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Alps2Ocean Ultra

Courses, paysages féeriques, hélicoptère, jet boat, descente en rappel, entraide, introspection, le Alps2Ocean m’a fait vivre toute une expérience!

Là où le soleil est au nord, où on conduit à l’envers, où on peut contempler les sommets enneigés, les eaux cristallines et la lune toute la journée tout en dégustant les mangues, kiwis et avocats qui y poussent: la Nouvelle-Zélande.

Projet familial qui a commencé à germer dans mon esprit en 2012. En parallèle, ma passion pour la course a grandi…Au moment où le projet de séjour à l’étranger s’est raffiné, je me devais d’y inclure une course, un défi d’envergure. Conciliation familiale, j’ai reçu la consigne de n’en choisir qu’une. J’avais déjà un intérêt pour les courses à étapes depuis le TransVallée en 2016, ce concept de courir plusieurs jours consécutifs m’enchantait.

Quelques recherches sur le web et je tombais sur le Alps2Ocean, une course de 330 kilomètres en 7 jours qui traverse l’île du sud de la Nouvelle-Zélande. En visionnant le vidéo promotionnel et en parcourant le site, je savais que c’était MON défi. J’en avais les larmes aux yeux et les papillons dans l’estomac. De plus, l’option « supported »* me confortait pour une première expérience de cette envergure. Pour bien m’y préparer, le Bad Beaver Ultra, un 150 kilomètres sur trois jours dans le parc de la Gatineau, m’a offert un excellent avant-goût.

Départ du Québec en octobre 2018, la course ayant lieu à la fin février. Un aussi long délai présente plusieurs défis. Tout d’abord l’équipement et la nourriture; je me devais de tout apporter pour m’assurer que ça me convienne. J’ai tout de même eu l’opportunité d’essayer des produits locaux que j’ai adoptés. J’ai malheureusement perdu un peu de nourriture avec la canicule australienne.

Ensuite, l’entraînement en vacances sur des terrains inconnus; de très belles découvertes mais aussi de moins bonnes comme ce serpent qui m’a mordue en Australie, à quelques jours de Noël. C’est sans parler du coût, en temps, qu’un tel événement exige. En temps normal, je profite de mon horaire de travail flexible et le fait que ma fille aille à l’école. Heureusement que ma famille m’a soutenue et permis d’arriver au départ bien préparée; je leur en suis très reconnaissante.

Chronologie d’avant-course 

  • Mercredi 24 octobre: départ de Montréal
  • Deux semaines à Hawaï
  • Vendredi 9 novembre: arrivée en Australie
  • Mercredi 9 janvier: arrivée sur l’île du nord de la Nouvelle-Zélande
  • Vendredi 15 février: arrivée sur l’île du sud de la Nouvelle-Zélande

Pour en venir au Alps2Ocean plus précisément

Jeudi 21 février

J’arrive  à Oamaru pour l’enregistrement; on me remet mes dossards, un sac de divers produits et la convocation pour le « gear check » où tout mon matériel sera minutieusement examiné. Retour au camping. Je précise ici qu’environ 90% de notre hébergement a été notre tente et que l’île du sud est particulièrement froide la nuit. J’ai eu à m’acclimater après les canicules australiennes et à m’équiper davantage pour ces conditions; ce qui m’aura finalement avantagée au cours de l’événement.


Vendredi 22 février

Le « gear check », on me pèse une première fois et on vérifie systématiquement tout le contenu de mon sac; tout doit porter mon numéro de dossard. On s’assure que j’ai tout, des 15 400 calories au sac d’hydratation, en passant par les vêtements et l’essentiel de pharmacie. Mon sac pèse 16,4 kilogrammes :  je dois retirer 400 grammes en vitesse. Mon manteau ne rencontre pas les exigences de l’organisation;  je bouillonne intérieurement. Je l’ai depuis longtemps, j’ai si souvent couru avec dans de nombreuses conditions météo…

À la presse, je trouve un « sealed jacket »; heureusement que la taille enfant me convient. Je décante avec une dernière petite course dans les jardins de la ville en compagnie de ma fille Joanie. Je découvrirai plus tard que ce parc constitue une partie de la fin du parcours du Alps2Ocean.

En après-midi, je me rends à la rencontre obligatoire, en plus des discours habituels. Je suis heureuse d’apprendre que les « cutoffs » sont élastiques, si le physique est bon, tout coureur peut poursuivre. De plus, en cas d’abandon, l’organisation offre de multiples alternatives : transport à Oamaru avec aide pour l’hébergement, suivre le camp et accompagner les participants; le tout en ayant la possibilité de réintégrer la course. Un souper convivial, après une balade en train avec les autres coureurs, complète la journée.

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Samedi 23 février 

Je prends place à bord d’une luxueuse navette qui me mène au premier camp. Le trajet prend près de 5 heures. Heureusement, de multiples arrêts sont prévus pour se dégourdir les jambes, contempler de majestueux paysages et même faire une courte randonnée. Un dernier arrêt à l’aéroport du mont Cook où les coureurs sont pesés pour une deuxième fois (j’ai déjà perdu 1 kg) et un repas nous est offert. On arrive à la base du mont Cook où l’on découvre les installations qui seront les nôtres pour la semaine à venir.

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Dimanche 24 février 

La nuit a été glaciale. À 5 h, on entend crier que le départ est retardé d’au moins 2 heures; on peut rester coucher. Je reste bien au chaud dans mon sac de couchage dans la noirceur totale à écouter les rafales de vent et la forte pluie. Je bénis mes mitaines et bas en mérinos achetés à la dernière minute.

À 7 h, réveil officiel sous la musique qui fera office de tous nos réveils de la semaine. On nous annonce que la première étape (6-7 kilomètres) est annulée et le départ de la deuxième, puisque le parcours a été inondé, qu’il a neigé et que nous aurions plus de 1,5 mètre d’eau à traverser; trop risqué pour l’hypothermie en plus des forts courants.

Un système de navettes est mis en place pour nous rendre à l’aéroport où un hélicoptère nous mène à la ligne de départ. J’ai le privilège d’être assise à l’avant, juste à côté du pilote, puisque je suis la plus légère de mon groupe. J’apprécie finalement le « sealed jacket » acheté à la dernière minute bien que la pluie soit intermittente et cesse au moment où je sors de l’hélicoptère. J’ai bien apprécié que les départs se fassent au fur et à mesure, pas besoin d’attendre la centaine de coureurs avant de s’élancer.

Cette première journée aura tout de même été la plus éprouvante, côté météo, avec des épisodes de grêle assez intenses et les nombreuses averses. L’absence de soleil aura été largement compensée par la splendeur du lac Pukaki. Plus d’une trentaine de clôtures à sauter ou ouvrir/fermer est également mémorable sur cette première journée; un beau clin d’œil à l’entraînement hivernal des commuters de la Rive-Sud avec le pont Jacques-Cartier.

Je complète ces premiers 43 kilomètres avec les mains excessivement enflées; mes bâtons ne me quitteront plus pour le reste de l’événement.

Mes mains doivent rester actives.

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Lundi 25 février 

Réveil à 6 h, 51 kilomètres au programme. Je suis très émotive et me sens fatiguée. Je fixe intensément la lune, bien haute dans le ciel en plein milieu de journée, pour m’encourager. Je jette un coup d’œil à ma montre; mon rythme cardiaque est autour de 40-45 battements par minute, ce qui ne m’est jamais arrivé en entraînement. J’essaie de le prendre à la carotide, je suis incapable de le détecter. Je me raisonne, une de mes principales motivations est de donner l’exemple à ma fille, avoir une vie équilibrée, ponctuée d’un peu de folies et animée par la passion. Courir blessée va totalement à l’encontre de cette ligne de pensée. J’opte donc pour un rythme plus conservateur en étant à l’affût de tout autre signe problématique, un « check point » à la fois.

De toute façon, je n’en suis qu’au jour 2 et 88 kilomètres m’attendent le lendemain; une distance encore inconnue pour moi. Je termine cette deuxième étape en réalisant que mes menstruations qui s’étaient complètement interrompues ont reprises de plus belle. L’équipe médicale me donne le feu vert pour continuer.


Mardi 26 février 

5 h, réveil musical; je suis du départ de la vague de 7 h, le top 30 amorce à 9 h. Je déborde d’énergie, le parcours est composé de sections très roulantes et se termine par d’importantes montées/descentes plus techniques. Je souhaite ardemment arriver avant le coucher de soleil prévu vers 21  h15.

Bien que j’adore courir sous les étoiles, Michael, un directeur de course exceptionnel, m’a donné l’autorisation de câliner ma fille à l’arrivée, tant que ce soit à la clarté du jour. Toute une motivation qui m’a donné des ailes tout au long de la journée. Il faut dire que le parcours a été balisé de façon impeccable, le travail des bénévoles a été colossal et impressionnant. Peut-être un peu de chance dans tout ça. Ne dit-on pas que de marcher dans la merde porte bonheur? J’ai dû passer à travers de nombreux champs de vaches et de moutons… J’y ai eu droit à mon câlin.

À la fin de cette étape, j’ai réalisé que mes limites avaient été repoussées; 88 km 67 kilomètres en 14 h 12. Ma plus longue distance avait été le BU80 en 2017. De plus, je bénéficie de deux nuits complètes avant la prochaine étape : bonheur. Trop fatiguée pour manger bien que j’aie été incapable de manger depuis le 50e kilomètre, mon estomac n’acceptant que l’eau chaude, je me faufile dans mon sac de couchage vers 22 h; je m’endors aussitôt.

Mon corps, en particulier mes quadriceps, me réveillent à 1 h, mes cuisses sont en feu et j’ai enfin, faim. Moi qui évite tout médicament, j’accepte un comprimé de codéine/paracétamol (l’équivalent de l’acétaminophène) accompagné d’un repas déshydraté en félicitant les coureurs qui continuent de rentrer. Retour à ma tente pour une excellente nuit de sommeil malgré la musique, c’est la seule nuit où mes bouchons d’oreilles auront été utiles.


Mercredi 27 février 

Lors de ma journée de repos, j’en profite pour me laver les cheveux à la rivière et faire sécher mes vêtements. Je garde mes jambes actives en marchant dans le camp dans lequel je dois rester. Au lit tôt pour être en pleine forme pour les 120 derniers kilomètres!

Jeudi 28 février 

La cinquième étape, la plus technique, celle qui comporte le plus de dénivelé : ma préférée. Je n’ai pas vu la journée passer, je vole littéralement dans les descentes; cette étape est celle se rapprochant le plus de mon entraînement habituel. Au fil d’arrivée, un tour de jet boat nous attend. Le seul hic, après plus de six heures à courir, c’est assez frisquet ce tour de bateau.


Vendredi 1er mars

Contrairement aux deux étapes précédentes qui se sont si bien déroulées, la 6e étape a été catastrophique. Peu de difficultés techniques, un parcours plat, majoritairement sur piste cyclable; ce pour quoi je me suis nullement préparée… Heureusement que je garde le moral dès que j’aperçois les succulentes mûres sur mon chemin; comme c’est bon de la vraie nourriture!

À mi-parcours, peu après l’impressionnant site d’Elephant rocks, de la descente sur corde pour poursuivre notre route. Je prends panique, mes quadriceps sont tétanisés. Je crains de mal comprendre les consignes de sécurité en anglais kiwi et décide de passer mon tour en optant pour la voie de contournement. À cinq kilomètres de la fin, je bouge la tête afin de relâcher les muscles de mon cou qui se font sentir depuis la première journée. Faux-mouvement, la tête coince et une intense douleur se fait sentir. Par bonheur, l’équipe de physiothérapeutres en place a pu faire des miracles, tant avec mon cou que mes quadriceps. Heureuse que cette journée soit derrière moi


Samedi 2 mars 

L’étape finale, que de plaisir! J’entame les premiers kilomètres à un pace de 5:15-5:30. Wow! les jambes sont pressées de finir cette course. J’arrête à peine au seul check point de l’étape, le temps de faire poinçonner ma carte. Je visualise mon arrivée; traverser les jardins d’Oamaru, là, où j’ai fait mon dernier entraînement avec ma fille, puis l’allée marchande, puis l’arche d’arrivée.

Enfin laisser tomber mes bâtons et soulever ma fille à bout de bras. Tout se déroule tel qu’imaginé avec en prime un ruisseau à traverser à 2-3 reprises après les jardins.


Quelques statistiques et faits cocasses

46 h 28 pour 312,11 kilomètres

Mes premiers 21,1 km des quatre premières étapes en trois heures

L’avant-dernier en 2 h 42

Le dernier en 2 h 30 (premier 5km en moins de 30 minutes)

Classement 

  • 36/98 overall
  • 10/40 femmes « supported »*

Trame musicale 

Au réveil, toujours selon le même ordre

  1. Run to paradise, Choir Boys
  2. Wake me up, Avicii
  3. One foot, Walk the moon

Chanson que j’ai le plus chantée (et parodiée)

« This is gonna be the (best) day of my life » remplacé par (last et worst…)

« Never give up »

Pensée qui m’est revenue le plus souvent : prôner par l’exemple pour ma fille.

Un énorme merci à mes crews, Éric et Joanie, qui ont été présents tout au long de l’événement à encourager tous les coureurs qu’ils ont vus. Malgré le fait que je ne m’arrête que quelques secondes aux différents check points, ils étaient là pour moi. Je leur en suis très reconnaissante. Leur présence m’a été très précieuse et me guide dans le choix de mes événements.

Avis aux intéressés, les inscriptions 2020 débutent le 1er avril.

De mon côté, j’accompagnerai Joanie à son premier #Ottawa10 km à #CourezOttawa2019, comme fier membre de l’#EquipeFormidable! Ensuite, en route vers mon premier 100 miles au Bromont Ultra

Strava 

Étape 1 – annulée

Étape 2 – https://strava.app.link/0PFgLv2NYU

Étape 3 – https://strava.app.link/AviP0r6NYU

Étape 4 – https://strava.app.link/hcV0ceaOYU

Étape 5 – https://strava.app.link/ch4aszdOYU

Étape 6 – https://strava.app.link/aOjHiUfOYU

Étape 7 – https://strava.app.link/9E2WsbjOYU
*, l’organisation transporte une partie du matériel du coureur