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Démissioner pour découvrir l’ouest américain

Je me tiens debout, à quelques pas du cadre de porte du bureau du contremaître. Il parle encore avec un des mécaniciens, mais ce sera bientôt mon tour. J’ai les mains légèrement moites, la patate qui pompe un petit peu, je me balance d’un pied à l’autre, comme si ça allait m’aider. Je vais vous l’avouer, j’étais très nerveux à l’idée de lui annoncer mon départ. C’est difficile de faire ce genre de choses, surtout que je dois lui annoncer que je quitte mon emploi un bon mois d’avance. Comment va-t-il réagir? Va-t-il comprendre les raisons qui motivent ma démission soudaine?

Pour la petite histoire, cet été, j’ai travaillé à l’Aéroport Régional de Val-d’Or. Depuis que je suis arrivé, j’aide les employés permanents à réparer les craques de la piste d’atterrissage. Ce n’est pas trop complexe, ni trop épuisant, mais sur la piste, la chaleur est tapante. Au moins, le temps passe vite et la tâche est simple : il suffit de marcher le long des craques avec un chariot d’où coule du goudron.

Ça y est, le mécanicien vient tout juste de sortir du bureau, c’est mon tour…

Toute cette histoire a commencé quand j’étais beaucoup plus jeune. Je devais avoir douze ans quand mes parents ont décidé qu’on allait partir en voiture pendant un mois complet en Alberta. Au retour, il était déjà trop tard pour me sauver. Je disais déjà qu’un jour, moi aussi j’allais partir en roadtrip. Mon père me répondait tout bonnement :« The sky is the limit. » Il ne se doutait pas à quel point cette phrase allait me marquer. À l’époque, je ne savais pas ni quand ni où j’allais partir. Jusqu’à il y a deux ans.

Je travaillais dans une fonderie et j’avais une série de quarts de nuits à venir. Pour ceux qui connaissent, je devais donc me coucher très tard la veille pour pouvoir rester debout toute la nuit lors de mon premier quart. M’étant lassé d’écouter la télévision, j’ai décidé de chercher des nouveaux endroits à découvrir, à la course, et je suis tombé sur un article présentant les dix plus beaux endroits aux États-Unis, pour la course en sentiers. Quinze minute plus tard, les dix sentiers étaient reliés entre eux sur un simulateur de roadtrip et le projet était lancé. Ça allait être mon voyage à moi!

Durant les deux années qui ont suivi, j’ai trié les destinations et retiré celles qui rallongeaient trop la route ou qui me plaisaient moins, tout en ajoutant quelques endroits près de mon itinéraire. Pour être prêt au jour J, j’ai  commencé immédiatement à placer des sous lors de mes étés de travail, tout en limitant mes dépenses durant mes sessions d’école. Plus récemment, j’ai commencé à préparer mon équipement, ma nourriture et ma voiture. Ça m’a pris deux semaines à jongler entre la famille, les amis, la job et les préparatifs pour en venir à bout, mais aujourd’hui c’est fait, je suis enfin prêt à partir!

Au moment d’écrire ces lignes, je suis au fin fond du Minnesota, stationné dans un arrêt routier le long du lac Supérieur. Je m’apprête à aller me coucher après une très longue journée de route. Dehors, les étoiles brillent de mille feux, le lac est pratiquement miroir et reflète toute la beauté de l’instant. Au final, mon contremaître a très bien compris ma décision; il semblait même intéressé par mes projets et comprendre la raison de mon départ.

La directrice de l’aéroport m’a même dit qu’il était important d’avoir des passions, et qu’elle trouvait la mienne inspirante. Tout ça m’a fait chaud au cœur. Il n’y a pas si longtemps de cela, j’étais l’adolescent qui commençait à courir et qui regardait les coureurs en sentiers comme si c’était des surhumains. Maintenant, il paraît que ma passion permet d’inspirer d’autre gens, et à mes yeux, ça, c’est quelque chose de tout simplement grandiose.

En écrivant ici, j’ai la chance d’être lu par beaucoup de monde, et donc de partager des réflexions que je peux avoir. Si je devais retirer une chose de ce départ pour l’inconnu, je crois que ma réflexion serait la suivante : aucun projet n’est trop grand ni trop fou. Il suffit de prendre le temps qu’il faut et de trouver quelque chose qui vous ressemble et qui vous fait vibrer. Et vous, quel serait votre projet de rêve?

Suggestion de lecture : Grand Trail

Pour cette première suggestion de lecture, je vous propose ma bible du trail à moi. Plusieurs parleraient de livres mythiques comme born to run ou d’une autobiographie d’un grand coureur, mais à mes yeux, le livre Grand Trail de Frédéric et d’Alexis Berg n’a pas d’égal. C’est un livre qui fait rêver, tant par ses photos grandioses que par son contenu littéraire. De plus, il permet aux initiés d’en apprendre plus sur ce qu’est la course en sentiers dans sa globalité. On y présente certaines des plus belles courses au monde ainsi que celles qui font le plus de vague dans le monde de la course en sentiers. On y parle aussi de sujets divers tels que l’histoire du trail, la course la nuit ou encore la nutrition. De plus, certains athlètes emblématiques de notre sport sont présentés. Pour toutes ces raisons, je crois que ce livre est un incontournable pour apprendre les rudiments de la course en sentiers et pour se permettre de rêver un petit peu!