardu que prévu. Il y avait encore de la boue. Je réalise que je n’ai pas utilisé les apprentissages de juin ici; passer dans le trou! De toute façon je vais être sale. Évitons seulement de tomber, mais passons dedans. À retravailler. Mon talon fait plus mal qu’hier, je l’ai assurément amoché mais pas traumatisé à l’extrême.
Crédit Photo: Richard McDonald
Pour la dernière tranche de la saison, il me restait un événement dans ma liste. Bromont ultra. Entre Harricana et celui-ci, ma coach, Renée Hamel, avait planifié des entraînements me permettant de m’y rendre. Or, le talon en a décidé autrement. À l’entraînement, je n’ai pas couru comme prévu. Je n’ai pas fait le dénivelé planifié. J’ai consulté; ma douleur serait possiblement due à une talalgie. Je diminue mon volume, je diminue le dénivelé pour éviter d’empirer le cas. Je porte mes Docs un bout. J’achète de nouveaux espadrilles car les anciens n’ont pas tenu suite à Harricana; j’ai acheté les mêmes, et je les porte tout le temps pour la semaine précédent Bromont ultra. Je fais tout ce qu’il faut pour y arriver. Mais j’ai des doutes. Je ne me suis pas assez entraînée dans les dernières semaines, je ne me sens pas prête. Comble de malheur, le terrain sera glissant, très glissant puisqu’ils annoncent une quantité de pluie impressionnante.
La veille du départ, je vais chercher mon dossard, je me couche tôt pour le départ à 3h30 du matin. Je prépare le sac et je me rends au départ. Dans la voiture, je discute avec Yanick. Je prends conscience que je ne suis pas dans un bon état d’esprit. Il ne veut pas prendre de décision pour moi. Malgré que je suis triste, je crois que c’était la meilleure décision à prendre. Je ne prendrai pas ce départ. Il y a trop de choses avec lesquelles j’ai des doutes. Mon talon commence à se remettre, je crains de le rendre pire et de ne pas pouvoir recourir rapidement.
Pour terminer, présentement, je pense pouvoir reprendre tranquillement, en progressant. J’ai trop manqué d’entraînements dans les 6 dernières semaines pour guérir le talon. Je n’ai pas fait les devoirs qui auraient dûs être fait. Je ne saurais jamais si j’ai pris la bonne décision, si j’aurais réussi à faire ce 80. Pour le moment, j’essaie de relativiser, de rester positive, de voir que je ne suis pas une perdante. Mais c’est dur. J’aime encore courir et je crois que j’aurais peut-être perdu le goût. J’ai d’autres objectifs. Je vais m’y remettre plus rapidement et foncer vers la suite.
Photo de couverture: Richard McDonald