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La saison des départs

Trail du Parc National du Bic 2019 – 40 km, 4 h 35 m 40

Il fait à peine clair et j’ai les dents serrées. Ça me donne un peu mal à la mâchoire. Mes dents de sagesse sont connes.

Choisissons nos combats.

Ce matin, c’est 40 km qui s’étendent devant mes lacets. Et j’ai vraiment pas envie de m’éterniser ici. Pas parce que j’aime pas ça, mais je trouve qu’il fait froid et il y a quelque chose en dedans qui me dit que c’est fini pour cette année.

La sagesse appartient à ceux qui écoutent leur dedans. Dans. Toutes. Les. Situations. Toujours.

Prenons un instant pour en parler. Pourquoi on court?

Pour se sentir vivant.

Voilà, c’est dit.

Récemment, courir ne me fait plus autant d’effet. Je ne dois pas être le seul coureur pris avec ce mal en fin de saison.

Pas que sans la course, les coureurs sont d’illégitimes sacs de viandes vides sans lumière, mais quand même, la course aide à recentrer, à rendre fier et au commun des mortels, à en vouloir plus de la vie.

En quelque sorte, à élever la barre des bonheurs possibles. Être prêt à l’accepter, que ce soit au compte goutte ou à la chaudière.

Autrement dit, ça donne soif.

La grande soif.

C’est pas un secret, le temps passe trop vite lorsqu’on est heureux et il est juste trop long quand on a mal. Courir nous dépose entre ces deux eaux et on joue à Moïse qui se prend pour Gandalf en criant « Vous ne passerez pas! »

La plupart du temps ça réconforte.

Et on garde ça en souvenir.

Mais moins depuis un bout de temps.

C’était la saison des départs. Ça aussi ça a une fin. C’est parfait comme ça. Faut laisser aller, sans ça, on serait condamné à revivre les mêmes rêves, les mêmes tourments. Jusqu’à tant que toute goûte pu rien.

J’ai fait la course du Bic 2019.

J’ai bu de la bière après.

Je prends une pause.