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Faire le tour de l'horloge… à la montagne!

L’idée m’est venue il y a un peu moins d’un an, alors que j’ai vu qu’Alexandre Genois venait tout juste de compléter ses 15 montées du Mont Sainte-Anne, dans le cadre de son défi 24 heures lors du Défibrose.

Je savais que je ne pouvais pas surpasser ce chiffre, par contre je n’avais trouvé aucune marque féminine autre que celle réalisée pendant les 8 heures du Défibrose.

Je me suis alors dit : «Pourquoi ce ne serait pas moi qui l’établirait?»

Il n’en fallait pas plus pour que cette «bulle» devienne mon objectif de la saison. J’ai effectué plusieurs entraînements, de nombreuses montées, autant l’hiver que cet été. J’ai fait une nuit dans le parc de la Jacques-Cartier avec un groupe et divers autres entraînements spécifiques qui me préparaient bien à ce que j’allais vivre dans le cadre de ce défi.

Le 31 août, midi tapant, je m’élançais à la conquête du temps dans ma montagne favorite, le Mont Sainte-Anne. La météo était parfaite et j’étais très emballée d’entamer enfin ce défi. Ça s’enlignait pour être une belle journée.

Ma première montée, celle qui brisait la glace, je l’ai faite avec Alexandre Genois. C’était agréable de pouvoir partager l’amorce de ce défi avec celui qui avait accompli la même chose l’année précédente. J’avais prévenu Alexandre que je voulais commencer avec un rythme conservateur, étant donné tout ce qui m’attendait ensuite. Il était la personne la mieux placée pour me comprendre.

Mentalement ce fut une montée plutôt rapide, puisque tout au long nous avons discuté et que mon esprit ne s’est pas concentré sur le sentier qui défilait devant nous. À un point tel que j’ai été distraite vers la fin de la descente. J’ai fait une bonne chute qui m’a éraflée une bonne partie de la jambe droite et arraché de la peau de la main droite. Cela m’a d’ailleurs causé beaucoup de soucis à tenir mon bâton dans la main droite par la suite.

Alexandre m’a laissée à mon poste de ravitaillement où je suis allée tenter de me soigner avant de repartir seule pour 4 montées.

Étant donné que le soleil était bien présent en après-midi, j’ai décidé d’effectuer toutes ces montées par le sentier des pionniers (à l’ombre) et de descendre par la Pichard.

Tout juste avant d’entreprendre la deuxième montée, j’ai à nouveau fait une chute au sol, du même côté que la précédente, ce qui a ajouté à mes éraflures précédentes. Je me suis par contre relevée rapidement sans trop y prêter attention, parce que je ne voulais pas que cela me déconcentre trop… Je constatais toutefois le regard un peu horrifié des randonneurs que je croisais lorsqu’ils voyaient ma jambe .

Je m’occuperais de ça plus tard. Toutefois, j’ai vite réalisé que ma chute avait empiré l’état de ma main droite et donc, en plus de l’ouverture dans la paume de ma main, mon petit doigt ne pliait plus… ce qui rendait encore plus difficile la prise du bâton.

Au sommet de la troisième montée, j’ai encore fait une importante chute, cette fois dans une étendue de sable, ce magnifique exfoliant naturel pour les plaies ouvertes. Je me suis relevée. J’ai tenté d’enlever le sable sans empirer la situation et je suis repartie un peuperplexe. Je ne comprenais pas pourquoi je chutais ainsi de façon aussi répétée et importante depuis la début. À ce rythme, j’allais finir avec des morceaux en moins avant même l’heure du souper…

Je suis plutôt de nature maladroite dans la vie, mais généralement ce sont des incidents plutôt bénins. J’ai toutefois décidé que j’analyserais tout ça après ma course, j’avais un objectif à poursuivre.

Quatrième montée, rien à signaler.

Cinquième  montée, après une pause souper, le soleil commençait à se coucher. Je savais que je terminerais dans le noir. Je partais seule encore une fois : j’ai donc pris soin d’apporter ma lampe frontale et mon cellulaire sur lequel j’avais parti la musique. Rendue au sommet, il faisait très noir, et même si j’avais ma lampe, j’ai manqué le sentier de la Pichard pour redescendre. J’ai plutôt emprunté une piste de ski très abrupte. Ainsi, en plus de chercher mon chemin et de devoir faire face à des yeux (non-identifiés) qui me fixaient dans la nuit noire, je me suis retrouvée dans un sentier impossible à courir. Les roches déboulaient, et j’ai donc perdu beaucoup de temps dans la descente.

Rendue en bas, j’ai eu la chance de retrouver Jasmine et Anne qui allaient m’accompagner pour la montée suivante. Ça faisait du bien d’avoir enfin, de nouveau, des gens avec moi. Avec la nuit tombée, le mental commençait à être un peu fatigué.

Tout au long de mon défi, Anne alimentait ma page Facebook et me partageait tous les messages publics et privés d’encouragement. C’était vraiment une belle motivation de savoir qu’autant de gens m’encourageaient et me suivaient. Elle était aussi aux petits soins avec moi. Elle réfléchissait à ma place quand mon cerveau est parti se balader dans la nuit noire pour ne jamais revenir .

Pour la septième montée, c’est mon beau-frère Stephane qui m’a accompagnée (à la chasse aux mouffettes).

Pour la huitième, ce fut au tour de Catherine de me rejoindre.

Ça me faisait vraiment du bien d’avoir tous ces gens avec moi, d’autant plus que la nuit était longue et l’énergie moins présente que 12 heures plus tôt.

Les jambes étaient surprenantes, je sentais une fatigue générale du corps, mais rien de majeur; je n’avais pas les jambes «finies». Il me restait encore beaucoup de jus. C’était donc devenu difficile d’envisager prendre une pause (qui devenait de plus en plus nécessaire) puisque je n’en sentais pas le besoin physique. J’avais juste toujours hâte de repartir pour la montée suivante.

Par contre, ma concentration n’était plus optimale. Je sentais que le focus diminuait. Mes montées de nuit avaient d’ailleurs été beaucoup plus lentes que pendant le jour, sans autre motif que la nuit noire ralentissait mes descentes, parce que j’arrivais moins bien à lire le terrain.

J’ai donc décidé, à 4 h 15 du matin, de prendre le temps de me reposer un peu, de changer de bas, de manger un peu, etc. pour pouvoir mieux repartir avec le soleil levant. Cette pause, qui m’a fait perdre du temps dans ma planification, m’a redonné une énergie nouvelle. C’était comme si j’entreprenais une nouvelle journée, je me sentais presque euphorique.

Je suis donc repartie pour ma neuvième montée, avec ma sœur Audrey et Anne. Nous avons eu une montée magique avec un lever de soleil à couper le souffle et la rencontre d’un bébé chevreuil et sa maman. J’avais aussi retrouvé un meilleur rythme que pendant la nuit.

Pour la dixième montée, j’étais avec Michaël et Audrey. J’étais complètement survoltée, particulièrement pendant la descente. Je n’arrêtais pas de parler, parler, parler, comme si je venais de me lever d’une nuit de 12 heures et que j’avais pris dix cafés. J’avais l’impression d’avoir l’énergie pour faire dix autres montées. Mes partenaires de montée ont été biens patients .

Revenus à la base après cette 10e montée, j’ai pris quelques instants pour évaluer le temps qu’il me restait. J’avais beaucoup plus de temps que pour une seule montée, mais il m’en manquait un peu pour deux (considérant mon état). J’ai donc décidé de profiter de cette dernière montée, cette fois avec Anne, Audrey, Michael et Jeff. Matthieu, arrivé après que nous ayons entamé la montée, nous rejoindra, pour cette dernière, au sommet après s’être trompé de chemin en montant.

C’était génial de pouvoir vivre cette dernière montée avec tous ces gens et de pouvoir compter sur eux. Ils auraient pu faire n’importe quoi d’autre. C’était une belle finale, relaxe et amusante à profiter du temps qui me restait.

En résumé de cette aventure, j’ai bien réussi mon défi 24 heures . Finalement, il se sera arrêté un peu après 23 heures et onze montées. C’est 76 km et 6800 mètres de dénivelé positif que j’aurai accomplis.

Pour moi le défi était avant tout de faire le tour de l’horloge, soit d’accomplir les 24 heures. C’était une première pour moi et c’était mon focus principal. J’ai d’ailleurs choisi d’être très conservatrice sur mon rythme pour m’assurer de converser mon énergie jusqu’à la fin et pouvoir passer à travers toutes ces heures sans trop de difficultés.

Ça s’est beaucoup mieux passé que je croyais. Je suis plus que satisfaite de mon expérience et du résultat. Je n’ai pas eu de grand vide ou de grande baisse d’énergie, des nausées que très minimes, pas de problèmes de basse pression et surtout je me suis amusée du début à la fin. C’est fou le sentiment de bien-être et de plaisir que j’avais et que j’ai toujours après avoir complété ce défi. J’ai déjà hâte de remettre les pieds sur MA montagne.

Par-dessus tout ça, curieusement mes jambes ne sont pas si fatiguées… Je ressens qu’elles ont travaillé fort, mais j’ai déjà été plus maganée que ça pas mal dans mes expériences passées de courses. Le plus difficile de ma récupération est en fait la «réparation» de ma peau qui tire de tous les côtés et c’est très douloureux. Je ressemble à quelqu’un qui se serait battu avec un ours. (Je vous fais grâce des images)

Avec le recul, je réalise que j’aurais pu ajouter une montée assez facilement avec de légers ajustements dans ma journée… Ce sera pour une prochaine occasion, parce que, oui, ma tête bouillonne déjà d’autres idées. On m’a aussi demandé de répéter l’expérience… Je suis déjà emballée à l’idée de me lancer dans une autre aventure.

Je ne peux passer sous silence toute l’aide que j’ai reçue dans la réalisation de ce défi. On n’arrive pas à grand-chose seul, notre équipe fait partie de notre réussite.