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Ne jamais dire jamais…

J’ai pris du temps à écrire. J’ai même hésité à le faire. Pour finalement me dire, mieux vaut tard que jamais (et ça en Trail… il ne faut pas le dire!)

Je suis tombée en amour avec la course de Trail et l’événement Harricana en 2016 lors de mon premier 28km. J’avais vu les autres distances, mais je me disais que non. C’était trop long pour moi. C’était, selon moi, que des super athlètes qui font ça, et je n’ai pas la prétention d’être de ce niveau. Mon premier, et non le dernier: « Jamais je n’irai plus loin! »

Pour cette année bien particulière, je me suis alignée sur le 80km. Et oui, l’an dernier je m’étais dit : jamais je ne ferai cette distance là! Une preuve que le corps oublie la douleur et que la tête retrouve ses envies d’endorphine. Toujours est-il que l’entrainement n’a pas été le meilleur pour moi. Oui, j’avais une coach (Renée Hamel depuis des années!). Elle m’a fait des bons plans. Le problème a été dans les aléas de la vie dont une qui m’a mis sur le KO pour presque deux semaines (vous savez, quand les roches décident de ne pas collaborer et qu’une ecchymose devient si proéminente qu’elle empêche d’avancer…). C’est donc avec masques et Purell que j’ai pris le départ dans l’une des vagues de départ (j’ai vraiment aimé cette façon de faire, malgré que l’effervescence d’un départ de masse est aussi intéressante).

Avant même le départ, je m’étais dit que si cela n’allait pas; j’arrêtais. Mais après les premiers kilomètres de ce nouveau parcours, et la surprise d’un pont suspendu (j’ai le vertige et normalement, j’ai de la misère à avancer sur ces structures), il n’était plus question de ne pas se rendre au bout de mes rêves.

photo de Sébastien Harbec

Crédit photo: Sébastien Harbec

J’ai constaté à quel point je suis dépendante de la technologie. Ma montre m’a joué un tour. Je suis passée de 46 km à 92 en l’espace de 5 minutes! Qu’est-il arrivé? Aucune idée. Mais je ne savais plus où j’étais sur le parcours et quand arriverait le prochain ravitaillement. Note à moi-même; toujours inscrire sur le dossard le nombre de kilomètres restants sur le parcours pour chaque point de ravitaillement. Je suis certainement la seule qui a fait un 195km en 13 heures cette journée là!!

J’ai eu l’impression, à plusieurs moments sur le parcours, qu’il était plus boueux que l’an passé. J’ai trouvé des sections que je n’avais jamais remarquées. Des ponts de fortune qui me feront hésiter, glisser, traverser. Après chacune des étapes qui me sort de ma zone de confort, je me répète que: « Ce qui ne nous tue pas, nous rend plus fort – Johnny Hallyday ». Et je continue avec le sourire.

Pendant le parcours, j’ai encore constaté que le temps semble s’arrêter. Il y a le départ, mais ensuite les pensées s’arrêtent et se concentrent sur le moment présent. J’ai été seule presque tout le parcours (peut-être dû au départ par vagues) et je n’ai que très peu socialisé. Il y a eu quelques brefs moments de discussions ou d’encouragements envers les autres, mais sinon, que dans ma tête. 

Crédit photo: Richard McDonald

Cette distance associée à ma vitesse, m’assure de faire mon premier passage à la noirceur. Je le sais et je l’appréhende un peu. Je l’ai testé une fois lorsque j’ai su que le Pacer ne serait pas permis pour cette année. Je la crains. Cela se passera pour moi sur la montagne noire, après le Split BMR. Dans la montée, je prends la peine de sortir un chandail à manche longue ainsi que la frontale. Lorsque la lumière diminue, je suis prête. Je dois changer la casquette pour la tuque afin de ne pas briser le faisceau de lumière. Je m’étais dit que je ne ferai jamais de course de cette distance qui m’obligerai à courir de nuit. Et bien; j’ai ADORÉ!! J’ai croisé un serpent (non non… même pas une couleuvre, seulement un bout de bois), deux poules (bon ok, peut-être plus des perdrix) et un gros porc-épic. Mais l’impression et les sensations de courir de nuit m’ont tellement plu!


Avant cet événement, j’avais dit que l’an prochain je ne participerais pas à un événement (à part le 54 de Gaspesia100 puisque je suis déjà inscrite). Après cet événement, je dois dire que je ne peux pas. Mon cerveau aime trop ça. Ce qui me fait peur maintenant, c’est que j’avais dit jamais pour le 125… 
Image de titre: crédit photo IanRoberge