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Le monde vu d'en haut

Ravito, c’est un magnifique rassemblement de passionnés bien attachants, légèrement boueux et surtout indomptables. C’est un blogue de coureurs qui font souvent des trucs légèrement inhabituels pour le quidam moyen. Le seul hic en étant fortement passionnés de course, c’est qu’on aime un peu trop notre sport. On est bien costaud des jambes, on a des cuisses de la mort, ultra-découpées et saillantes, mais pour le reste, on manque un brin d’abdos, un brin de bras et un brin de dos. Dans le fond, on est un peu comme des T-Rex : des bras de poulet juchés sur des grosses jambes.

Heureusement, en cette période hors-compétitions, c’est le temps idéal pour inclure un nouveau sport à sa routine. Alors que le focus n’est plus sur les courses officielles et qu’il se trouve plutôt à se rebâtir comme coureur en vue de la prochaine année, l’intégration d’une nouvelle activité pour varier les entraînements se veut très bénéfique. On entend souvent parler de yoga, de crossfit, de musculation et de plus en plus, d’escalade.

L’escalade

J’ai commencé à grimper sérieusement il y a environ un an. Je me suis abonnée au Délire, un regroupement de trois centres d’escalade à Québec, et à raison de deux à trois fois par semaine, j’ai commencé à grimper.

Initialement, je trouvais ça très ludique comme entraînement. En fait, pour être honnête, je ne le percevais même pas comme un entraînement. C’était plutôt un moment de détente et d’échappement que j’insérais dans ma semaine. J’y allais avec des ami/es, c’était une activité sociale, on jasait, on se challengeait. Mais à force d’y retourner, tranquillement, la technique se développe et la force s’accroît. On apprend à lire les problèmes qui se trouvent devant nous. L’escalade devient alors une résolution de problème. Comment vais-je arriver à toucher la dernière prise en utilisant uniquement ce qui se trouve devant moi? Quelle est la meilleure manière d’y arriver?

Kamou, Val-Bé, Saint-Alban et les autres…

Au courant de l’été, notre clique de grimpeurs s’est promenée à quelques endroits pour pratiquer l’escalade extérieure sur paroi. Il existe une multitude de sites enchanteurs ici même au Québec. Dès la première expérience, ce fut le coup de foudre. Une marche d’approche dans des sentiers techniques, une lecture analytique de la géométrie colossale des falaises siégeant devant nous, la nature, la vue.

La vie, quoi. Simple et pourtant, si remplie.

Dehors, nous sommes réduits à notre plus simple expression. Il y a nous et la paroi. C’est aussi simple que ça. Quatre points de contact. Deux mains, deux pieds. L’un d’eux se retrouve parfois posé sur un minuscule relief de gravier, une infime aspérité en laquelle il faut avoir une entière confiance. Tout le poids du corps s’y trouve. Dans cet élan d’équilibre, une main peut alors effleurer la paroi rêche et rechercher aveuglément une faille, une craque ou une rugosité qui lui permettrait d’y adhérer momentanément. Tout se joue dans la finesse et la précision. Chaque mouvement se veut mathématique, tranchant, à la fois puissant et contrôlé. Rien n’est laissé au hasard.

Il y a quelque chose dans l’escalade qui nous connecte profondément à l’environnement qui nous entoure. Un peu comme en trail. On s’immerge dans une bulle intime avec la nature. Je crois que c’est justement cette unique connexion qui vient tant me chercher et qui me pousse, fois après fois, à recommencer.

Le silence, l’effort, le dévouement, l’implication. Quatre points communs aux deux sports.

Évidemment, à force de grimper, je suis devenue une coureuse plus complète. J’ai développé ma force et mon endurance. Ma proprioception s’est améliorée, mon focus s’est agrandi et ma vie sociale s’est énormément enrichie. Les grimpeurs ont la même énergie qu’on retrouve au départ d’une course de trail un peu «old-school». C’est beau, c’est paisible. Comme à la course, notre seul moteur est notre corps. Une paroi se grimpe en enchaînant de manière réfléchie des mouvements calculés; une course se termine parce que nos jambes nous portent jusqu’à l’arrivée.

Certes, franchir une arche après plusieurs heures de course, c’est grisant. Mais arriver au sommet d’une paroi et regarder au loin pour réaliser que le monde est vachement beau, vu d’en haut, c’est une sensation franchement époustouflante.

Te laisseras-tu tenter?

Crédit pour les magnifiques photos: Ophélie Rousseau