Je cours et jai soif.
Le bruit assourdissant de mes pieds me résonne dans la tête depuis trop longtemps. Je n’entends que ça. Je serre les dents. Ça me bouche les oreilles.
Ingénieux.
Jusqu’au bout maintenant.
Je ne me souviens de rien, mais je le vis. Ça passe si vite et je ne peux trouver les bons mots pour le décrire. Je ne vois que des racines, des roches et d’immenses foulées qui écrasent tout. Moi en premier.
Je bave.
Je cours et j’ai soif.
J’en profite. Parce que c’est le présent et il n’y a pas d’autres options possibles. Je ne ferme pas les yeux, je ne laisse rien passer et j’oublie à mesure. Même si je refais cette course un jour, ce ne sera plus la même. Ce moment restera figé dans le grand vide et j’en vivrai d’autres, d’une importance différente.
Aussi grande, juste différente.
Celle-là restera le souvenir des bruits de pas et d’une respiration qui prend le champs sous un ciel gris qui ne dit plus grand chose. Ça lui va bien, c’est pas à moi de choisir. Je l’observe et ne contrôle rien.
À travers tout ça, je cours.
Je cours depuis longtemps maintenant.
Je manque de sucre, je suis tout croche et je ne fais plus aucun sens. S’il faut que je paye jusqu’à l’arrivée, je payerai contant avec comme seul moyen, le moyen du bord.
La technique s’évade. Non. Elle s’évache. Mais pas moi. Moi, je suis occupé. Occupé à faire n’importe quoi. Tant que ça avance. Vite si possible.
Je m’empressasse!
Je passe la ligne,
Je comprends pu rien.
J’ai les jambes qui shakent, je suis cerné comme un bâtard et les merveilleux bénévoles à l’arrivée me donnent du Pepsi.
Bête de même.
Les héros ne portent pas tous des capes.
Moi et bien…
Je m’assoies et je bois.
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42 km, 4 h 35, 17e overall.
Je ne fais pas partie de l’élite, mais j’ai l’ambition de toujours faire de mon mieux. Ce coup-ci, je crois bien y être allé au plus grand de ma force.
Je suis pas mal fier.
Ça fait mal un peu,
Mais ça fait du bien en dedans.
Harricana