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Un ultra si tôt dans l’année, ce n’est pas l’idéal

Bear Mountain

Bear Mountain, ça fait un bout que j’en entendais parler et bien c’est en janvier 2018 que Marie-Claude et moi-même avons décidé de nous inscrire au 50 km qui a eu lieu le 5 mai 2018. Un ultra si tôt dans l’année ce n’est pas l’idéal, mais bon faites ce que je dis, pas ce que je fais ! C’était en même temps de petites vacances sans les filles, une façon détournée de prendre du temps pour nous.

Effectivement l’entrainement ne fût pas terrible, avec une moyenne de 25 km par semaine depuis janvier et peut-être 35 km par semaine depuis mars, j’appréhendais un peu la course. Je me suis raccroché à mon expérience d’ultra et je me suis convaincu que tout irait bien. Après tout, c’est seulement 1500 m de dénivelé, beaucoup moins que d’autres courses que j’ai déjà complétées, je devrais donc me débrouiller.

Bear Mountain est situé à environ 30 min au nord de New York, nous avons donc dormi à Central Valley à environ 10 km du départ. Nous avons partagé la route avec Sébastien Moreau qui allait participer à son premier Ultra. Des amis du club de trail de Bromont, Paul et Alain nous ont aussi rejoints sur place.

Je place l’alarme pour 4 h 10, mais à 3 h 30 les yeux sont grands ouverts. J’en profite pour réviser ma préparation de course. 5 h : départ pour prendre la navette qui nous amènera sur le site du départ. Le set-up est parfait pour cette course organisée par The North Face. Sur place on rencontre pleins d’autres québécois, dont Bruno et Sylvain du CTB.

Sylvain, Sébastien, Alain, Marie-Claude, moi-même et Bruno un peu avant le départ.

Lors du premier ultra de Marie, nous avions parcouru la distance ensemble, mais pour cette course Marie-Claude et moi-même avions décidé de faire chacun notre course. 7 h, le départ est donné, nous parcourons tout de même le 1er km ensemble. On annonce 700 inscrits pour le 50 km, (mais je pense que nous sommes plus autour de 450-500) ça fait beaucoup de monde sur la ligne de départ et dans les premiers km c’est difficile de trouver son rythme. Je constate que les américains sont plutôt moyens dans les descentes, mais je ne veux pas partir trop vite donc je reste assez patient.

Les 14 premiers km se passent très bien, peut-être trop, j’ai déjà plus de 25 min d’avance sur les temps que j’avais estimés. J’avais planifié faire la course en 7 h en étant assez conservateur. J’ai donc commencé à penser à 6 h 30, 6 h 15 et peut-être même 6 h. Erreur!

Pour la section suivante mon estimation était juste, mais j’avais comme oublié d’intégrer le temps à chacun des ravitos, même si c’est juste 2 ou 3 minutes à chaque ravito, 7 ravitos dans une course ça change un peu le pace moyen. C’est au 3e ravito (environ au 22e km) qu’une petite voix familière m’a signalée sa présence. Marie-Claude était là, 2 petites minutes dernière moi. Je décide tout de même de repartir devant elle et je lui laisse le temps de manger un peu.

Disons que les km suivants (du 22e au 42e) ont été plus pénibles. J’avais estimé des temps beaucoup trop rapides vs mes performances réelles. J’avais présumé que ces sections comportaient plus de descentes que de montées et je croyais être capable d’accélérer le rythme. Toutefois, j’ai réalisé que mon manque d’entrainement a fait en sorte que le corps ne voulait plus trop, j’avais sous-estimé la technicalité de certaines sections avec beaucoup de roches instables et finalement mon mental « toughness » commençait à être moins tough. Passer à 100 m de son auto au 35e km… c’est dur sur le mental. Il y a eu différentes phases pendant ces km, j’ai pensé à mon divan, à écouter une série, à manger une poutine, à vendre mon dossard pour le 70 km du Québec Méga Trail, à me lancer dans un lac, à prendre une bière etc. Bref, j’oublias de km en km le 6h00, le 6h15 et même le 6h30… je revenais à mon 7h00 et le moral en prenait un coup.

42e km…. Plus que 8 à faire. Je refais le plein au ravito et hop une jolie demoiselle qui vient encore me rejoindre. Je suis très fier d’elle et je l’encourage à passer devant moi, mais elle prend le temps de manger un peu, je repars donc environ 100 m devant elle. La section est très difficile avec la plus grosse montée de la course, mais ti-train va loin, je poursuis ma route. Je me dis alors que si c’est 7h00 ou même plus et bien se sera ça, je suis toujours bien en train de faire 50 km.

Dernier ravito, Marie est juste dernière moi, on discute un peu et je lui dis de passer, qu’elle est plus rapide. Mais nous nous dépassons, elle me distance dans les montées, je la rejoins dans les descentes. Nous décidons donc de courir les derniers km ensemble.

Les bénévoles nous annoncent « 1 mile to go » ! Je dois avoir mal compris les conversions car je croyais que 1 miles c’était 1,6 km pas… 2,5 km  . Mais bon rendu là, on laisse aller les jambes et malgré les crampes qui viennent nous saluer, on poursuit jusqu’au fil d’arrivée ensemble, en même temps, synchronisés, en symbiose… bon peut-être pas en symbiose mais heureux!

50 km en 7 h… pas l’objectif rêvé, mais satisfait dans les circonstances. Je tiens à féliciter mes comparses du Club de trail de Bromont, Elliot Cardin sur le 80 km, Bruno Ducharme pour sa longue run d’entrainement en 6 h 05, Sébastien Moreau, pour son premier ultra en 6h15, Alain Guertin qui termine quelques minutes devant moi, Sylvain Leblanc pour son 2eultra et Paul Aubuchon pour sa plus longue distance en trail 42 km. Finalement ma belle Marie-Claude, qui malgré la petite quantité de km en entraînement, a réussi à faire tout une course en misant sur sa ténacité et la qualité de ses entraînements.