En fin de semaine avait lieu ma première expérience comme fermeur de parcours lors du Québec Méga Trail qui a eu lieu au Mont Ste-Anne. Mon mari, s’étant inscrit au 80 km il y a plusieurs mois et n’ayant aucunement l’intention de participer cette année, je pensais plutôt profiter de l’occasion d’être dans cette belle région pour faire de la rando. Puis, j’ai vu l’opportunité d’y être bénévole, comme fermeur de parcours. Alors, voilà qui semblait une excellente idée!
Vendredi pm
Je me sens bien nerveuse pour cette première. Ne sachant pas trop à quoi m’attendre, je me demande si je dois être en mesure de suivre les participants en tout temps et à une courte distance, si j’y arriverai. Et si jamais les participants sont en feu et que je n’y arrive pas ? Ma plus longue sortie de trail est longue de 36 km, mais vieille de deux ans, et honnêtement, je n’en garde pas un souvenir mémorable.
Les orages éclatent en soirée et la pluie se poursuit dans la nuit, atterrissant bruyamment sur le toit de mon véhicule qui fait office de chambre pour la nuit 3 h 30, mon mari sort afin de prendre son autobus qui le mènera à son départ qui aura lieu 1 h 30 plus tard. 80 km et beaucoup d’heures s’écouleront avant que je ne le revois.
Samedi
6 h 30
Mon autobus m’amène à St-Tite des Caps ainsi que 300 autres coureurs qui eux affronteront la totalité des 50 km, si tout va bien! Moi qui n’avais pas le courage d’affronter le 25 km en compétition, je me réjouis de faire les 23 km derrière ces coureurs en mode plutôt relax, du moins, je l’espère. Je ferai bien 25 km officiels lors d’un événement en octobre, mais d’ici là, j’ai des croûtes à manger, des kilomètres à avaler et du dénivelé à me taper. La brume de l’extérieur se confond à la buée des fenêtres de l’autobus. Espérons que la visibilité sera bonne sur les sentiers. Au moins, pour le moment, la pluie n’est pas de la partie. Elle pourra se joindre à nous plus tard, je n’y vois pas d’inconvénient, la préférant de loin à la chaleur et au soleil cuisant. Et de toutes façons, les sentiers ont déjà subi les foudres de Dame Nature.
Ah yeah on arrive! Oh merde, on arrive! Bref, trop tard pour faire demi-tour. Je suis jumelée à une autre coureuse, ultra-marathonienne, rapide et expérimentée. Dois-je me sentir plus stressée ou rassurée? La brume s’est dissipée et la température est à peine fraîche, parfaite quoi. Le temps à tuer entre notre arrivée sur le site et l’heure du départ permet à mon anxiété de passer à fébrilité.
7 h 30
C’est l’heure! Nous partons, Isabelle et moi derrière les nombreux athlètes avaleurs de kilomètres. Les premiers kilomètres s’effectuent sur une route, puis dans un single track en bordure d’une autre, avant de bifurquer dans le bois. Le paysage me charme déjà. Nous gardons une distance entre les derniers coureurs et nous, question de ne pas leur mettre de pression inutilement et de leur laisser leur espace. Je marche donc les montées, ce qui me convient parfaitement.
Les neuf premiers kilomètres sont roulants et défilent rapidement. Puis, la partie la plus technique arrive. En gros, beaucoup de boue, piétée et étalée par des centaines de coureurs, et des roches, des moyennes aux grosses, parfois stables, tantôt chancelantes ou glissantes. Entre le 13e et le 14e kilomètre, le ravito nous attend et il est plus que le bienvenu. J’ai soif, mes deux bouteilles sont à sec depuis quelques kilomètres déjà, et j’ai faim! Quelle joie que de faire le plein d’eau et de grignoter un peu! Et nous voilà reparties!
Croyant à tord avoir laissé le Mestachibo et la technicité derrière, je constate rapidement m’être fourvoyée. Nous avons longé la rivière un moment, avons traversé trois passerelles suspendues et enjambé de multiples arbres durant ces 23 kilomètres dont j’ai eu le bonheur de fermer. Définitivement un magnifique parcours parmi nos sublimes paysages québécois.
À moins de 3 km de notre 2e ravito (qui sera mon dernier), Isabelle poursuit et me laisse escorter la dernière coureuse qui malheureusement ne pourra poursuivre. Je lui laisse son espace, mais constate que j’y suis la bienvenue. La dame déçue est en paix, avec la finalité de sa course. Je suis contente de l’entendre. C’était sa 2e tentative, la 3e sera la bonne, j’en suis certaine.
Dès que je l’ai eu raccompagnée au ravito à la base de la montagne et après avoir mangé mon végéburger, j’ai filé sous la douche. Une glissade dans la boue plus tôt a, disons, laissé ses traces. Je planifiais profiter de l’offre de massage offert gracieusement pour assouplir mes mollets, mais la douche s’imposait d’abord. Après avoir passé un peu de temps à l’extérieur, je décide d’aller somnoler dans mon véhicule en attendant le retour de mon mari qui se fera dans plusieurs heures. Avec les fenêtres légèrement baissées, le clapotis des gouttes de pluie sur la tôle se mêle aux applaudissements des spectateurs près de la ligne d’arrivée. Je crois que cette 1ere expérience de fermeur de parcours ne sera définitivement pas la dernière.