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Vive la glace et le sauna, ou comment survivre à la Western States 100

Je sais très pertinemment qu’en ayant été pigé pour pouvoir finalement participer à cette course mythique, je faisais beaucoup de jaloux. Mais je vous explique ici pourquoi c’est tout à fait normal d’être jaloux.

La WS 100 est un ultra trail dans une classe à part. C’est d’abord la première course de 100 miles au monde, courue pour la première fois en 1974 par Gord Ainsleigh, qui malgré lui, a donné naissance à la passion qui nous anime.

Elle est courue sur un parcours qui traverse les Sierra Nevada en Californie, un parcours d’une beauté exquise de par sa grandiosité et ses paysages sauvages,  magnifiques, un parcours, qui jadis était le sentier emprunté par les chercheurs d’or au 19ième siècle.

Le parcours est parsemé de ravitaillements aux noms qui nous rappellent le Far West et les livres de Lucky Luke : Michigan Bluff, Last Chance, Dusty Corners, pour n’en nommer que quelques-uns.  Je dirais aussi que ce qui rend cette course dans une classe à part, est la qualité de l’organisation et l’accueil chaleureux qu’on reçoit. L’esprit trail est très fort et présent ici.  Auburn, la ville d’arrivée, a été officiellement nommée capitale mondiale de l’endurance, rien de moins !!! Il y a beaucoup d’ultra traileurs aux pouces carrés par ici.

http://Marie%20France%20Houle

Une autre particularité: le parcours est au total descendant (6000 m de D+ pour 7500 m de D-) et …  il fait particulièrement chaud (max autour de 40 Celsius). C’est précisément sur ce dernier aspect que pour un petit québécois qui aime bien le ski de fond et l’hiver, ça peut être traître et pénible. Mon plus gros stress, pour cette course, était bien sûr de réussir à survivre à la chaleur du milieu de la journée, dans le fond des canyons, pour pouvoir réussir à courir une fois la nuit venue.

http://Alexis%20Turgeon
http://Alexis%20Turgeon

J’ai donc pas mal lu sur ce sujet et suivis les nombreux conseils donnés par tous les vétérans avec qui j’ai eu la chance de discuter avant la course. Première chose, passer beaucoup de temps dans un sauna dans les semaines précédant la course. Sauna ???? pas plus plate et pénible que ça. S’asseoir à 60 degrés, à s’observer se déshydrater lentement, tout en essayant de ne pas perdre connaissance…  Mais une fois la course venue, j’ai compris que ça avait été une excellente stratégie préparatoire.

L’autre composante qui permet de survivre à la chaleur : saviez vous que les organisateurs distribuent sur le parcours, environ 60 lbs de glace par coureur !!! Oui oui 60 lbs de glace…. Donc à chaque ravito, on a la chance de se ravitailler en glace et s’en mettre dans le cou, les manchettes, sur la tête, etc.  Je ne pense pas que j’aurais pu survivre sans ça.

L’autre conseil clé que j’ai reçu : à chaque fois qu’on traverse un ruisseau ou rivière dans le fond d’un canyon, prendre le temps de s’immerser complètement dans l’eau, afin de ramener la température corporelle plus proche de la normale.

Donc avec tous ces trucs, j’ai pu survivre à la chaleur de la WS 100, et réussir mes deux objectifs : premièrement de terminer la course, et, si tout allait bien, de le faire sous la barre des 24 hrs, pour pouvoir mettre la main sur la très convoitée  ‘silver buckle’.

Tout ça aurait, bien sûr, été pratiquement impossible, sans mon équipe de support du tonnerre. Ma douce moitié MF Houle et mon fils ainé Alexis, qui sont arrivés par surprise quelques heures avant le départ de la course, m’ont fourni le support matériel et psychologique nécessaires dans les endroits critiques.

J’ai aussi eu le privilège d’avoir Pierre Yves Couteau, comme pacer, à partir du 62ième mile. On a eu la chance de faire connaissance pendant les longues heures de course au milieu de la nuit. Il a été d’une aide inestimable en me guidant, supportant, m’encourageant à manger. Et le plus important, on a bien rigolé en plus de tout ça.

http://Marie%20France%20Houle
http://Marie%20France%20Houle

C’est maintenant l’heure de la récup !!! Quelques bonnes bières, des burritos, des lattés, etc. Une autre semaine sur la côte west, mais cette fois-ci, à se la couler douce,  Je vous souhaite sincèrement d’avoir aussi la chance de venir voir cette course, et bien sûr, d’y participer

A bientôt et bonne saison de trail !!!!

Durée Distance Dénivelé
km m
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