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Chamonix autrement

Il paraît que Chamonix est la capitale internationale du trail. Il paraît… Il est vrai qu’elle a fière allure cette petite ville nichée au creux du Mont Blanc et de toutes ces aiguilles plus connues les unes que les autres. La première fois que je suis venue à Chamonix, c’était en 2016 pour encourager une amie sur le marathon du Mont Blanc. L’année suivante, je revenais courir le 80 km du Mont Blanc, qui n’avait à l’époque que le nom car il faisait presque 95 ! Depuis, les organisateurs l’ont renommé en 90, c’est plus sage. Il faut donc croire que je suis abonnée au dernier week-end de juin, car cette année, j’y suis revenue. Mais cette fois-ci, ce n’était pas pour me fondre dans la foule des trailers venue en découdre. Non, cette année, je venais découvrir Chamonix. Autrement.

Je n’avais pas vraiment prévu d’arriver en pleine fête du trail. C’est arrivé par hasard. Et cela m’a beaucoup amusée d’être complètement à contre-courant. Débarquer, poser mes sacs, enfiler mes baskets un samedi soir et de monter avec un ami au Montenvers, découvrir de jour ce que je n’avais pu voir de nuit, il y a deux ans, observer la mer de glace ou bien ce qu’il en reste, courir sur le sentier en balcon qui mène au plan de l’aiguille au coucher du soleil. Et apercevoir les premiers coureurs de la course nocturne. Comme un clin d’oeil. Avant de redescendre au crépuscule. Les petites choses simples de la vie. La montagne.

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Je venais à Chamonix pour toute autre chose que courir. J’ai passé une semaine à prendre les remontées mécaniques, les bennes comme on dit. Pour accéder rapidement à 2500 m. Et apprendre là haut. Etre initiée. Comprendre toutes les techniques de neige, de glace et de rocher. Escalade, assurage en mouvement, cramponnage, techniques de corde… Alors pour moi maintenant, Chamonix c’est la capitale de l’alpinisme aussi.

Car le trail a cela de magique qu’il m’a ouvert tant d’autres possibilités. Etre en montagne oui. Mais de mille façons.

J’ai beaucoup appris dans cette vallée et de l’autre côté du tunnel, dans le parc du Grand Paradis. Sur moi même. Sur ces nouvelles capacités que j’étais en train d’acquérir doucement. J’ai fait de nouvelles choses. Changé d’horizon. Regardé cette ville autrement. Partagé avec de belles personnes toutes plus différentes les unes que les autres. Mon guide de haute montagne. Ma copine de cordée. Ma copine de chambrée. Et tous les autres.

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Et le dernier jour, avant de repartir, j’ai rechaussé les baskets. Juste elles et moi. Pour un grand tour au-dessus de Chamonix. Planpraz, Lac Cornu, les Aiguilles Rouges… Il restait encore beaucoup de névés là haut. Et je me sentais un peu nue sans mon piolet et mes crampons. Mais quel plaisir de retrouver un peu de légèreté dans l’équipement, d’aller juste un peu plus vite, juste assez pour sentir le vent dans mes cheveux embroussaillés.

J’aurais appris de cette semaine que toutes les pratiques de la montagne peuvent être complémentaires. Qu’on apprend sans cesse l’une de l’autre. Qu’elles nous enrichissent, nous ouvrent les yeux sur nous-mêmes, et sur les autres. Ne restons pas enfermés dans une seule personne. Soyons multiples.

Ce dernier matin, quand je passais à côté de la benne pour cette fois-ci monter à pied, je doublais en courant tous ceux qui s’en allaient cordes et piolets attachés au sac. Et je souriais. Car je réalisais que non, Chamonix n’est pas la capitale du trail. Chamonix, c’est plus que ça, c’est toi, moi, nous, et la montagne.