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Mon premier ultra, ou de l’art de s’en sauver à la course.

Ok. Titre accrocheur, mais j’ai fait le 28 km Harricana en 2018. Je ne partais pas de nulle part, mais c’était quand même une marche à gravir. C’est mon frère Bastien (à droite sur la photo fringe) qui me lance des défis, le 28 km étant le premier et le QMT 50 étant le 2e.

Surprise!

Donc mon premier ultra en terra incognita, et c’est là où ça devient intéressant. Le vendredi matin, nous pensions être partis pour une belle fin de semaine de camping (avec grand-papa qui viendrait nous rejoindre ainsi que mon frère et sa femme, nouvellement marié.e.s)Or, maître gastro a décidé que je ne serais pas le clou du spectacle en fin de semaine : les trois enfants, ma conjointe et le beau-père allaient voler la médaille des survivants grâce à leur ténacité et leur résilience. Alors malgré toute la suite de ce récit, sachez que je voue une admiration sans bornes à celle qui accompagne son homme pour un ultra et qui doit gérer trois enfants malades en même temps (heureusement, les nuits furent tranquilles). Je t’aime Paule <3!

C’est donc littéralement en essayant de me sauver que j’ai commencé ce QMT dans des conditions beaucoup plus clémentes que ce que la météo annonçait. Mon frère et moi avions convenu de courir ensemble pour la première moitié de course, ça cadrait bien avec nos stratégies respectives. Le Mestachibo était beau, mais mon frère s’attendait à plus technique (à quoi diable s’attendait-il?). À mi-parcours, je décide de changer de souliers pensant faire un bon coup en chassant l’humidité, le tout sous l’oeil de nos supporters qui ont réussi à être présents malgré tout.

—-»Spoiler Alert : ce fût la pire décision de toute ma course. N’ayant pas couru avec ces souliers depuis l’an dernier, je n’avais pas réalisé qu’ils étaient rendus trop petits… La descente et demie du Mont-Sainte-Anne m’a noirci les ongles de mes deux gros orteils…

—-»Spoiler Alert 2 : S’asseoir par terre pour changer ses chaussures après trois heures de course n’est vraiment pas une bonne idée. J’ai eu des raideurs aux quads et aux jumeaux en commençant l’ascension que je n’avais jamais expérimentée auparavant et qui m’ont accompagné pour le restant de la course…

Bref, je commence l’ascension en mode semi-rapide (mon frère m’a quitté pour un squat en cabine…), pour assez rapidement me rendre compte que le mode semi-lent est plus approprié. À ce moment, j’ai une vue sur la 30e position et si mes raideurs veulent bien partir, je crois être capable de rattraper ce peloton. Je croise des coureurs en meilleure forme, d’autres plus mal en point : on continue.

Pour la 1ère arrivée au sommet, un petit bout planche s’offre à nous. J’en profite pour délier mes jambes mais BANG! j’ai huit muscles qui décident de faire la grève générale illimitée. Je compense comme je peux avec d’autres muscles, mais j’espère que ça va rentrer dans l’ordre plus tôt que tard. La deuxième descente est ce que j’ai trouvé le plus difficile : j’avais travaillé mes descentes depuis le 28 k et j’avais fait des progrès; mais je n’ai rien pu constater de tout ça. Au lieu, j’ai dû regarder filer tout le peloton et même parfois descendre à reculons… Mais c’est mieux que de le faire avec des troubles gastro-intestinaux.

Le Ravito en haut de la montagne m’est très sympathique. Je m’y arrête un bon trois/quatre minutes pour regarder la vue Dragon Ball Z (en haut des nuages). Moi qui ne prends jamais de liqueur, j’ai cru fondre en larmes tellement le Coke tiède goûtait le ciel. On m’offre des électrolytes supplémentaires, et même s’il ne faut jamais essayer de nouvelles choses en compétition, je ne me gêne pas, prêt à tenter n’importe quoi.

Je repars avec un Montréalais sympathique pour quelques kilomètres, mais quand les raideurs reviennent, je le supplie de m’abandonner. Ça lui semble contre-intuitif, mais ça me permet de ne pas le gêner et de gérer mon rythme à ma guise. J’ai marché les montées jusqu’à la fin de la course, mais j’y suis arrivé. Avec un peu plus de 10 minutes d’avance sur mon frère, preuve que le Coyote n’a pas encore réussi à attraper le RoadRunner.

Mes deux fils ont quand même réussi à courir le un km le lendemain, preuve que le corps humain est une machine d’adaptation assez phénoménale.

P.S. Je lève mon chapeau à l’organisation du QMT pour la belle expérience, mais particulièrement pour avoir su écouter la communauté et ajuster le temps limite pour l’an prochain. Mais j’aurais bien aimé conserver notre nom d’équipe, « Les G. Ouellet Extrêmes »…

P.P.S. Je n’appuie pas suffisamment sur l’admiration que je porte à ma conjointe. L’an prochain, notre périple familial nous entraîne au #UTChicsChocs et je nous souhaite une épopée moins éprouvante…