Photo : courtoisie
À partir du 30e km, j’commence à rattraper certains coureurs que j’avais croisés un peu plus tôt. Plus j’en rattrape, plus la surprise se lit sur leur visage.
- Oh shit! T’as eu un second souffle, toi?
- Non man, j’étais juste parti ben smooth, pis là j’me sens ben en ta’!
- J’te comprends. Y faut ben en profiter quand ça passe!
Plus j’en profite, plus la confiance revient. Pis y’a comme une p’tite voix dans ma tête qui commence à s’faire entendre.
PETITE MISE EN CONTEXTE :
Après mon DNF au Trail de La Clinique du coureur en juin, j’avais pris la décision de me remettre à la course pour vrai après un hiver un peu dépressif et ankylosant. Même si j’étais encore qu’à courir des p’tites distances (5-10 km), j’ressentais mes jambes revenir peu à peu. J’avais aussi d’plus en plus d’fun à m’pousser, particulièrement dans les montées techniques.
Ça allait pas pire tsé.
Malgré tout, j’avais comme un peu peur de revivre un autre DNF. Ça m’tentait surtout pas d’être freaking mort après la course et d’devoir prendre une pause. J’venais à peine de recommencer à courir.
J’ai donc sagement décidé de courir ce 57 km de l’Ultra Trail Académie avec René. Un ami et un peu c’qui ressemble le plus à un coach dans ma vie (voir la page Mon groupe de course). Il allait être là pour me pacer un peu et s’assurer que j’parte pas en fou juste pour m’effondrer quelques kilomètres plus loin.
Une maudite bonne affaire.
J’arrive donc au Parc Naturel Régional de Portneuf le vendredi soir, et j’y rencontre Dominique. Un ami coureur que j’avais connu lors d’la traversée du Lac St-Jean cet hiver (voir les courses CRYO). On jase un peu, mais on rentre rapidement dans nos voitures respectives pour se protéger des maringouins qui monopolisent l’air comme jamais.
Après une bonne nuit d’sommeil dans ma voiture/maison, j’me réveille pendant qui fait encore noir pour me préparer un repas d’pâtes en compagnie d’mes amis d’hier, les freaking maringouins.
J’dois avouer que l’attente d’la course est assez intense due à leur présence. Plusieurs piqures sont très visibles sur mes jambes et sur mes bras qui enflent pas mal plus qu’à l’habitude. Well, on nous a promis une course sauvage et on dirait ben qu’on va l’avoir!!
Pour me changer les idées, j’discute avec les autres coureurs. Certains que j’ai rencontrés au Québec Méga Trail, d’autres qui me connaissent dû aux réseaux sociaux (Dans mes shoes), d’autres qui ont juste l’air ben sympathiques.
Puis René arrive et un peu après 7 h, c’est l’grand départ!!
Durant les premiers kilomètres, j’me sens freaking bien et j’essaie de ne pas trop m’emporter. J’aime ça courir vite, pis j’ai quand même un p’tit côté compétitif, donc c’est tout’ qu’un challenge.
J‘cours un peu en avant d’Réné, mais sa seule présence m’rappelle constamment de prendre ça smooth. De diminuer mon rythme.
Au premier ravito, je l’attends et j’commence à courir un peu plus avec lui.
Un peu plus tard, on fait la connaissance de deux gars de Montréal qui sont à leur premier ultra et qui sont remplis de questions.
- Est-ce qu’on va au bon rythme?
« Oui, on va même rattraper du monde à partir du 30e km. » leur promet René. « Le monde a tendance à partir trop vite et à brûler leur réserve de glucides en début de course. »
Une chose est sure, les sentiers sont malades! Du single track freaking technique en milieu sauvage. On court dans l’bois pour vrai pis j’aime vraiment ça!
J’ai besoin de m’retenir à certains moments, mais c’est l’fun en ta’.
J’apprivoise tranquillement les joies d’courir tranquillement et j’en profite pour me concentrer sur ma technique : mes bras, mes foulées, mes genoux, mes phases d’atterrissage, etc.
J’arrive au premier gros ravito rempli d’énergie, le gros sourire d’en face. J’prends quelques minutes pour jaser aux bénévoles et motiver les troupes.
On s’fait alors avertir qu’un aller-retour de 8 km avec une grosse montée s’en vient… Bring it on!!
Lors d‘la fameuse montée, l’un des deux gars et moi prenons un peu d’avance sans toutefois exagérer. On essaie d’rester sage. On rencontre aussi une fille au nom composé avec qui on échange en commençant l’ascension.
Trois inconnus qui enjoyent le simple fait d’courir dans l’bois.
Vu que c’est un aller-retour, on commence à croiser les premiers coureurs et c’est freaking inspirant! JF Cauchon, rapide comme l’éclair, dévale les pentes comme une vraie chèvre des montagnes. Ses nombreux entraînements semblent avoir été payants et on dirait ben qu’il est au top de sa forme. Anne Champagne, elle aussi, laisse pas sa place et déborde d’énergie. De vraies machines. God que j’trouve ça motivant d’voir des athlètes élites se donner avec autant d’plaisir!
Après les avoir encouragés, on continue à croiser d’autres coureurs. J’dois avouer qu’mon p’tit côté compétitif commence à s’dire « Damn, j’devrais être rendu à la même place qu’eux autres moi-là ».
Pas grave.
J’me calme et j’me recentre sur l’objectif de ma journée : finir mon 57 km et partir avec une expérience positive en poche afin de m’motiver pour les prochains défis qui m’attendent.
Ceci étant dit, une fois arrivé au top d’la montagne, j’ai 25 km de parcourus et j’me sens encore freaking fresh. J’décide donc d’ouvrir la machine un peu.
Y faut aussi dire que j’aime ça en ta’ descendre à toute allure dans des sentiers techniques, so j’me prive pas. C’est à mon tour d’avoir du gros fun en dévalant la trail!
Même si j’ai déjà été plus en forme, la technique est toujours là et c’est freaking agréable. Les jambes sont aussi au rendez-vous et mes sensations sont presque idéales. Oh que j’me sens ben!
Après 10 km de course un peu plus rapide, tout va bien. J’ai même rattrapé un nombre considérable de coureurs. Mais shit qu’y commence à faire chaud! Surtout qu’on passe quelques sections sur la route sous l’gros soleil.
Rendu au pont à l’extrémité du 2e aller-retour, j’me laisse inspirer par le film de Jenn Shelton que j’ai vu il y a quelques jours (Outside Voices) et les touristes qu’on croise depuis un bout’, j’enlève mon sac et j’me jette dans la rivière.
Méchant bon move!
J’me sens encore plus en vie.
À la fin de l’aller-retour, j’croise René que j’avais un peu abandonné lors d’la grosse montée et j’fais un p’tit calcul ben rapide. J’réalise que j’ai réussi à prendre une avance de 8 km sur lui en seulement 15 freaking kilomètres.
C’est pas ça l’important, mais j’dois avouer que ça m’motive encore plus.
Je repars de plus belle. Time to catch other runners!
J’pars véritablement à la chasse. Un peu comme les Tarahumaras au Leadville 100 avec Ann Trason (référence au livre Born to Run de Christopher McDougall).
Après avoir suivi la rivière, on retourne dans l’bois et c’est reparti pour des kilomètres sur ces sentiers sauvages qui m’font tant tripper.
J’commence même à rattraper les coureurs dont j’étais un peu jaloux lors d’la grosse montée.
J’cours avec chacun d’entre eux pendant un p’tit bout’, mais à chaque fois, mes jambes me rappellent que j’ai encore plein d’énergie.
Je les laisse donc derrière et je repars à la chasse.
C’est freaking malade! C’est vraiment l’un des plus beaux moments que j’ai vécus en trail.
Oui, mon p’tit côté compétitif est rassasié, mais c’est surtout la beauté de l’endroit et les difficultés des sentiers que je semble surpasser avec facilité qui m’réjouissent.
Peu à peu la p’tite voix dans ma tête se transforme en cri.
« I’M BACK BABY!!!! »
J’suis rendu au 50e km et je n’ai pas encore frappé de mur. C’est la première fois que c’est aussi facile. J’réussis même à courir à un pace de 5 minutes par kilomètre sur les routes en garnottes.
J’pousse jusqu’à la fin et je m’effondre quelques mètres après la ligne d’arrivée. Ça aussi c’est une première.
Épuisé. Mort. Mais ben en criss.
I’M FREAKING BACK BABY!!
PS : En écrivant ce récit, j’ai pas voulu m’vanter, mais bien partager la joie que j’avais ressenti tout en restant authentique. Si ça pu en choquer certains ou certaines, j’suis ben désolé, mais y’a pas d’place pour la fausse modestie ici.
PPS : Après une si belle journée, j’réalise que j’aurais dû contribuer pas mal plus lors de mon inscription. Lesson learned. Anyway, j’vais être de retour l’an prochain for sure.