in

Naître… (VIVRE)… mourir

yannick-bernard2

La vie qui défile à une vitesse folle me semble plutôt comme une série de parenthèses plus ou moins importantes qui s’entrecoupent chacune laissant un souvenir plus ou moins réel pour l’avenir.

Cette fois j’ai envie de parler de celle de l’Ultra-Trail Harricana, mon premier 125 km.

Je sais déjà que ce souvenir deviendra flou, de plus en plus nébuleux dans mon esprit. J’aurai de la difficulté à revivre les nuances de ce périple. Ce souvenir s’amenuisera graduellement. La grande souffrance vécue s’estompera doucement pour ne faire place qu’aux flashbacks positifs.

J’aurai oublié mon insomnie la veille de la course, l’intensité de ma nervosité au départ, mes doutes lors des montées interminables quand les muscles de mes quadriceps ne voulaient plus coopérer et que je trouvais si loin le ravito de la Chouette, que j’étais légèrement en retard pour ma famille au ravito des Hautes-Gorges, lorsque je doutais de mon alimentation, que les nausées prenaient le dessus sur ma coordination, que mes jambes étaient si raides en descente et que j’étais si seul par moment au fond de la forêt.

Mais à mon plus grand bonheur, je me souviendrai par contre que j’étais si confortable collé à mes filles la veille de la course, que j’étais bien et en confiance avant le départ, que mon mental était tellement solide que j’ai su poursuivre mon chemin sans douter une seconde de moi, que les cris des mes enfants, ma famille étaient si réconfortant à mi-chemin et qu’ils ont été parfait me redonnant vie pour repartir à l’aventure, que finalement mes patates, Coke et bouillon étaient la recette parfaite pour ma journée en forêt, et que malgré tout j’ai avancé sans trébucher et sans jamais m’arrêter mentalement, que j’ai vu une multitude de personnes que j’aime et que finalement je n’ai jamais été vraiment seul dans ce long et magnifique périple.

Maintenant j’ai la fierté d’avoir poursuivi ma passion au travers des parenthèses de la vie, j’ai réalisé mon défi personnel et j’en suis fier, vraiment. Ça, je ne l’oublierai pas!

Bon il est temps de créer une autre parenthèse dans ma vie, les enfants aimeraient bien que je saute sur le trampoline en jouant au singe avec eux. J’espère me souvenir de leur rire contagieux et du bonheur de les côtoyer chaque jour lorsque je vieillirai… encore un peu plus.