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Ça ressemble à quoi, courir 42km dans le bois?

C’est un savant mélange de souffrance et de bonheur.

C’est d’abord une ride d’autobus qui te « shake » les os avec une intensité rigoureuse, comme un massage avant la course.

Après, c’est le moment excitant. Le grand départ. La libération des loups. Là, on s’élance dans la forêt de Charlevoix à toute allure.

On enjambe des racines et des ruisseaux tout en gardant l’œil ouvert pour les fusées du 65 km qui arrivent par-derrière, parce qu’on se partage la même fin de parcours (incluant les amis qui te donnent une petite tape dans le dos, merci @Alexandre Séguin!).

Le parcours est une vraie montagne russe, plein de montées et de descentes, ce qui correspond bien à tout ce qui te passe par la tête. Une pensée pour ta cheville qui décide de partir en voyage avec une roche en descendant une côte. Une pensée pour la racine qui a failli te faire prendre une bonne débarque. Une pensée pour l’omniprésence de la forêt, de la mousse, des conifères et de toute la vie qui t’encourage pendant ta course. Une pensée pour ta pauvre dentiste, parce que tu es en train de consommer une quantité alarmante de sucre à chaque ravitaillement.

Ma plus grande distance avant celle-ci, c’était 21 km, en format demi-marathon à Québec en 2018 et une Spartan Beast, de la même distance en 2019. L’Ultra Trail Harricana, c’était donc un territoire inconnu et une occasion de tester ma force mentale. La force qui me permet de mettre un pied en avant de l’autre alors que je sens qu’ils sont en feu dans les montées. La force qui me permet d’ignorer la douleur dans mes genoux à chaque descente. C’était une façon de voir qui j’étais réellement.

Quand tu passes plus de 6 h dans une course, tu ne peux plus te cacher de toi-même. Tu dois te faire face et te demander quel genre de personne tu es vraiment. À 4 km de la fin, je suis arrivé dans une des dernières côtes. J’avais envie de la monter en marchant même si c’est le genre de côte que je grimpe normalement en courant.

J’ai pris un bon moment pour me demander exactement ça, à voix haute : c’est-tu vraiment le genre de personne que je suis? Et je me suis mis à courir. Parce qu’en janvier 2017, j’étais à 230 lbs et que j’avais de la misère à monter les escaliers sans être essoufflé. Là, j’avais 38 km de course derrière moi. J’avais une autre vie derrière moi. Et la vie en avant de moi, c’est une vie où je fonce et où je ne laisse rien m’arrêter.

Ultra Trail Harricana, on se revoit pour le 65 km l’an prochain. #jesuisloup #freeyourwild

Anecdote préférée de ma course : au dernier ravitaillement, une sympathique bénévole qui me regarde marcher vers la boisson d’électrolytes et qui me demande si j’ai besoin de physio… Ça m’a vraiment fait sourire : j’étais en effet à moitié mort.  24 heures se sont écoulées depuis la ligne d’arrivée et je ne pense toujours pas avoir de blessures.

En terminant, un remerciement spécial à tous ceux qui m’ont écrit pour m’encourager pendant ma course. Vous ne pouvez pas savoir à quel point ça m’a fait sourire pendant que je courais!