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Les Dalton en cavale au Moab 240

Affectueusement surnommés les 4 Dalton par un ami trailer, notre quatuor de l’Outaouais n’aurait pas pu choisir un endroit plus magnifique pour repousser ses limites. Comme ils disent par là-bas, « 200 is the new 100 ». C’est donc pendant l’hiver 2018 qu’a germé l’idée d’aller se trimbaler au pays de Lucky Luke. Une bonne dose d’innocence, le goût du risque et de l’aventure, un soupçon de crampe au cerveau et le tour était joué… nous allions terminer notre saison 2018 à l’ombre des canyons de l’Utah.

Crédit photo Scott et Howie

http://Scott%20Rokis/Howie%20Stern

Tout d’abord, on doit avouer que la vidéo promotionnelle (à voir sur www.moab200.com) est franchement très vendeuse et addictive. On a dû la regarder des centaines de fois chacun. Définitivement un argument de taille pour vendre cette course hors norme. On doit avouer que cette courte vidéo n’est qu’une petite fenêtre sur ce qu’est réellement le territoire qu’on s’apprête à dévaler.

Le Moab 240 est un long parcours qui est assez courable, peu technique comparativement à ce qu’on connaît au Québec (courable à 90%), mais qui renferme d’autres types de défi. La chaleur peut être accablante, le froid cinglant. Comme on l’a déjà lu souvent, ce genre de désert est l’endroit typique ou tu peux avoir une engelure aux pieds (à l’ombre) et un coup de chaleur à la tête (au soleil), en même temps. On confirme : les écarts de température sont grands et très soudains. D’où l’importance de très bien planifier son matériel et d’être prêt pour toutes les intempéries.

L’autre aspect à gérer, qu’on ne retrouve généralement pas sur de plus courtes distances, est la gestion du sommeil. À part Courtney Dauwalter qui a dormi une minute, sur 58 hrs de course (et ainsi remporter la course au classement général l’an dernier), on ne connaît personne qui peut s’en tirer sans quelques heures de sommeil.

C’est donc sous un ciel couvert que nous avons tous pris le départ de la course à 7 h. le vendredi 12 octobre dernier. Ciel qui s’est rapidement dégagé et qui l’est resté pendant les 112 heures, maximum, que dure cette épreuve. Le soleil étant écorchant par moments, c’est surtout le froid qui a mis notre système d’adaptation à l’épreuve. Les nuits étant particulièrement froides; on a même passé quelques heures à courir dans la neige à plus de 3000 m d’altitude.

Un automne hâtif là-bas a fait en sorte que la neige est arrivée plus tôt (surtout au delà de 2500 m). L’autre adaptation obligatoire est le « mindset.» Nos expériences personnelles se résumant principalement à des épreuves de maximum 30-35 hrs, il faut changer la perception de notre progrès sur le parcours. Après le premiers 100 km, il en reste tout de même plus de 280 autres…. et 2-3 nuitées au froid à traverser….. Mettons que la dureté du mental en prend pour son rhume. Et en deçà de -10 C, le mental a tendance à rester dur.

Donc après avoir traversé le magnifique parc national Canyonlands, nous affrontons la première chaine de montagne à traverser (Shay Mountain). Au sommet, on aperçoit au loin le plus gros défi de la course : la traversée des La Sal Mountains.

De gros sommets enneigés à plus de 3000 m qui semblent si loin… on n’a à peine fait la moitié de la boucle et pourtant déjà plus de 120 milles, c’est ce qu’on appelle changer de paradigme. Et ces sommets qu’on doit rejoindre en traversant un désert. Heureusement que c’est la nuit pour la plupart d’entre nous, on peut donc foncer dans le noir en espérant voir le jour se lever sur ce magnifique massif de montagnes qui nous attend avec la plupart du D+ du Moab240.

Pour les amateurs de dénivelé, les montagnes de La Sal ne déçoivent pas. Dû à des chutes de neiges abondantes dans les jours précédents la course, le parcours a été modifié pour nous faire éviter le sommet (3500 m environ). Ce faisant, après avoir grimpé à plus de 3000 m, on doit presque redescendre tout le massif, pour ensuite le remonter et se balader dans la neige pour quelques heures… avec déjà 290 km dans les pattes. La proposition est de taille mais a-t-on vraiment le choix ???? Ce qui ne tue pas nous rend plus fort qu’ils disent…

On deviendra sûrement éternel !!!!

Comme pour nous récompenser, les derniers 65 km sont plutôt descendants avec comme touche finale la traversée du fameux Porcupine Rim, sentier de vélo de montagne mondialement connu pour la beauté des paysages. Le tout se terminant avec une descente dans le canyon du Colorado et les quelques derniers km le long du Colorado.

Difficile de décrire la gamme d’émotions qui nous traverse au même moment où on traverse la ligne d’arrivée. Ça prendra quelques jours afin de récupérer de cette aventure, et encore plus pour réaliser pleinement ce qu’on a vécu.

On aimerait féliciter tous les autres qui étaient sur la ligne de départ. Une telle course nous permet de partager des moments forts avec d’autres personnes qu’on connaît peu mais qui deviennent rapidement des amis. La culture du trail étant telle qu’on devient tous soudainement presque frères et sœurs.

Nous étions une particulièrement grosse délégation du Québec (7 sur 144 coureurs, en provenance de plus de 20 pays). Mission accomplie aussi pour Daniel Legresley (57ième en 100 hrs 4 min)  et Charles Etienne Carrier (62ième en 101 hrs 43 min.) Et que dire d’Emmanuelle Dudon qui a été contrainte à l’abandon, tôt dans la course, à cause d’un épisode aigüe de pierre au rein ; quelques heures après, se sentant beaucoup mieux, elle a décidé d’aller courir les derniers 200 km en accompagnant son ami Daniel. Quel courage!

Une course qu’on vous recommande définitivement. Une organisation impeccable à tous les points de vues. Un taux de finisher de 80% avec une belle gang de 144 crinqués sur la ligne de départ. Quoi demander de plus?

Au plaisir de vous croiser sur les trails très bientôt.

Joe (Richard McDonald, 82ième en 105 hrs 38 min)

Jack (Richard Turgeon, 12ième en 79 hrs  05 min)

William (Eric Deshaies, 6ième en 75  hrs 21min)

Averell (Benoit Letourneau, 8ième en 77  hrs 18min)

** Un gros merci aux photographes Scott Rokis et Howie Stern qui ont réussi à bien saisir les émotions des coureurs du Moab 240

Durée Distance Dénivelé
km m
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