Bonjour,
je débute ici, presque comme dans la course.
Je me présente : je suis Olivier, ex-athlète, du moins c’est ma considération. J’ai 43 ans, 4 enfants, un travail qui me prend aussi beaucoup de temps. Il me nuit au niveau qualité de vie, travaillant de nuit et de jour, souvent dans la même semaine.
Bref, j’ai eu quelques démêlés avec mon corps durant les années passées, avec mon esprit aussi. Ayant un diagnostique de sarcoïdose pulmonaire, et un genou qui a subi une ménisectomie interne externe, je ne suis pas le candidat idéal pour courir, et encore moins pour courir longtemps, et … encore moi en trail.
Il y a trois ans, j’ai commencé à vouloir courir, mais mon genou était très douloureux; je n’y arrivais tout simplement pas. J’ai donc consulté pour éventuellement me faire encore une fois opérer car les douleurs et blocages du genou étaient trop fréquents. Il faut dire que je pesais plus de 275 livres (la photo sur cette page en est la preuve), que je faisais de l’apnée du sommeil et que je couvais une dépression majeure (non je ne suis pas plaintif, c’est réel et pas exagéré).
Après plusieurs examens, la conclusion fut que mon genou avait été parfaitement réparé et que mon problème était un manque de musculation du bas du dos. D’ailleurs, en entendant cela j’avais pas mal remis en doute les compétences de mon physio. Donc sans vraiment y croire, j’ai suivi ses conseils pendant une seule semaine et quelle ne fut pas ma surprise de constater qu’il avait entièrement raison.
Travaillant en équipe sur mon lieu de travail, je me suis laissé entraîner par un ami collègue dans divers projets de courses se limitant aux demi-marathons. J’ai recommencé à courir et allonger les kilomètres, bien évidement pas de longues distances…Mon corps lourd n’est pas facile à déplacer et prend beaucoup dans le vent… mon profil aérodynamique est assez lamentable même.
J’ai oublié de vous dire, je suis un bon vivant, j’aime profiter des bons plats de mon épouse. Et je pense que être fort (poids) ne veut pas nécessairement dire qu’on est en mauvaise santé. Bière, vin, et apéritifs passagers font partie de cette bonne chair.
La vie étant ce qu’elle est, j’ai fait une grosse dépression qui a ralenti mes désirs de remise en forme; mais lorsque j’ai pu reprendre, j’ai foncé, alignant kilomètres après kilomètres. Je me suis inscrit au 55 km du Bromont-Ultra 2017 et j’ai fait une levée de fond, par la même occasion, pour les enfants céliaques, dont ma plus jeune fille fait partie.
J’ai tant bien que mal essayé de m’y préparer. Psychiquement j’étais prêt, musculairement aussi. C’est plus mes voûtes plantaires et mes orteils qui m’ont ralenti beaucoup. Ils me tiraillaient au point que j’ai arrêté au dernier ravito après 46 km, je crois, abandonnant ainsi mon premier ultra, et certainement en faisant gagner ceux qui avaient prédit que je n’y arriverais pas.
J’ai bien fait d’abandonner car ce n’étaient plus des ampoules que j’avais, c’était une semelle naturelle complète faite de peau et d’eau, un projecteur comparé à une ampoule, pour faire un mauvais jeu de mots, une chose assez folle, sans compter les ongles qui me restaient entre les doigts quand je tirais à peine dessus. J’ai mal géré ma course et mon après-course. Un mois plus tard, je retombais dans une dépression agressive et intense, accompagnée de crise de panique et étourdissements. Hum! que j’étais bien sur les trails de Bromont.
Novembre, décembre, janvier, février… couché, mal, très mal, avec le goût de vomir mon âme; ceux qui connaissent savent de quoi je parle…
Allez Olivier, il faut te bouger… réussir à sortir, à manger correctement et reprendre vie. Fin février, remontant la pente mentale, je me force à sortir courir; la machine repart doucement. Février : 12 km.
Je vous disais plus haut que je courais avec un chum; en fait maintenant nous sommes trois. Le trio de l’enfer comme mon chum Mathieu nous appelle. On s’entraîne parfois ensemble, et courons la majorité de nos courses ensemble. Mathieu est un plus polyvalent que nous. Il fait des triathlons; je ne suis pas rendu là encore.
Mars: 50 km, avril : 96 km, mai : 108 km, juin 79 km, juillet 93 km, août : 121 km, moyenne de toutes ces sorties, 6 minutes du kilomètre. J’ai pas de but réel de course hormis que mes chums vont faire le 80 de l’UTHC. Je leur ai promis d’être leur pacer sur le dernier 20 km.
Un jour d’août, je revois le montage vidéo que j’avais fait après mon trail de Bromont. Trois minutes plus tard, j’étais inscrit pour le 65 km. Après tout… qui ne tente rien n’a rien et au diable ma promesse; mes chums seront bien contents pour moi pareil.
Je suis prêt mentalement, et le physique va super bien aussi. Mon but : finir la course en moins de 12 h14 et avoir les 3 points ITRA. Au pire, j’abandonnerai et j’aurai le mérite de m’être encore présenté à la ligne de départ, mais c’est la dernière chose que je veux faire.
Physiquement: je suis prêt à affronter la douleur, affronter le froid, le chaud, la distance.
Ma préparation mentale passe d’un seul coup de pacer à coureur du 65 km. Par moment, je prends peur, pas de la course en elle-même, j’ai peur de retomber en dépression suite à cet ultra, peur de refaire des attaques de panique, et je ne suis pas seul : mon épouse, ma famille aussi ont ces craintes. Mais ma petite voix intérieure me dit que je dois le faire, je dois me prouver que j’en suis capable, prouver aussi à ceux qui doutent que quelqu’un qui a présenté des faiblesses mentales, et qui n’a pas le physique d’un coureur de trail ou même d’un coureur normal, puisse aller au delà de lui-même et finir un périple d’autant de kilomètres.
Allez, on y va!
Je vous raconterai un peu plus tard comment j’ai vécu ma course. Une autre photo suivra, car à défaut de ne pas être encore reconnaissable comme coureur, j’ai un peu perdu de poids.