Il y a quelque chose de très insécurisant, mais aussi de profondément grisant, dans le fait de se lancer tête première dans la gueule du loup, de plonger les yeux fermés dans un gouffre abyssal, sans la moindre idée où ça mènera au final.
Et pourtant, c’est un peu cette sensation de chute libre qui est le moteur et le carburant derrière mes aspirations de coureuse. J’en parle et le ventre me papillonne.
Je reconnais l’ampleur du défi qui approche. Ça sera certainement une grosse journée, parcourir 80 km à la course. Quoi que « grosse » est peut-être une litote dans ce contexte. Gargantuesque ? Colossale ? Voilà: ce sera une journée titanesque!
Malgré l’excitation de l’aventure, je me surprends parfois à douter. Les yeux rivés sur la carte d’un parcours analysé à de (trop) nombreuses reprises, mes pensées s’égarent et le doute s’immisce, brumeux, reptatoire.
Et si je n’y arrivais pas ? Et si je devais encore m’arrêter avant d’avoir franchi la ligne d’arrivée comme ça avait été le cas en 2017 ?
Là encore, la sensation de chute libre m’envahit.
Non.
Le doute fait place à la fougue, la peur à la détermination. Du revers de la main, je repousse cette possibilité. Aucune chance. Aucune f*cking chance que ça arrive de nouveau sur ce parcours.
L’entraînement a été exhaustif, demandant, calculé. Je n’ai jamais été aussi prête, autant d’attaque. Ça fait deux ans que je prépare cette journée.
On y est presque, déjà. Plus que 9 jours avant de m’aligner sur la ligne de départ du 80 km de la Chute du diable, lampe au front, à contempler l’infinité du sentier qui se dessinera devant moi. C’est l’heure de laisser tous les questionnements, tous les doutes derrière et de profiter de l’expérience à fond.
Trail ON! C’est un rendez-vous avec le diable.