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La classique.

On aura beau dire, le Xtrail Orford 23 km, est la grande classique des courses de trail au Québec.

Notre Tour des Flandres, Rose Bowl, Masters.

Être sur la ligne de départ, avec Enter Sandman, les pulsations qui montent au rythme des riffs pesants, puis Boom! s’élancer sur ce parcours Dr. Jekyll et M. Hyde, c’est toujours grisant.

Des fois ça va bien, rarement très bien, souvent on fait comme on peut. Je vais polir ma propre pomme, l’édition 2018 a très bien été.

Pour une rare fois, j’ai fait ma course en compagnie d’un autre coureur, Phil Poisson, un vieux chum du CTLC dans le temps.

On a bien roulé jusqu’aux Crêtes, sans peser sur le gaz. J’anticipais un carnage dans le sentier : la pluie des derniers temps promettait ça juteux. Au final, c’était moins pire que prévu, mais quand même joyeusement technique.

On a monté au pic de l’Ours dans les temps pour faire une belle traversée, pour des gars de notre niveau, sans se mettre dans le rouge.

Junior Maheu a la meilleure quote. « Pour se rendre au pic, c’est là qu’on sépare les hommes des enfants; après, c’est là qu’on redevient des enfants. »

Après le point le plus haut du SDC, quand tu as des jambes, il y a de belles descentes et sections pour se faire peur.

On a profité de l’avantage du terrain pour prendre de bonnes lignes rapides dans ce cauchemar rocailleux qui cachait ses nombreux pièges sous un bon couvert feuillu. Mais tsé, quand tu connais les roches par leur petit nom, tu es comme dans ton salon.

Quand la fatigue a commencé à entrer vers la fin du sentier des crêtes, mes amis du Club de trail Le Coureur, où je coache et spécialement ceux du groupe C, je me suis parlé … Quand y’en reste pu y’en reste encore, enweille, let’s go, 20 foulées HOP come ON.

Vous avez passé l’été à repousser vos limites, je vous devais bien ça repousser les miennes.

Rendu dans la Grande Coulée, Phil et moi on se tape un high five, on a traversé en 1 h 05, ce qui est vraiment pas mal dans ces conditions. Y reste un ti bout à faire, Manon, la blonde de Phil nous dit qu’on est six et sept  «Bin non, je la crois juste pas, j’en démords pas, t’en as manqué 10  ». Manon si tu lis ça, my bad, tu avais raison, hein ?

Enweille en haut, mon papa qui est au ciel, donc pas très loin, fec y m’encourage. Au ravito du sommet, c’est le blizzard, y neige à plein ciel. Je me prends un verre d’eau et l’enfile d’un coup. Y avait de la slush dans le verre.

J’entame ma descente avec un solide « Freeze spot » dans le front.

Je pense à ma petite chérie, Anne, qui descendra Orford comme une fusée. Elle finira 2e femme overall. Elle est extraordinaire ma petite chérie. Sa façon de voir la vie, ce qu’elle est : c’est ma petite chérie d’amour.

Ok let’s go.

On déboule comme on peut, avec pas trop de brakes, comme diraient les ados.

Au dernier km je commence à coincer; je perds une place et Phil donne un solide coup pour aller chercher un gars. Il fait 6e overall, 8e pour ma part.

Mon ami Bob dirait: « Comme ça fait un boutte que je ne suis plus dans le showroom … » 2 h 22, dans ces conditions. Je vais le prendre.

Durée Distance Dénivelé
km m
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